Derrière le nom — inapproprié — de nymphomanie, se cache un trouble psychique qui s'exprime au travers d'une hyperactivité sexuelle compulsive, jamais satisfaite, et handicapante au quotidien. Le terme tend d'ailleurs à être remplacé par « hypersexualité » car cela touche aussi bien les femmes que les hommes. Cette hypersexualité est à rapprocher de l'addiction au sexe, souvent associée à des troubles obsessionnels compulsifs et autres carences affectives et troubles psychiques.
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Venant du mot « nymphenymphe » (qui renvoie à des divinités de la mythologie grecque associées à la nature ou aux petites lèvres de la vulve) et de « mania » (la folie), la nymphomanie traîne toujours derrière elle un sens péjoratif, la faisant parfois se confondre avec une « simple » libido exacerbée. « C'est pourtant une réelle pathologie », explique Milène Leroy, sexologue à Clermont-Ferrand, qui nous aide à y voir plus clair. Voici son interview.
Qu'est-ce que la nymphomanie et comment se manifeste-t-elle ?
Milène Leroy : La nymphomanie se traduit par cycles : l'obsession, la ritualisation, l'agir sexuel et le désespoir. Dans un premier temps, la femme concernée va être littéralement envahie par ses pensées sexuelles. Elle vit généralement des difficultés bien plus profondes qui amènent à ce que ce sujet prenne le dessus sur sa psyché (mésestime de soi, insécurité affective, dépression...) et le sexe devient un exutoire et lui donne le sentiment d'exister.
Dans un second temps, elle met en place une stratégie tant corporelle que psychique pour arriver à ses fins.
Dans un troisième temps, le passage à l'acte permet le soulagement de la tension globale, effaçant l'espace d'un moment, la ou les cause(s) initiale(s) de la souffrance. Enfin, les notions de culpabilité, de honte, de dégoût font surface créant un sentiment récurrent d'insatisfaction.
La nymphomanie n'est-elle pas l'expression d'une libido exacerbée ?
M.L : Dans la pathologie, il y a une idée d'angoisse, de dépendance à l’acte sexuel... La forte libido, quant à elle, est le fait d'habiter son corps avec joie et intensité. Le désir sexuel, quand il est vécu dans l'idée d'un partage, d'un épanouissement (personnel et/ou de couple), d'une découverte, qu'il est contrôlable... va être source de potentielle recherche de partenaires aussi avides que soi.
Pour différencier les deux, il convient de s'interroger : « la sexualité est-elle une obsession pour vous ? », « les rapports sexuels sont-ils une réponse à un état d'anxiété, de dépression, de colère... ? », « la multiplication et l'intensité des rapports sexuels restent-elles insatisfaisantes pour vous ? » etc.
D'où vient la nymphomanie ?
M.L : Il est estimé que la majorité des personnes souffrant d'hypersexualité (on parle de satyriasis pour les hommes, ndlr) pourrait souffrir de TOCsTOCs (troubles obsessionnels compulsifs, ndlr), de surconcentration hormonale, d'un dysfonctionnement cérébral, de troubles bipolaires, etc... Il est clair, en tout cas, qu'il y a souvent une carence affective pesante, la sexualité devenant un refuge pour combler ce manque.
Comment vivre en couple avec des personnes nymphomanes ?
M.L : Les personnes nymphomanes peuvent vivre en couple mais le risque de relations extra-conjugales est évidemment plus fort. Un ou une partenaire informé(e) saura d'autant mieux aider l'être aimé dans la résolutionrésolution de ce combat quotidien.
Comment sortir de la spirale de l'addiction au sexe ?
M.L : L'addictologue va aider à comprendre les mécanismes de dépendance, et le sexologue, lui, va permettre de retrouver une sexualité satisfaisante tant sur le plan corporel que psychique. À côté d'une prise en charge médicamenteuse, une sexothérapie peut aider à travailler sur le manque d'estime de soi, ce qui est essentiel.
À noter
La nymphomanie peut parfois être associée à d'autres comportements à risque (consommation d'alcoolalcool, de droguedrogue, sexe sans protection...).