Pour la plupart, les aliments périmés peuvent être consommés sans danger après leur date limite de consommation (DLC). Mais qu’en est-il des médicaments ? Comment sont calculées les dates de péremption ? Sont-il encore efficaces après la date limite indiquée et peut-on les utiliser sans danger ?


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    Vous avez sûrement des vieux médicaments qui traînent dans votre armoire à pharmacie, issus d'une ancienne prescription ou du gros rhume que vous aviez attrapé il y a deux ans. Problème : la date de péremption est dépassée depuis six mois. Alors que faire ? Est-il possible de les consommer quand même ?

    Date de péremption : un principe de précaution plus qu’une réelle durée de validité

    Tous les médicaments doivent obligatoirement comporter une date de péremption. Les médicaments sont soumis à des tests de stabilité drastiques afin de déterminer la façon dont la qualité d'un principe actif varie en fonction du temps sous l'effet de divers facteurs environnementaux comme la température, l'humidité ou la lumièrelumière. En réalité, « ces duréesdurées légales sont des normes qui ne sont pas calculées individuellement pour chaque médicament mais pour l'ensemble des produits pharmaceutiques, informe Martial Fraysse, membre de l'Académie de Pharmacie. Généralement, on calcule un an pour les nouveaux produits, et deux à trois ans pour les autres médicaments afin d'être tranquille ». Une fois la date expirée, les laboratoires ne sont plus tenus de vérifier la conformité des produits. La date de péremption ne reflète donc pas le moment où le médicament n'est plus efficace mais celle où sa sécurité n'est plus garantie.

    Des médicaments encore efficaces 40 ans après la date limite !

    Néanmoins, la plupart des médicaments sont remarquablement stables. Plusieurs études menées par la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administrationl'autorité américaine en charge de la sécurité sanitaire, ont montré que 90 % des produits vendus sans ordonnance comportaient encore 90 % du principe actif 15 ans après leur date officielle d'expiration.

    Une autre étude de l'American Medical Association (AMA) a montré que, dans 12 des 14 spécialités examinées (86 %), la concentration en principe actif est encore supérieure à 90 % de celle d'origine jusqu'à 40 ans après ! Si la grande majorité des médicaments restent encore parfaitement utilisables et efficaces longtemps après la date limite, il est pourtant fortement déconseillé de les consommer car les principes actifs ont une stabilité très variable, met en garde Martial Fraysse. De plus, la stabilité du produit dépend aussi des excipients et de la galénique (forme du médicament : comprimé, gélule, sirop, collyre, etc). De manière générale, les solutions liquidesliquides, en sachet, et les collyres s'altèrent plus vite que les formes solidessolides.

    Le saviez-vous ?

    Que faire de ses médicaments périmés ?

    Ne jetez pas surtout pas vos médicaments périmés à la poubelle. Ils peuvent se retrouver dans l’environnement et certains sont très toxiques pour les organismes aquatiques, comme le paracétamol, les hormones ou les antibiotiques.

    Depuis 2007, toutes les pharmacies en France ont l’obligation de collecter les médicaments non utilisés (MNU) rapportés par les particuliers, périmés ou non. Ces derniers font l’objet d’une procédure spéciale d’incinération dans l’un des 55 centres agréés.

    Depuis 2009, les médicaments rapportés ne sont plus envoyés dans les pays du Tiers-Monde comme c’était le cas auparavant. L’Union européenne et les organismes d’aides favorisent l’envoi de médicaments neufs pour des questions de traçabilité et de sécurité sanitaire.

    Aspirine, paracétamol, crème, collyre… Peut-on consommer les médicaments périmés ?

    Certains principes actifs, comme la caféine, voient leur concentration augmenter au fil du temps, ce qui signifie qu'il existe un éventuel risque de surdosage. Plus problématique, le cas de l’aspirine, qui se dégrade rapidement notamment dans l'airair humide. « Dans un comprimé de 200 mg, on ne trouve plus que 2,28 mg de principe actif un an après la date de péremption », renseigne Martial Fraysse. Pire : « L'aspirine s'hydrolysehydrolyse en acideacide salicylique et en acide acétique, ce dernier pouvant provoquer d'importants maux d'estomac », prévient-il.

    Autre exemple : les crèmes, qui supportent très mal la chaleur. « Elles se dégradent en se séparent en une phase solide et une phase huileuse où se concentre le principe actif ». Résultat : la crème va être très concentrée au début lorsque la phase liquide sort du tube et il n'y aura plus aucun principe actif à la fin du tube. Enfin, jetez systématiquement les produits entamés. Une fois ouverts, les collyres peuvent par exemple être contaminés par des microbesmicrobes que vous risquez d'instiller dans l'œilœil. À l'inverse, le paracétamol ou la codéine présentent une stabilité remarquable.

    Voici les médicaments à ne pas utiliser après la date de péremption en raison d'une perte d'efficacité ou d'un risque de contaminationcontamination :

    • aspirine ;
    • antibiotiquesantibiotiques ;
    • traitements contre l'hypertension artériellehypertension artérielle ;
    • antiasthmatiques ;
    • traitements hormonaux ;
    • contraceptifs ;
    • insulineinsuline ;
    • sirops ;
    • collyres ;
    • pommades, gelsgels ou crèmes ;
    • médicaments injectables ;
    • médicaments reconstitués (ex : solutions buvables pour les enfants et les nourrissons).

    Date de péremption des médicaments : un énorme gâchis

    Dans le doute, mieux vaut s'abstenir de réutiliser d'anciens médicaments. Mais ce principe de précautionprincipe de précaution n'a rien de satisfaisant, enrage Martial Fraysse. « En appliquant une durée d'utilisation unique à tous les produits, on génère un énorme gaspillage de médicaments qui pourraient encore parfaitement être utilisés », déplore-t-il.

    Selon Cyclamed, l'association qui s'occupe de la valorisation des médicaments en fin de vie, 14.653 tonnes de médicaments non utilisés (MNU) ont ainsi été collectées en 2018. Des millions de boîtes qui représentent un surcoût important pour le système de santé. De nombreuses associations et instances publiques plaident ainsi pour une révision complète d'attribution des dates limites afin de prolonger la durée de validité des médicaments au cas par cas.