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Il fut un temps, les Hommes, ou plutôt leurs ancêtres, n'avaient pas de menton. Et les primatesprimates n'en ont toujours pas. Cette caractéristique intrigue les scientifiques qui rivalisent d'imagination pour expliquer la présence sur nos visages de cette protubérance. Pour certains, le menton participerait simplement à une meilleure articulation et à la multiplication des expressions du visage. D'autres avancent qu'un menton proéminent serait associé à une masculinité marquée.
Pour des chercheurs de l'université de l'Iowa, le menton serait apparu comme un effet secondaire du rétrécissement de nos visages. L'histoire aurait débuté il y a 80.000 ans, à l'époque où l'Homme moderne (Homo sapiensHomo sapiens) a choisi la vie en communauté, passant d'un caractère plutôt agressif de chasseur à un caractère plus reposé. Ce changement de mode de vie aurait provoqué un rétrécissement du crâne et du visage de quelque 15 %, et l'apparition d'un menton, résultat de modifications hormonales profondes destinées à nous sociabiliser.
À gauche, un crâne d'Homme moderne (Homo sapiens), avec menton, et, à droite, un crâne d'Homme de Néandertal (cousin d'Homo sapiens), sans menton. © Tom Schoon, université de l’Iowa
Un menton lié à l’invention de la cuisine ?
Une autre étude, menée à l'université de Floride, précise que l'apparition du menton coïnciderait avec la maîtrise du feu. Dès lors, en effet, les Hommes ont privilégié la consommation d'aliments cuits et les besoins en mastication ont été moindres. Selon cette étude, l'histoire se serait jouée il y a quelque 2 millions d'années (à noter que la date retenue habituellement pour la domesticationdomestication du feufeu est 400.000 ans avant notre ère).
L'apparition du menton correspondrait donc à une dérive génétique liée à une réduction de la taille de nos dents. Mais à une dérive génétique assez exceptionnelle puisqu'elle est survenue près de 80 fois plus rapidement que les mutations génétiques classiques.