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© J. Martin Harris (photographie), Paragon Space Development Corporation
La mission a été préparée discrètement chez Paragon Space Development, jusqu'au saut réalisé vendredi 24 octobre 2014. La technique est très différente de celle de l'Autrichien Felix Baumgartner, devenu l’homme le plus rapide du monde le 14 octobre 2012, et du Français Michel Fournier, à deux doigts de réussir l'exploit de son « Grand saut » le 27 mai 2008, et utilisant une capsule pour grimper dans la stratosphèrestratosphère, portée par un ballon en hélium. Ici, le parachutiste était simplement suspendu au-dessus du vide et emporté par le ballon.
Il est vrai que Paragon Space Development est une entreprise spécialisée dans les combinaisons de survie, qui travaille pour la Nasa et qui s'est embarquée avec Dennis Tito dans un projet de voyage privé vers Mars. Le parachutiste courageux est Alan Eustace, 57 ans, vice-président de GoogleGoogle pour l'ingénierie et la recherche, actuellement en congé sabbatique et qui a trouvé ce projet pour occuper ses loisirs. L'homme est aussi ingénieur et a collaboré avec Paragon pour mettre au point une combinaison de survie, la Stratex (pour Stratospheric Explorer), permettant d'explorer la stratosphère comme un plongeur sous-marinsous-marin visite l'océan.
Alan Eustace vient de réussir un exploit en décrochant le record du monde du saut en altitude avec 41 km. © Paragon Space Development Corporation
1.323 km/h : plus vite que le son
Le vol a eu lieu au-dessus des États-Unis, dans l'État du Nouveau-Mexique, près de Roswell (encore célèbre pour cet accidentaccident de soucoupe volante censément survenu dans les années 1940). Sous son ballon de 990 m3, Alan Eustace s'est élevé rapidement, à près de 500 m/mn. D'après la World's Air Sports Federation, cet équipage aurait atteint 135.890 pieds, soit 41.419 m. Le record d'altitude de Felix Baumgartner, qui était de 39.045 m, est donc battu. Seul dans sa combinaison, Alan Eustace était l'homme le plus haut du monde si l'on excepte les astronautes de l'ISSISS.
Armé de caméra Go-Pro, il a passé une demi-heure suspendu dans la stratosphère puis s'est détaché de son ballon, à 9 h 09 en heure locale (18 h 09 en Métropole) et a plongé dans l'air raréfié. Son accélération l'aurait amené jusqu'à 1.323 km/h, soit plus vite que le son à cette altitude. Un bang supersonique aurait été perçu par des témoins au sol, mais lui-même n'a rien entendu.
Il ne semble pas que cette pointe de vitesse ait été homologuée et elle pourrait donc être révisée dans les jours à venir. Mesurer une vitesse dans ces conditions n'est pas si facile et exige de vérifier les données et le calibragecalibrage des instruments. C'est ce qui était arrivé lors du saut de Felix Baumgartner, pour lequel la vitesse officiellement retenue a été de 1.357,4 km/h, initialement annoncée à 1.173 km/h. Quant à Joe Kittinger, un parachutiste militaire américain qui a sauté de la stratosphère en 1960, il a toujours prétendu qu'il avait franchi le mur du sonmur du son mais aucun instrument fiable n'a pu le prouver. Donc, pour l'instant, le record de vitesse de l'Autrichien tient toujours...
Sur sa page Facebook, Felix Baumgartner félicite Alan Eustace. © Felix Baumgartner
Le saut stratosphérique secoue beaucoup
Durant la chute libre de 4 mn 27 s, sa descente a été progressivement ralentie par l'air de plus en plus dense. Les images de la vidéo, qui dure bien moins longtemps, en disent peu sur ce court voyage. Mais les passages tournoyants de l'horizon indiquent que le parachutiste a été sérieusement secoué dans tous les sens. Felix Baumgartner avait vécu les mêmes secousses, qui s'apparentent davantage à un séjour dans une essoreuse qu'à la chute libre contrôlée d'un parachutiste dans les basses couches. Dans des propos rapportés par le New York Times, Alan Eustace explique que c'était « une chevauchée très très sauvage » (« a wild, wild ride ») et qu'il s'est recroquevillé autant que possible.
Une quinzaine de minutes après le largage, sous parachuteparachute, il a - brutalement, vu la rigiditérigidité de la combinaison - touché le sol à plus de 100 km de son point de départpoint de départ. Pilote d'avion et parachutiste, Alan Eustace préparait son projet depuis des années, sans sponsor autre que Paragon Space Development, qui a là une occasion de montrer son savoir-faire en matièrematière de combinaisons spatiales.