De nombreux réfractaires à la vaccination s’inquiètent de savoir si le virus va s’adapter aux vaccins et produire des mutations permettant d’y échapper. Ces craintes sont-elles justifiées ?
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Selon une étude d'août 2021, un taux de vaccination élevé peut paradoxalement favoriser l'émergence de variants résistants. Cela s'explique par le phénomène appelé « pressionpression de sélection » : plus le nombre de personnes vaccinées augmente, plus l'avantage compétitif des souches résistantes au vaccin s'accroît. On pourrait donc en conclure... qu'il vaut mieux ne pas vacciner la population. C'est toutefois s'avancer sur un faux raisonnement. D'une part, cet avantage compétitif disparaît dès lors que toute la population ou presque est vaccinée, car le virus ne circule alors plus suffisamment pour produire des mutations. Selon la même étude, le pic de probabilité d'émergence de nouveaux variants se situe autour de 60 % des personnes vaccinées, bien en dessous du seuil de l'immunité collective estimée à 90 % et du taux de vaccination atteint en France.
Chaque réplication du virus produit 3 % d’erreurs aléatoires
Deuxièmement, c'est plus le nombre élevé de contaminations que la vaccination qui va produire des virus mutants. Cela est très facile à comprendre : à chaque fois que le virus se réplique, environ 3 % des nouvelles copies possèdent une erreur aléatoire, selon une étude publiée dans la revue PNAS. Or, chaque infection produit des milliers de copies dans le corps, ce qui démultiplie le nombre de virus mutés. Bien entendu, la plupart des mutations n'ont aucun effet ou alors sont désavantageuses pour le virus. De plus, chez un même individu, le virus muté va être submergé par les autres virus « normaux » et ne va pas survivre. Ainsi, même si vous êtes vacciné et infecté par une souche qui acquiert une résistancerésistance, vous aurez peu de chances de le transmettre à d'autres personnes.
Le nombre de contaminations, facteur déterminant de l’émergence de variants
Mais il existe toujours le risque qu'une mutation procure un avantage et soit transmise à un nouvel hôte. C'est seulement à ce moment-là que va émerger un nouveau variant, ayant éventuellement un avantage compétitif sur la souche originale. Or, plus la circulation du virus est importante, plus cette probabilité augmente. « Le fait que seul un très petit nombre de virus déclenchent la prochaine infection est le facteur critique qui limite la probabilité que de nouveaux variants apparaissent », explique ainsi Vaughn Cooper, professeur de microbiologie et de génétiquegénétique moléculaire à l'université de Pittsburgh. « Dans ces circonstances, la meilleure façon de limiter l'évolution du coronaviruscoronavirus est de réduire le nombre d'infections », appuie-t-il. Le modeste avantage que le virus tirerait de l'évasion vaccinale est éclipsé par les vastes possibilités d'infecter les personnes non vaccinées. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le variant Alpha puis DeltaDelta sont apparus en pleine flambée épidémique en Angleterre et en Inde. Jusqu'ici, aucun variant dangereux n'a encore émergé dans une population très vaccinée.