Pour la Cour des comptes américaine, il ne fait guère de doute que ni Boeing ni SpaceX ne seront prêts à transporter des astronautes à destination de la Station spatiale internationale en 2018. Une situation qui contraint la Nasa à réfléchir à une solution alternative pour transférer ses astronautes au-delà de cette date.

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    La Cour des comptes américaine (GAO) s'inquiète du retard déjà pris dans le développement des capsules de SpaceXSpaceX et Boeing. De son côté, la Nasa semble également peu convaincue que les deux industriels tiennent les délais et débutent leur service commercial d'ici la fin 2018. Pourtant, cette capacité américaine de transport d'astronautes afin de desservir la Station spatiale internationale en remplacement du SoyouzSoyouz est nécessaire car le contrat qui lie la Nasa et l'Agence spatiale russe sur le transport des astronautes se termine fin 2018.

    Malgré l'optimisme affiché des deux industriels, confiants à tenir les délais, l'Agence spatiale américaine pense que les deux véhicules ne seront pas certifiés avant 2019, voire 2020. Aujourd'hui, SpaceX prévoit une certificationcertification au troisième trimestre 2018, après un vol d'essai inhabité en novembre 2017 et un premier vol habité en mai 2018, soit un retard de 15 mois sur le planning initial. Quant à Boeing, il ne fait guère mieux avec 14 mois de retard. La certification de son véhicule, le CST-100 Starliner, est prévue au quatrième trimestre de 2018, après un vol inhabité en juin 2018 et un vol habité deux mois plus tard.

    De nouveaux risques de dérapages

    Dans son rapport, la GAO souligne les principaux risques de dérapages. Pour Boeing, sont pointés du doigt le système de parachuteparachute et l'obtention de données sur la conception des moteurs russes RD-180 utilisés par le lanceur Atlas. La Nasa a besoin d'un certain nombre de renseignements sur ces moteurs pour vérifier leurs conformités aux règles de sécurité liées aux vols habitésvols habités. Or, ils sont très difficiles à obtenir de la part des Russes. Quant à SpaceX, les risques identifiés sont moins du côté de la capsule que du lanceur Falcon 9. Les principaux reproches faits sont une évolution permanente du lanceur, empêchant de produire une version identique de plusieurs exemplaires, et les protocolesprotocoles de chargement en carburant du Falcon 9. La procédure actuelle de SpaceX prévoit la présence d'un équipage à bord du lanceur lors du remplissage, avec tous les risques que cela comporte, et cela, la Nasa n'en veut pas. À cela vient s'ajouter la récente découverte de fissures au niveau du système d'injection du moteur de la fuséefusée.

    Une version de l’Orion adaptée aux rotations des équipages de la Station spatiale internationale. © Nasa

    Une version de l’Orion adaptée aux rotations des équipages de la Station spatiale internationale. © Nasa

    Une situation qui pose problème car si ce service commercial ne démarre pas d'ici la fin de l'année 2018, les astronautes de la Nasa seront cloués au sol. Voyager à bord des capsules Soyouz pourrait ne pas être possible. D'abord parce que le contrat actuel s'arrête fin 2018 et qu'il faut un délai de trois ans pour obtenir des places à bord des véhicules Soyouz. Fin 2016, la Nasa a clairement dit aux Russes qu'elle ne souhaitait plus en acheter. 

    En raison de ce retard dans la disponibilité des services de lancement et de transport de SpaceX et Boeing, la Nasa est contrainte d'envisager une solution de secours. Un rapport pour garantir la continuité de l'accès au complexe orbitalcomplexe orbital sera rendu public à la mi-mars.

    Deux options de secours

    En attendant la position de l'administration Trump sur ce sujet, la Nasa doit trouver une solution alternative qui pourrait passer par Boeing. Une des options à l'étude est d'acheter ces fameux sièges Soyouz à Boeing que la société a acquis auprès de RSC Energia dans le cadre du règlement d'un procès entre les deux sociétés au sujet de Sea LaunchSea Launch. L'agence en réserverait deux pour un vol à l'automneautomne 2017 et un autre au printemps 2018, avec une option pour trois sièges supplémentaires en 2019.

    L'autre alternative, serait d'emprunter le véhicule spatial Orion, construit par Lockheed Martin et utilisant un module de service fourni par l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Problème, ce véhicule est destiné aux voyages au-delà de l'orbite terrestre. La Nasa devra vérifier sa compatibilitécompatibilité technique pour transporter des équipages à destination et en provenance de la Station spatiale internationale et voir quelles modifications et adaptations techniques seront nécessaires.