Toutes les enquêtes s’accordent à le dire. Les Français ne sont pas doués pour les langues étrangères. Notre système éducatif est peut-être à revoir. Mais d’autres facteurs semblent également entrer en jeu.

au sommaire


    Régulièrement, les gouvernements l'annoncent : l'enseignement des langues va être réformé. Mais le constat reste le même. Lorsque nos voisins, du nord de l'Europe notamment, semblent parfaitement à l'aise lorsqu'il s'agit de manier une autre langue que leur langue maternelle, les Français eux, peinent à apprendre une langue étrangère.

    Une question de culture tout d'abord. Parce que la langue française reste une langue à vocation internationale. Notre motivation à apprendre une langue étrangère est ainsi moindre que celle des Suédois, par exemple, dont le parler de la langue dépasse difficilement les frontières de leur pays. Sans parler de cette espèceespèce d'orgueil qui nous pousse à vouloir protéger notre français, coûte que coûte.

    Les Anglais non plus ne sont pas bons en langues étrangères. Ils seraient moins de 10 % à en parler une. © fotomek, Fotolia

    Les Anglais non plus ne sont pas bons en langues étrangères. Ils seraient moins de 10 % à en parler une. © fotomek, Fotolia

    Une question d'oreille ?

    Il faut par ailleurs savoir que pour intégrer une langue étrangère, il ne suffit pas d'apprendre des mots nouveaux, une grammaire différente. Il faut aussi apprendre des sons nouveaux, parfois inconnus de notre oreille. Ainsi les fréquences préférentielles des sons de la langue anglaise, au-delà de 2.000 hertzhertz, sont-elles très différentes de celles de la langue française, entre 100 et 300 hertz et entre 1.000 et 2.000 hertz. D'où une réelle difficulté pour notre oreille à les enregistrer et pour notre langue, à les reproduire.

    Il n'y a qu'à prendre l'exemple des cris d'animaux. En français, le chienchien fait « wouaf ». En anglais, il fait « woof ». Mais c'est encore plus marquant pour le coq qui fait « cocorico » dans notre langue et... « cock a doodle doo » dans celle de Shakespeare. C'est dire si, de part et d'autre de la Manche, nous n'entendons pas la même chose. Une question d'impédance de l'airair, selon certaines études. Une caractéristique en fonction de l'altitude, de la végétation, de l'humidité, etc. qui fait que l'air propage plus ou moins bien certains sons. Et ajoutez à cela le fait que les accents, le temps de latencelatence - cinquante millisecondes pour le français et seulement cinq millisecondes pour l'anglais - ou encore, le rythme des langues sont aussi différents.

    Ce qui rend donc difficile l'apprentissage d'une langue étrangère, c'est semble-t-il largement le fait que notre oreille, pourtant extrêmement plastiqueplastique à la naissance, se spécialise rapidement en fonction de son environnement sonore. Notamment pour nous, Français, dont les fréquences préférentielles sont très restreintes. Alors, suffirait-il d'assouplir un peu notre oreille pour enfin devenir bilingue ? C'est la théorie développée notamment par Alfred Tomatis, un oto-rhino-laryngologiste français.