Conserver ses médicaments pour se soigner lors des prochains bobos ou infections bénignes, est-ce une bonne idée ? Le professeur Milou-Daniel Drici, directeur du Centre régional de pharmacovigilance Nice-Alpes-Côte d'Azur explique pourquoi le mauvais usage (ou mésusage) des médicaments n'est pas une bonne idée.


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    Il est très fréquent de conserver des médicaments au-delà de leur date de péremption. D'ailleurs, selon une récente étude de l'Agence de Sécurité du Médicament (ANSM), 34 % des Français considèrent comme « plutôt pas risqué » ou « pas du tout risqué » de prendre un médicament périmé.

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    Que signifie la « date de péremption » ?

    La date d'expiration est en quelque sorte une garantie que la puissance d'un médicament durera au moins jusqu'à cette date. « Elle est imposée par les agences de régulation aux fabricants, explique le Pr Drici. On leur demande d'assurer la qualité, l'efficacité et la sécurité du médicament pendant un temps donné. Cela peut aller de 1 à 3 ans (plus rarement 5 ans) à partir de la date de fabrication ».

    Ce célèbre médicament est probablement complètement inefficace et... sexiste ! Duquel s'agit-il ? La réponse dans cet épisode de Futura SANTÉ, rédigé par Julien Hernandez. © Futura

    Ainsi, durant ce laps de temps, les caractéristiques organoleptiques du produit, c'est-à-dire sa texturetexture, sa couleurcouleur ou encore son goût, ne doivent pas bouger. « À condition que le médicament soit conservé convenablement par l'usager, précise le pharmacologue, car des variations de températures ou encore une exposition à la lumièrelumière ou à l'humidité peuvent altérer la qualité du médicament. Raison pour laquelle il est déconseillé de les entreposer dans la salle de bain ».

    Liquides ou solides, les médicaments ne réagissent pas de la même façon dans la durée. © sebra, Shutterstock.com
    Liquides ou solides, les médicaments ne réagissent pas de la même façon dans la durée. © sebra, Shutterstock.com

    Les liquides sont plus sensibles

    Mais une fois la date de péremption passée, le médicament est-il moins efficace, voire dangereux ? En fait, cela dépend du médicament. Certains seront sensibles et d'autres moins. « Les formes liquidesliquides sont très sensibles. Ils contiennent des conservateurs qui se dégradent rapidement. Les utiliser au-delà de la date limite expose donc à un risque de prolifération bactérienne ».

    Ainsi, sous ce terme de « formes liquides », se retrouvent :

    • les sirops ;
    • les collyres ;
    • les médicaments injectables ;
    • mais aussi les crèmes et les pommades qui peuvent aussi se décomposer.

    Des formes solides plus résistantes

    Là encore cela dépend. « Certains sont relativement résistants, comme le paracétamol ou la codéine par exemple. En revanche, hors de question de dépasser la limite de péremption pour un produit qui est utilisé dans la PrEP ou prophylaxie pré-exposition dans le cadre du VIH. Pareil pour les antibiotiques, les pilules contraceptives, les antiasthmatiques, les traitements de l'hypertensionhypertension... ».

    Pour résumer, le Pr Drici explique que, dans l'idéal, il vaut mieux ne pas prendre de médicament périmé. Avant de préciser que pour des médicaments en libre accès (en dehors de formes liquides donc), ceux du quotidien, utilisés pour les petits « bobos », dépasser de quelques semaines ne pose pas trop de problèmes. En revanche, pour les produits soumis à prescription, il existe de réels risques de mésusage. Ils peuvent perdre de leur efficacité et/ou devenir délétères.