La fin de l'année 2024 permet de dresser le bilan de douze mois de recherches archéologiques majeures et des importants travaux universitaires conduits dans divers pays. Futura vous propose une sélection de dix articles revenant sur plusieurs découvertes ayant rythmé l'année. 


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    L'année 2024 s'est révélée particulièrement prolifique du côté de la recherche archéologique. Des centaines, voire des milliers, de chantiers à travers le monde ont permis de découvrir des merveilles historiques. Toutes ont un point commun : elles nous éclairent sur les évolutions de la civilisation humaine en permettant d'étayer nos connaissances des différentes époques traversées depuis la préhistoire. Parmi ces travaux pléthoriques, certaines fouilles archéologiques se sont démarquées par leur singularité et leur importance universitaire. Retour sur dix de ces découvertes capitales ayant jalonné 2024.

    1. La plus vieille ville du monde serait en Europe ?

    En juin 2024, la revue allemande Neue Zürcher Zeitung publiait un article portant sur les études d'archéologues concernant un site archéologique détecté en Ukraine durant la Guerre froide. Des analyses approfondies de clichés aériens permettaient de déterminer la présence d'une cité protohistorique non loin de Kiev. Pour certains universitaires, elle pourrait même être l’une des premières villes au monde, conçue comme un véritable tissu urbain, et serait bien antérieure aux cités-États mésopotamiennes.

    Les archéologues ont réalisé des modélisations en 3D pour décomposer les strates du site de Maidanetske, vers 3700 avant J.-C. © CC BY-SA 3.0, René Ohlrau
    Les archéologues ont réalisé des modélisations en 3D pour décomposer les strates du site de Maidanetske, vers 3700 avant J.-C. © CC BY-SA 3.0, René Ohlrau

    2. Ninive ressuscitée

    La capitale néo-assyrienne de Ninive est un véritable joyau archéologique, la plus grande ville du monde en son temps. Les vestiges de Ninive ont subi les affres du temps, et les nombreuses années de guerre en Irak se sont montrées particulièrement dévastatrices. Avec la destruction de l'État islamique dans cette région du Moyen-Orient, les autorités irakiennes ont permis aux chercheurs de revenir arpenter ce site mythique. Un pari gagnant, offrant aux archéologues l'opportunité de recouvrer de nombreux artefacts tout en apprenant plus sur l'élaboration et le fonctionnement de la cité.

    3. Les trésors archéologiques de Notre-Dame de Paris

    Alors que la cathédrale Notre-Dame de Paris a de nouveau ouvert ses portesportes que le 7 décembre 2024, cinq ans après l'incendie ayant ravagé sa charpentecharpente et sa flèche, les archéologues de l'Inrap ont fait état de leurs nombreuses années de fouilles le 17 septembre. Des centaines de sépulturessépultures reposaient sous la surface de l'édifice, dont deux sarcophages de plomb. L'un d'entre eux serait celui du poète Joachim Du Bellay, dont la dépouille semblait avoir disparu après sa mort, au XVIe siècle.

    Deux sarcophages de plomb ont été exhumés à la croisée des transepts de la cathédrale Notre-Dame, promptement étudiés par les archéologues. © Denis Gliksman, Inrap
    Deux sarcophages de plomb ont été exhumés à la croisée des transepts de la cathédrale Notre-Dame, promptement étudiés par les archéologues. © Denis Gliksman, Inrap

    4. Un mécanisme scientifique mystérieux serait un pont civilisationnel !

    En apparence, c'est un astrolabe relativement simple mais qui attire depuis des siècles l'attention des scientifiques. En observant les détails de ce mécanisme fabriqué au XIe siècle dans les territoires ibériques sous domination musulmane, les chercheurs ont repéré des inscriptions en latin et en hébreu. Une occurrence inhabituelle sur ce genre d'objets ; ce dernier aurait circulé à travers l’Europe et ses civilisations, transmis au sein de la communauté savante du pourtour méditerranéen. Une curiosité offrant un nouveau regard sur la diffusion du savoir au Moyen Âge.

    L'astrolabe arabe conservé à Vérone (Italie) porte des gravures en différentes langues. Un curieux objet d'études scruté par une universitaire de Cambridge. © Federica Gigante
    L'astrolabe arabe conservé à Vérone (Italie) porte des gravures en différentes langues. Un curieux objet d'études scruté par une universitaire de Cambridge. © Federica Gigante

    5. De la magie noire dans l’Empire romain ?

    Une autre curiosité aura fait parler d'elle au sein de la communauté archéologique. Au Royaume-Uni, trente-trois dodécaèdres antiques, des objets à douze faces, ont été découverts au cours des dernières années. Nul ne connaît leur utilité réelle, bien qu'un âge de production approximatif ait été déterminé. Ces dodécaèdres auraient été fabriqués et utilisés alors que l’Empire romain accroissait sa présence en Europe. Seules des suppositions émergentémergent pour comprendre l'utilité de ces artefacts, l'une des thèses les plus probables étant celle d'un emploi lors de cérémonies rituelles... Et interdites.

    Le dodécaèdre retrouvé à Norton Disney, exposé au<em> Lincoln Museum</em>, pourrait avoir été utilisé à des fins rituelles, selon les archéologues. © <em>Norton Disney History and Archaeology Group</em>
    Le dodécaèdre retrouvé à Norton Disney, exposé au Lincoln Museum, pourrait avoir été utilisé à des fins rituelles, selon les archéologues. © Norton Disney History and Archaeology Group

    6. L’écocide de l’île de Pâques ne s’est jamais déroulé !

    Que s'est-il passé sur l'île de Rapa Nui au cours du XVIIe siècle pour que sa population connaisse un déclin brutal en quelques années ? La question taraudait les anthropologues depuis plusieurs décennies et une ébauche de réponse commence à émerger. Les vestiges de parterres destinés à l'agricultureagriculture antérieure à l'arrivée des Européens ont récemment été étudiés. En réalité, la population initiale des autochtones aurait été surestimée et involontairement gonflée. Les traces archéologiques ne démontrent pas une augmentation massive du nombre de décès à cette époque, déjouant l'hypothèse d'un « écocide ».

    7. Des papyrus indéchiffrables enfin décodés

    Il y a presque 2000 ans, l'éruption du VésuveVésuve enterrait sous une épaisse couche de cendre les cités de Pompéi et d'Herculaneum. Au cœur de cette dernière, les archéologues retrouvaient au XVIIIe siècle des rouleaux de papyrus en partie calcinés. Passé à la moulinette des analyses actuelles, cet artefact inestimable dévoile enfin ses secrets. Quelques lettres ont été décryptées après des scans aux rayons X et avec l'aide de l'intelligence artificielleintelligence artificielle. Des résultats prometteurs laissant entrevoir la possibilité de déchiffrer intégralement les papyrus d'Herculaneum.

    Le papyrus d'Herculaneum se révèle être un véritable casse-tête qui pourrait être résolu à l'aide de l'intelligence artificielle. © Sara Stabile, Francesca Palermo <em>and al.</em>
    Le papyrus d'Herculaneum se révèle être un véritable casse-tête qui pourrait être résolu à l'aide de l'intelligence artificielle. © Sara Stabile, Francesca Palermo and al.

    8. Néandertal gravait des dessins sur des os il y a 130 000 ans

    Dans une grotte polonaise, des os préhistoriques étaient retrouvés en 1953. Les archéologues publiaient en juin une étude dans le Journal of Archaeological Science, ayant utilisé les outils actuels pour examiner en détail de petites gravures sur les os. Ce serait l'une des formes d'art primitif des plus anciennes observées à ce jour.

    9. Un alphabet archaïque vieux de 4 000 ans découvert en Syrie

    Dans une tombe antique découverte en Syrie en 2004, se cachaient des cylindres d’argile portant des symboles encore inconnus. S'ils ne ressemblent à rien d'étudié jusqu'alors par les archéologues, c'est qu'ils pourraient constituer une sorte d'alphabet archaïque encore méconnu, utilisé dans le Levant vers 2400 avant J.-C., soit plus de 500 ans après l'apparition formelle de l'écriture en Mésopotamie, mais représentatif néanmoins d'une forme d'écriture ancienne qui reste encore à déchiffrer.

    L’un des quatre cylindres retrouvés en Syrie en 2004 mesure 4,7 centimètres, ici présenté par l’université Johns Hopkins. © Université Johns Hopkins
    L’un des quatre cylindres retrouvés en Syrie en 2004 mesure 4,7 centimètres, ici présenté par l’université Johns Hopkins. © Université Johns Hopkins

    10. Sur les traces d’un missionnaire chrétien dans l’Allemagne médiévale païenne 

    Un énorme bloc de calcairecalcaire, découvert dans le nord-est de l'Allemagne et arborant une gravure relativement simple, est devenu le centre d'attention des historienshistoriens au cours de l'année. Cette grande tablette médiévale représente l'évêque Othon de Bamberg, un missionnaire chrétien particulièrement important.

    La tablette de Klotzow, représentant Othon de Balmberg, pèse près de 500 kg. © Christian Moeller, Ministère des Sciences, de la Culture, des Affaires fédérales et européennes de Mecklenburg-Western Pomerania
    La tablette de Klotzow, représentant Othon de Balmberg, pèse près de 500 kg. © Christian Moeller, Ministère des Sciences, de la Culture, des Affaires fédérales et européennes de Mecklenburg-Western Pomerania

    Cet ecclésiastique a grandement participé à la diffusion du christianisme dans l'Europe centrale, notamment en Poméranie, au cours du XIIe siècle. La région est encore largement dominée par les croyances païennes à cette période du Moyen Âge, la tablette représente un rare témoignage d'une époque en pleine mutation.