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Malgré deux revers importants, Sierra Nevada parie toujours autant sur son véhicule spatial Dream Chaser. En octobre 2013, alors que le programme réalisait un sans-faute, de retour d'un vol libre non habité, le véhicule a raté son atterrissage à la suite du dysfonctionnement de son train d'atterrissage gauche. Un an plus tard, Sierra Nevada était éliminée de l'appel d'offres pour transporter les astronautes de la Nasa à bord de la Station spatiale internationale et les redescendre sur Terre. C'est SpaceX et Boeing qui ont été sélectionnées.
Loin de se décourager, la firme du Nevada s'est depuis positionnée sur le deuxième contrat de ravitaillement en fret de la Station spatiale pour la période 2018-2024 que la Nasa s'apprête à passer. Le premier ayant été remporté par Orbital Sciences (8 vols) et SpaceXSpaceX (12 vols). Ce contrat qui devait être attribué cet été le sera finalement le 5 novembre avec à la clé un beau pactole de 14 milliards de dollars (12,3 milliards d'euros) que se partageront les firmes retenues. Trois autres véhicules sont en compétition. Ceux de SpaceX, Boeing, Orbital ATK et Lockheed Martin dont la proposition d'un véhicule en permanence dans l'espace a semble-t-il été écartée par la Nasa.
Si à l'origine la Nasa souhaitait seulement deux prestataires de service, il semble acquis que trois sociétés seront sélectionnées. SpaceX et Boeing proposent une capsule orbitale et Orbital ATK un module de forme cylindrique sans aile. Ce qui laisse un champ libre pour Sierra Nevada qui a de fortes chances d'être sélectionnée car elle est la seule à proposer un véhicule ailé. En effet, la Nasa, qui développe de son côté la capsule OrionOrion, ne veut pas dépendre de ce seul type de technologie pour le transport de passagers de l'exploration habitée du Système solaire. Elle a donc tout intérêt à sélectionner le Dream Chaser, au design similaire à celui de la navette spatiale.
L'amarrage du véhicule à la Station se fera à l'aide d'un mécanisme fourni par l'Agence spatiale européenne (IBDM). © Sierra Neva Corporation
Transporter du fret à bord de l'ISS
Pour répondre aux besoins de la Nasa qui demande de transporter des charges utiles dans différentes configurations pressurisées ou pas et une capacité de retour également pressurisée, Sierra Nevada propose une version cargo autonome dérivée de sa mini-navette de transport d'équipage dont la structure en composite sera construite par Lockheed Martin. Elle sera dotée d'un module pressurisé non propulsif et d'une plateforme qui permettra de transporter du fret exposé au vide de l'espace. À la différence de la version habitée, le cargo sera doté de deux ailes pliables, de façon à tenir à l'intérieur d'une coiffe de 5 mètres de diamètre, d'un logiciellogiciel adapté à une utilisation sans pilote et bien entendu de capacités de transport étendues. Ainsi, ce véhicule automatique pourra transporter jusqu'à 5,5 tonnes de fret et en redescendre 1.750 kilogrammeskilogrammes. À la fin de ses missions, le module pressurisé sera utilisé comme poubelle et se consumera dans l'atmosphèreatmosphère terrestre avec jusqu'à 4,7 tonnes de charges.
L'autre attrait de ce véhicule est son mécanisme d'amarrage IBDM (International Berthing and Docking Mechanism) fourni par l'Agence spatiale européenne. Premier du genre à être conçu selon des standards communs à toutes les agences spatiales partenaires du programme de l'ISS, il sera utilisable par tous les futurs véhicules, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Son fonctionnement est unique car il prévoit une fonction d'accostage (soft docking), un avantage important, par exemple pour éviter de perturber des expériences de microgravitémicrogravité en cours.
L'IBDM comporte une plateforme à 6 degrés de liberté qui garantit l'alignement et l'amortissement du mouvementmouvement relatif. Il peut servir de deux manières différentes : entre deux véhicules autonomesvéhicules autonomes et en mode accostage dans lequel les véhicules restent immobiles l'un par rapport à l'autre. Ce second cas est par exemple celui du bras robotiquerobotique. Le Dream Chaser pourra donc s'amarrer soit de façon autonome soit à l'aide du CanadarmCanadarm, le bras de la Station spatiale.
Quant à la version habitée du Dream Chaser, les études sont à l'arrêt. Cependant, le programme n'est pas mort. Toutes les modifications apportées au véhicule cargo sont compatibles avec la version habitée.