Galileo, le futur système européen de localisation par satellites conçu pour concurrencer le GPS américain, sera disponible dès 2014. Les entreprises concernées ont commencé à recevoir les commandes...

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    La Commission européenne (UE) a passé les premiers contrats portant sur 14 satellites du système Galileo qui seront construits par la firme allemande OHB System AGAG. Les marchés relatifs au lancement des satellites et celui aux services de soutien du système Galileo ont été attribués respectivement à ArianespaceArianespace et à Thales Alenia Space Italie. Quant aux marchés d'infrastructure de mission au sol, d'infrastructure de contrôle au sol et d'exploitation, ils seront attribués avant l'été. Cette phase de financement du programme, divisé en six lots, est chiffrée à quelque 3,4 milliards d'euros.

    On sait depuis plusieurs mois qu'Arianespace lancera la totalité des satellites de la constellation mais on ne savait pas avec quels lanceurs. Dans le cadre de ce premier contrat, les 10 premiers satellites seront lancés à partir de la fin 2012 au moyen du SoyouzSoyouz ST depuis le Centre spatial guyanais par grappe de 2. Les 4 derniers pourraient être lancés tous ensemble par une Ariane 5Ariane 5.

    Arianespace lancera la totalité des satellites Galileo. © Esa
    Arianespace lancera la totalité des satellites Galileo. © Esa

    Grand absent de ces premiers contrats, Astrium, la filiale de EADSEADS, qui construit actuellement les 4 satellites IOV. Il semblerait que la Commission européenne compte appliquer une stratégie de double source d'approvisionnement afin de réduire les risques, au niveau notamment des délais de livraison, et d'accroître la flexibilité. Autrement dit, le prochain lot de satellites, probablement 8, lui sera attribué.

    Une multitude d’applications encore à inventer

    Avec Galileo, l'Europe possédera son propre système mondial de navigation par satellite et s'affranchira des services offerts par le GPSGPS américain qui comportent de nombreuses restrictions et ne sont pas garantis. Galileo fournira des services de localisation à l'échelle de la planète bien plus précis et mieux sécurisés que le Standard Positioning Service du GPS.

    Galileo proposera plusieurs niveaux de service à l'accès ouvert ou plus ou moins restreint. Pour cela, les satellites émettront chacun 10 signaux différents : 6 sont prévus pour des applications civiles, 2 pour des applications commerciales et 2 pour des services étatiques.

    • Le Service de base sera disponible gratuitement ;
    • Le Service commercial sera payant et le positionnement sera plus exact, plus fiable et la garantie de précision sera plus élevée ;
    • Le service dit vital offrira une précision égale au Commercial Service, avec cependant une sécurité de l'information plus élevée, telle que l'exige par exemple la navigation aérienne et maritime ;
    • Le service de recherche et de sauvetage transmettra en temps réel, en relation avec les satellites Cospas / Sarsat, la position des victimes d'accidentsaccidents aériens, nautiques ou terrestres ;
    • Le service gouvernemental (Public Regulated Service) sera réservé aux organismes étatiques.
    Les applications attendues et à inventer sont multiples : transport (circulation routière, ferroviaire, aérienne et maritime), énergie, agriculture et pêche, navigation personnelle, recherche et sauvetage, gestion de crise (inondations, catastrophes maritimes, marées noires, tremblement de terre, aide humanitaire), gestion environnementale, loisirs, économie (finance, banque, assurance), etc. © Esa
    Les applications attendues et à inventer sont multiples : transport (circulation routière, ferroviaire, aérienne et maritime), énergie, agriculture et pêche, navigation personnelle, recherche et sauvetage, gestion de crise (inondations, catastrophes maritimes, marées noires, tremblement de terre, aide humanitaire), gestion environnementale, loisirs, économie (finance, banque, assurance), etc. © Esa

    Cependant tous ces services ne seront pas tous complètement opérationnels en 2014. Les premiers ouverts seront le service de base, le service recherche et de sauvetage et celui, crypté, à usage des Etats pour des opérations de sécurité, voire militaires. Les autres n'atteindront leur capacité opérationnelle maximale qu'après le lancement des 30 satellites.

    En effet, dans le cadre de ces premiers contrats, tous les satellites de la constellation n'ont pas été commandés. Il faut attendre les perspectives budgétaires 2013-2020 pour que l'UE puisse passer les contrats suivants. Une analyse de la qualité et du respect de la livraison, ainsi que des performances des satellites de l'un et l'autre contractant déterminera le fournisseur des satellites qui restent à déployer pour avoir une constellation complète en vers 2016.

    Bref rappel historique du projet

    L'Agence spatiale européenne et l'Union européenne ont lancé le projet Galileo de façon à s'affranchir des services offerts par le GPS américain, d'atteindre une indépendance dans ce domaine et d'acquérir une indépendance technologique par rapport aux Etats-Unis, comme elle a pu le faire dans le domaine de l'aviation (avec Airbus) ou des lanceurs (avec Ariane).

    Après une phase définition qui a permis d'identifier les besoins et de s'assurer de la faisabilité technique du programme (début 2000), l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne a lancé le développement des 4 satellites IOV en 2003 et passé les contrats définitifs avec l'industrie en 2006 après avoir validé les options techniques. Cette phase dite de développement et validation prendra fin en avril 2011 lorsque les 4 satellites IOV auront été lancés. L'étape suivante, le déploiement total de l'infrastructure spatiale et au sol (FOC dans le jargon de l'Esa, pour capacité opérationnelle totale), se fera en plusieurs phases. Les 14 satellites commandés aujourd'hui plus les 4 satellites IOV s'inscrivent dans cette étape. Ils permettent une capacité opérationnelle initiale de 18 satellites (6 sur chaque orbite).

    Concrètement, l'Agence spatiale européenne a d'ores et déjà lancé 2 satellites (Giove A et Giove B) et s'apprête à lancer les 4 satellites opérationnels IOV afin de valider d'ici 2010 le segment spatial de base de Galileo et le segment sol associé (4 satellites est le minimum requis pour garantir l'exactitude de la localisation et la synchronisation sur les sites témoins choisis). Le lancement des 2 premiers satellites IOV est prévu pour fin novembre 2010, suivi des deux autres en avril 2011 par des lanceurs Soyouz ST depuis l'Ensemble de lancement Soyouz.

    Giove A et B, lancés en 2005 et 2008, ont pour mission d'émettre les signaux Galileo depuis l'espace en se déplaçant sur une des orbites prévues pour la constellation de façon à garantir les fréquencesfréquences réservées pour le système Galileo auprès de l'Union internationale des télécommunications. Ils sont également utilisés pour tester les technologies les plus critiques relatives à la charge utile de navigation des futurs satellites Galileosatellites Galileo opérationnels. Par exemple, Giove B embarque l'horloge atomiquehorloge atomique la plus précise jamais lancée dans l'espace, laquelle contribuera à la qualité des performances du système Galileo.

    Le satellite Giove B, lancé en 2008 pour garantir les fréquences réservées pour le système Galileo auprès de l'ITU et tester les technologies Galileo. © Esa
    Le satellite Giove B, lancé en 2008 pour garantir les fréquences réservées pour le système Galileo auprès de l'ITU et tester les technologies Galileo. © Esa

    A terme, la constellation sera composée de 30 satellites qui seront répartis en trois orbites circulaires à une altitude de 23.616 km avec un angle d'inclinaison des plans orbitaux de 56°. Les signaux de Galileo couvriront également des latitudeslatitudes allant jusqu'à 75° nord et sud. Grâce au nombre élevé de satellites, à l'optimisation de la constellation et à l'existence de 3 satellites en réserve active, la perte d'un satellite n'aura pas de conséquence notable pour l'utilisateur. Les satellites en orbite seront soutenus par un réseau mondial de stations terrestres.