Est-il vrai que l’être humain est moins poilu depuis que l’on porte des vêtements ? Bonne question ! Quand on y pense, on fait partie des seuls animaux qui n'ont que très peu de poils. Et pourtant, si l'on en croit les représentations que l’on peut voir dans les manuels d’histoire, nos ancêtres préhistoriques étaient tout de même sacrément velus ! Alors, est-ce qu’on a perdu nos poils en même temps que nous nous sommes vêtus ?
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Retrouvez le podcast à l'origine de cette retranscription dans Science ou Fiction. © Futura
Bon, déjà, commençons par le commencement.
Les poils, ça sort d’où ?
Eh bien, ils sortent du derme, une des couches de cellules qui composent notre peau. Il y a d'ailleurs plusieurs couches, à commencer par l'épiderme, la couche la plus en surface ; le derme, celle qui se trouve, donc, juste en dessous ; et l'hypoderme, vous l'aurez deviné, encore plus en dessous. Et c'est dans le derme, donc la couche au milieu, que le poil naît. On y trouve le bulbe, ou racine, qui loge de nombreuses cellules dont vous avez probablement déjà entendu parler : les cellules souches. Vous savez, ce sont ces cellules indifférenciées qui peuvent se transformer aussi bien en cellule osseuse qu'en cellule cardiaque ou... en tige de poil. Cette fameuse tige qui sort du bulbe se développe, quant à elle, dans l'épiderme et est composée de trois couches : le cortex, la medulla et la cuticulecuticule.
Futira avait déjà évoqué ce sujet dans l'épisode sur les poils qui repoussent drus après le rasage, enfin, soit disant. En science, les poils, ainsi que les cheveux et les ongles, sont appelés phanèresphanères, et de nombreux êtres vivants en possèdent : les mammifèresmammifères, évidemment, mais aussi les arthropodesarthropodes, comme les mygales par exemple, ou encore les annélidesannélides. Oui oui, il existe des vers poilus qu'on appelle les polychètes. Mais il y a aussi des poils sur les végétaux ! Et si ! On les appelle trichomestrichomes, et ils servent à protéger la plante, surtout s'ils sont transformés en épines. Bref, y a des poils partout ! Et qu'on soit chat, humain ou mygale, ils suivent tous le même cycle de vie.
Un même cycle pour tous, mais de durées différentes
Et d'ailleurs, les poils suivent tous le même cycle de développement. Alors oui, vous allez me dire que nous, humains, nous n'avons pas autant de poils que les autres animaux, justement. Ben, après c'est une affaire de goût ! Quoi qu'il en soit, qu'on soit poilu ou pas, on commence le cycle avec la phase anagène, donc, entre guillemets, la « jeunesse du poil » ; puis la phase qu'on appelle catagène, où le poil arrête de grandir et s'use, et enfin la phase télogène, donc sa mort. Chez les humains, la duréedurée de ce cycle peut varier selon les zones du corps. Par exemple, elle sera de 9 mois pour les avants-bras, mais de 18 mois pour les aisselles, de 6 à 7 mois pour la moustache, et de 2 à 6 ans pour les cheveux. Ben oui, les cheveux, ce ne sont rien d'autres que des longs poils de tête en fin de compte.
Mais alors où sont-ils passés ?
Si on a des poils, c'est pour une bonne raison. Par exemple, pour les animaux, la fourrure fait office d'isolant thermique, obligatoire pour l'équilibre de la température corporelle. Les oiseaux, eux, ont des plumes pour les tenir chaud et oui, elles sont bien constituées de la même matièrematière que nos cheveux ! La nature est bien faite, n'est-ce-pas ? Chez certains animaux, il existe même un mécanisme de thermorégulation rendu possible grâce à la densité de poils. La thermorégulation, c'est ce qui fait que les chiens, par exemple, qui sont des animaux très poilus, vont avoir bien chaud en hiverhiver grâce à leurs poils, mais ne vont pas crever de chaud en été ! Dans ce cas-là, leur toison les protège de la chaleurchaleur.
Eh oui, c'est pile-poil comme il faut ! En plus de ça, chez d'autres espècesespèces, la présence de ce pelage va servir de moyen de camouflage, grâce à une couleurcouleur ou un motif spécifique. Mais bon, vous me direz, chez l'être humain, les poils ne servent pas ou plus à conserver la chaleur, ni à jouer à cache-cache. Nous avons en effet une pilosité très réduite, et contrairement aux idées reçues... Eh bien, non, ce n'est pas à cause du fait que nous portons des vêtements, et que théoriquement, les poils ne nous sont plus d'aucune utilité. Même si ça pourrait être logique.
On pourrait imaginer, par exemple, que le frottement des vêtements aurait fait chuter les poils, et que de génération en génération, petit à petit, ça aurait influé sur l'expression des gènes qui permettent la croissance des poils, puisque ceux-ci ne nous étaient plus d'aucune utilité dans notre survie et notre adaptation à l'environnement.
“Il est tout de même étonnant que la nudité ait été un avantage, étant donné que notre peau est particulièrement sensible aux rayons ultraviolets… ”
Mais ce n'est pas tout à fait ça. En fait, peut-être savez-vous que nos ancêtres vivaient sur le continent africain, dans les forêts. Ben, vous allez voir. Ils ont par la suite pris la route pour sortir d'Afrique, et sont donc passés du climat tropicalclimat tropical des forêts, à un climat très chaud et sec dans la savane. Ils auraient donc perdu leurs poils à ce moment-là, puisque, exposés ainsi à la chaleur, leur fourrure pouvait devenir assez handicapante. Enfin, leurs poils ne sont pas tombés du jour au lendemain. C'est plutôt que les individus moins poilus avaient un avantage sur les autres et auraient eu plus de chances de survie. La sélection naturellesélection naturelle se serait chargée du reste. C'est comme ça qu'on aurait perdu nos poils ! Enfin pas tous bien sûr, mais maintenant ils sont bien moins nombreux, vous en conviendrez, et beaucoup plus fins qu'à l'époque !
Après, bien sûr, tout ceci n'est qu'une hypothèse, parce qu'il est tout de même étonnant que la nudité ait été un avantage, étant donné que notre peau est particulièrement sensible aux rayons ultraviolets... C'est à peu près ça oui. Mais une autre théorie suggère que, comme la fourrure est un nid à parasites, mais tout de même bien pratique pour lutter contre le froid, nos ancêtres n'en auraient plus eu besoin car ils savaient construire des abris et faire du feufeu. Ainsi débarrassés de leur toison, adiós les parasitesparasites ! Cet avantage aurait été sélectionné puisque, qui dit moins de parasites dit moins de maladies, et qui dit moins de maladies dit, potentiellement, plus de partenaires sexuels. Résultat : une descendance plus nombreuse. In fine, si aujourd'hui on est presque 8 milliards d'être humain sur Terre, eh ben c'est peut être juste à cause d'une histoire de poils.
Oui, c'est vrai pardon, je m'emporte. En tout cas chez nous, les zones qui sont restées à peu près velues, et bah c'est pas pour rien ! Cela permet notamment de nous protéger de certaines bactériesbactéries ou autres pathogènespathogènes, notamment au niveau des poils qui couvrent nos parties génitales. C'est pour ça que vous pouvez vous épiler, hein, mais ces poils, s'ils sont là, c'est pour une bonne raison ! Alors faites tout de même attention avec cette pratique, ce serait dommage de risquer une infection bactérienne pour une simple petite touffe qui dépasse, non ?