À l'occasion de son 20e anniversaire, la rédaction de Futura vous propose un voyage dans ses archives numériques et remet en lumière des sujets brûlants qui ont marqué l'histoire et résonnent encore de nos jours.

Il y a 20 ans, les premiers articles paraissaient sur Futura, encore Futura-sciences à cette époque. La santé fait partie des rubriques historiques du site. À l'occasion de cet anniversaire, nous vous proposons une plongée dans les archives numériques de Futura, à la recherche de sujets qui ont fait l'actualité hier et font encore celle d'aujourd'hui.

Il y a 20 ans, Futura parlait déjà des vaccins contre le Sida

La pandémie de Covid-19 a permis à la recherche vaccinale de faire un bond en avant. Grâce à une collaboration entre des géants pharmaceutiques et des laboratoires de recherche, un vaccin sûr et efficace a pu être formulé, produit à grande échelle et distribué à travers le monde. Si cela a été aussi rapide pour la Covid-19, pourquoi certaines maladies n'ont toujours pas leur vaccin alors que les scientifiques travaillent sur le sujet depuis plus de 20 ans ? Le cas le plus évident est celui du Sida.

Le saviez-vous ?

« J'ai choisi de vous parler de la vaccination contre le Sida car avant que la Covid-19 ne chamboule notre quotidien, c'était la grande pandémie de ces dernières années. Pas moins de 37,6 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde et 690.000 en sont décédées en 2020. Si l'élaboration d'un vaccin contre la Covid-19 a été rapide, l'histoire est tout autre pour le Sida. Si tout le monde attend le retour de « la vie d'avant », ce moment est encore lointain pour les patients VIH. J'avais à cœur de remettre ce sujet en avant. » Julie Kern

Votre rubrique santé, il y a presque 20 ans, en février 2003. © Futura
Votre rubrique santé, il y a presque 20 ans, en février 2003. © Futura

Le début de la recherche d'un vaccin

Les premiers cas de Sida ont été décrits au début des années 1980, quelques années avant la découverte du virus à l'origine de la maladie, le VIH en 1983. Il appartient à la famille des rétrovirus, il convertit son génome à ARN en ADN, grâce à la transcriptase inverse, et se cache dans le génome des cellules qu'il infecte. Il est aussi connu pour son extrême variabilité.

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Tous ces facteurs n'ont pas facilité la tâche des scientifiques dans l'élaboration d'un vaccin. Dès la fin des années 1980, des essais cliniques ont été lancés en testant des formules vaccinales ayant déjà fait leurs preuves (avec le virus entier ou les protéines d'enveloppe). Les essais VaxSyn et Remmune sont les deux premiers à être lancés, mais ils sont abandonnés des années plus tard, faute de résultats probants.

Dans les années 2000, l'espoir des malades se focalise sur l'essai RV144, surnommé « l'essai thaïlandais ». Le protocole prévoyait plusieurs injections du vaccin ALVAC HIV, un vecteur viral qui contient les trois gènes gag, pol et env, suivi d'un « boost », AIDSVAX B/E, qui contient une des protéines de surface du VIH. La phase II a été menée en Thaïlande, auprès de 16.402 jeunes volontaires.

Après plusieurs années de recherche, l'essai est clôturé. Le vaccin a démontré une efficacité modeste de 31 % pour prévenir l'infection et une stimulation du système immunitaire décevante, voire totalement absente chez certains sujets.

L'espoir renaît avec des anticorps rares

Dès lors, la recherche d'un vaccin contre le Sida est au creux de la vague. Les efforts et les financements se tournent vers l'élaboration d'antirétroviraux qui aboutiront à la PrEP et la trithérapie. Du côté du vaccin, les scientifiques cherchent une autre façon de neutraliser le virus et s'intéressent aux anticorps neutralisants à large spectre. Ces anticorps reconnaissent une large palette d'antigènes différents et seraient théoriquement capables de neutraliser le VIH, malgré ses mutations incessantes.

Mais, seule une poignée de patients VIH possèdent ces anticorps rares au potentiel énorme. L'essai AMP, pour Antibody Mediated Prevention, exploite cette idée. Il ne s'agit pas d'un vaccin au sens strict du terme. Les volontaires ont été traités avec un anticorps monoclonal neutralisant à large spectre. Les derniers résultats de l'essai AMP sont parus en janvier 2020 et n'ont pas été concluants. Encore une fois.

L'idée des anticorps neutralisants à large spectre est toujours d'actualité. En février 2021, des recherches menées au Scripps Institute sur un vaccin conçu spécialement pour que le système immunitaire fabrique ces précieux anticorps ont fourni des résultats prometteurs : 97 % des patients enrôlés dans l'essai clinique de phase 1 et vaccinés ont produit des anticorps neutralisants à large spectre.

L'étape suivante pour ce candidat-vaccin ? Utiliser la technologie à ARNm, la même utilisée par Pfizer et Moderna dans leur vaccin anti-Covid, pour obtenir les mêmes résultats. Si le coronavirus permet d'accélérer l'élaboration d'un vaccin contre le Sida, il n'aura pas eu que des effets négatifs.

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