En 2019, une jeune Israélienne a été hospitalisée pour malnutrition sévère avec dommages irréversibles au cerveau après s’être nourrie uniquement de jus de fruits et d’eau durant trois semaines. Régime cétogène, régime paléo crudivore ou cure détox : ces régimes à la mode promettant une perte de poids et un meilleur bien-être s’avèrent en réalité délétères à long terme pour l’organisme.
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Quelque 44 % des Français ont déjà suivi un régime alimentaire selon un sondage Ipsos de 2015, avec en moyenne quatre types de régimes expérimentés. Parmi les plus populaires : le régime cétogène, le régime paléo, le régime Mayo, l'alimentation crudivore ou les cures détox. Des diètes toutes basées sur l'exclusion de nombreuses classes d'aliments, ce qui n'est pas sans conséquences pour l'organisme. Ces privations, outre le fait d'entraîner frustration et reprise de poids, peuvent avoir de graves conséquences jusqu'à entraîner la mort. Bref, méfiez-vous des régimes miracles et des modes nutritionnelles s'appuyant sur des allégations scientifiques peu fiables.
Le régime crudivore
Il consiste à ne manger que des aliments crus : légumes, poissonpoisson ou céréalescéréales germées. Or, la cuisson améliore non seulement le goût et la digestibilité des aliments, mais elle favorise aussi l’absorption de certains nutriments comme le lycopène dans la tomatetomate. Il existe des réels risques de carence et de sous-nutrition. Une étude de 2015 publiée dans Annals of Nutrition and Metabolism a montré qu'un quart des femmes suivant ce type de régime avait un indice de masse corporelle (IMC) sous la normale et 30 % étaient atteintes d'aménorrhée. Enfin, les aliments crus sont davantage susceptibles de provoquer des intoxications alimentaires : les œufs peuvent contenir des salmonelles, le poisson cru des parasitesparasites et les graines germées ont été à l'origine d'une des plus graves intoxications à E.coli en Europe en 2011.
Le régime cétogène
À l'instar du régime Atkins, le régime cétogène repose sur une alimentation très riche en lipideslipides et pauvre en sucressucres. Il apporte en principe 70 % à 90 % de lipides et 5 % de glucidesglucides, soit des proportions quasi inverses de celles d'un régime classique. Il entraîne un état de cétosecétose, où le foiefoie métabolise les graisses pour fabriquer des corps cétoniques et fournir de l'énergieénergie au corps. Si certains vantent ses effets sur la réduction du cholestérolcholestérol, du diabètediabète ou même du cancercancer, une privation prolongée de glucides peut évoluer en état d'acidoseacidose métabolique pouvant provoquer insuffisances rénalesinsuffisances rénales et œdèmesœdèmes cérébraux. La pratique de cette diète peut également entraîner une stéatose hépatique (excès de triglycéridestriglycérides dans le foie), des diarrhéesdiarrhées dues au manque de fibres ou une perte musculaire, les protéinesprotéines seules étant moins efficaces pour fabriquer du muscle qu'associées aux glucides.
Le régime paléo
Préconisant le retour au régime préhistorique de nos ancêtres, le régime paléo est basé sur une alimentation riche en viande, excluant les céréales, légumineuseslégumineuses et produits laitiers. Or, une consommation élevée de protéines animales est très néfaste pour la santé, d'autant plus que les animaux que nous consommons aujourd'hui n'ont pas grand-chose à voir avec le gibier des chasseurs du néolithique. Selon une étude de 2019, manger plus de 200 g de viande par semaine augmente les risques de mortalité de 23 %. La viande rouge a même été classée comme cancérigène probable par l'OMSOMS en 2015. D'autre part, en supprimant les probiotiquesprobiotiques des laitages et des aliments riches en fibres (légumineuses et céréales complètes), le régime paléo appauvrit la flore intestinaleflore intestinale, augmente de risque d'infections et réduit notre capacité à assimiler les nutrimentsnutriments.
Le régime détox
Se nourrir de soupe au chou, de bouillon de légumes, de jus d'ananasananas ou de citron pour « purifier » son organisme : les cures détox connaissent un succès grandissant auprès des stars et du grand public. Or, l'exclusion d'aliments solidessolides entraîne des troubles de la digestiondigestion, des diarrhées et de graves carences, le manque de minérauxminéraux (calciumcalcium, potassiumpotassium, sodiumsodium...) affaiblissant la capacité de l'organisme à lutter contre les infections et les inflammationsinflammations. D'après une étude publiée dans The Lancet en 2017, ce type de régime très restrictif en lipides augmente de 13 % le risque de décès prématuré. Pour les nutritionnistesnutritionnistes, le concept de « détoxification » n'a tout simplement aucune base scientifique, le corps étant parfaitement apte à se débarrasser naturellement des toxinestoxines.
Le régime Mayo
Inventé dans les années 1980, ce régime très hypocalorique et restrictif exclut toutes les matièresmatières grasses, les sucres, féculentsféculents et céréales ainsi que les produits laitiers. Sont autorisées de petites quantités de fruits et de viande, les œufs et légumes à volonté. En pratique, cela se traduit par des menus à 800 ou 1.000 caloriescalories par jour, soit moins de la moitié des apports recommandés pour un adulte normal. Autant dire que le risque de carences de toutes sortes est très élevé. D'une duréedurée recommandée de 14 jours, c'est l'assurance de reprendre du poids immédiatement après, et prolongé pendant trop longtemps, il s'avère carrément dangereux. L'AnsesAnses rappelle ainsi que « les régimes très hypocaloriques peuvent induire de façon aiguë une mort subitemort subite, en lien avec des troubles du rythme cardiaque ».