Le module de service d'Orion, qui s’inspire de celui de l’ATV, sera construit par Airbus Defence & Space. Il y a quelques jours, l’entreprise européenne a livré à la Nasa un modèle de test structurel. À l’issue des essais, la construction du modèle de vol qui réalisera sa mission en 2018 lors d’un vol inhabité autour de la Lune pourra débuter.

Le modèle de test structurel STA (Structural Test Article) du module de service de la capsule spatiale Orion a été livré au centre d'essai de Plum Brook Station de la Nasa, à Sandusky, Ohio (États-Unis). À la différence des futurs véhicules spatiaux de SpaceX et de Boeing qui transporteront des astronautes à bord de la Station spatiale internationale, Orion est conçu pour des missions habitées au-delà de l'orbite basse, avec comme destinations possibles : la Lune, les astéroïdes et l'espace lointain. Comme module de service, il utilisera l'ESM pour European Module Service réalisé par Airbus Defence & Space. Cette réplique identique du module de service Orion, dépourvue toutefois de ses fonctionnalités, servira à des tests dynamiques, indispensables à la construction du modèle de vol.

Ces tests simulent les conditions, telles que les charges et contraintes, auxquelles sera soumis le module lors du lancement. Les résultats permettront par ailleurs de déterminer si les exigences en matière de structure et de masse sont conformes aux calculs et si le module de service répond aux normes de sécurité des équipages de la Nasa.

Le module de service d’Orion se présente sous la forme d’un cylindre de 4,5 m de diamètre et long de 2,7 m ou de 4 m avec le moteur. Si l’on tient compte de ses quatre panneaux solaires, son envergure atteint 18,7 m. À vide (sans carburant, sans eau et sans réserve de gaz), sa masse est d’environ 3,5 t. © Airbus Defence & Space, Thales Alenia Space

Le module de service d’Orion se présente sous la forme d’un cylindre de 4,5 m de diamètre et long de 2,7 m ou de 4 m avec le moteur. Si l’on tient compte de ses quatre panneaux solaires, son envergure atteint 18,7 m. À vide (sans carburant, sans eau et sans réserve de gaz), sa masse est d’environ 3,5 t. © Airbus Defence & Space, Thales Alenia Space

Les servitudes d’Orion seront européennes

Pour rappel, ce module de service est réalisé dans le cadre du barter element, un système mis en place par les partenaires de l'ISS où chacun finance sa part de l'utilisation par la fourniture d'un service du même montant que sa contribution. Jusqu'en 2017, l'Esa s'acquittait de ses charges, quelque 150 millions de dollars annuellement, avec les missions de l'ATV, dont le dernier exemplaire, l'ATV Georges Lemaître, a quitté la Station orbitale en février 2015.

Fort du succès des cinq missions de l'ATV, l'Esa décide en décembre 2012 de participer au développement du véhicule spatial d'exploration de la Nasa connu sous le nom d'Orion-ESM (auparavant nommé Multi-Purpose Crew Vehicle, soit Véhicule habité multirôle). L'Esa fournira donc le module de service de l'engin qui assurera la propulsion, l'alimentation électrique, le contrôle thermique et les composants vitaux à la capsule américaine. Autrement dit, les astronautes américains respireront et boiront made in Europe.

L'EDM devrait voler pour la première fois en 2018 lors de Exploration Mission-1, la première mission Orion inhabitée. Il s'agira d'un vol circumlunaire avec retour sur Terre. L'objectif de cette mission consiste à valider à la fois les performances de la capsule avant son utilisation pour le vol habité et celles du nouveau lanceur Space Launch System (SLS) de la NASA. Dans le cadre de la mission Exploration Mission-2, la capsule Orion devrait être lancée après 2020, emportant cette fois des astronautes à son bord.

Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur ce programme, nous vous invitons à lire l'interview de Philippe Deloo, chef d'étude du module de service de l'Orion à l'Esa que nous avions rencontré en décembre 2012. L'article, mis à jour en décembre 2014, tient compte des derniers choix architecturaux du module.