Grande question ! On le sait, pour sa santé, mieux vaut consommer l'alcool avec modération. Mais est-ce juste une affaire de quantité, ou la façon de boire sa bière ou son mojito a-t-elle des conséquences sur les effets de la boisson dans le corps ? Voyons ce que dit la science à ce sujet.
au sommaire
Pour commencer, intéressons-nous au pourquoi du comment de cet énoncé. Pourquoi les pailles nous rendraient-elles ivres plus rapidement ? Il existe deux théories. Une qui est assez logique et une autre qui est un peu plus complexe, mais qui vaut le détour.
Découvrez la réponse en version audio dans notre épisode du podcast Science ou Fiction. © Futura
Dans la théorie
Commençons par une petite expérience que vous pouvez tester chez vous. Si vous remplissez deux verresverres d'eau et que vous buvez l'un à la paille et l'autre normalement, au verre, la première théorie prédit que vous ne mettrez pas le même temps à consommer le même volumevolume de liquideliquide. En gros, on aurait tendance à boire plus vite à la paille. Et donc, siroter un petit mojito bien frais, à la paille, aurait tendance à nous rendre ivre plus vite. C'est complètement logique. C'est d'ailleurs peut-être pour cela que l'on boit avec des pailles parfois, c'est pratique, c'est festif, et on boit plus vite. Excepté que... les seuls articles qui affirment que l'on boit plus vite à la paille sont ceux qui parlent justement de cette question d’alcool. Dans les faits, il est difficile de trouver un article scientifique qui confirme que l'on boit effectivement plus rapidement qu'au verre, même si ça pourrait sembler intuitif, en effet. Oui, ça se tient mais, en science, on s'appuie sur des observations mesurables et reproductibles, donc c'est un peu léger pour formuler un principe universel.
La deuxième théorie est basée sur un principe physiquephysique. La paille est un tube et, plongée dans un liquide, elle crée un vide, donc un endroit dépourvu d'oxygène. Seul le liquide voyage du verre à notre bouche. Et justement, la sensation d'ivresse proviendrait notamment, mais pas seulement, d'un manque d'oxygène. Même s'il n'y a pas de vrai consensus scientifique à ce sujet, certaines études suggèrent que la consommation d'alcoolalcool perturberait le transport de l'oxygène dans le sang. C'est pour cela que l'on aurait parfois la tête qui tourne quand on a un peu trop bu.
D'ailleurs, c'est généralement à ce moment-là qu'il faut vraiment s'arrêter de boire, à moins que vous teniez absolument à finir la tête dans la cuvette, ou au mieux, à devenir complètement ingérable. Des trucs pas cool quoi. Bref ! Évidemment, il n'y a pas que le manque d'oxygène qui joue, mais aussi l'éthanol, la moléculemolécule contenue dans l'alcool, qui est responsable de l'effet de ce genre de boissons. Mais le fait est que si l'on rajoute cette histoire de manque d'oxygène, c'est le combo gagnant. En plus de ça, lorsque l'on boit à la paille, le vide créé a pour effet de réduire le point d'ébullition de l'alcool. Qu'est-ce que ça fait à votre avis ? « Plus de vapeur » ! Exactement.
À cause de cela, des vapeurs d'alcool se dégagent et seront par la suite inhalées par le consommateur. Et devinez où elles vont ? Dans nos poumons, donc elles sont bien plus vite en contact avec notre sang. Donc, en gros, la paille augmenterait l'efficacité d'absorption de l'alcool dans votre corps.
Et dans la pratique ?
Ouais, c'est fort, mais ce sont des théories, des hypothèses qui n'ont jamais été prouvées scientifiquement. Alors, dans la pratique, ça donne quoi ? Il n'y a pas 36 expériences qui ont été faites à ce sujet, mais j'en ai quand même une pour vous qui peut être intéressante. Un groupe de onze jeunes adultes, composé de six femmes et cinq hommes, ont consommé la quantité qu'ils voulaient d'une boisson alcoolisée de leur choix. La première fois, ils ont bu au verre, et la deuxième fois, une semaine plus tard, avec une paille. Les deux fois, la même quantité de boisson a été consommée, durant un même laps de temps. Dans les deux cas, des prélèvements sanguins étaient réalisés au tout début, puis à 15 minutes, puis 30, puis 120. Pour vous donner une petite indication sur les boissons en question, deux personnes avaient pris une bière, deux autres de la tequila, deux autres encore du whisky, et deux derniers du rhum à 37,5°. Quant aux trois restants, ils avaient consommé pour l'un un vin mousseux, pour l'autre un vin rouge, et pour le dernier un rhum mais cette fois à 40°.
Même si cette énumération fait un peu tourner la tête, il est important de la noter parce que ces données ont une incidence directe sur l'alcoolémie de chacun des protagonistes. Par exemple, si on prend les personnes qui avaient bu une boisson avec un seuil élevé d'alcool comme le rhum, elles avaient un taux d'alcool beaucoup plus élevé entre 15 et 30 minutes, en ayant bu avec la paille que lorsqu'elles avaient bu de manière traditionnelle avec un simple verre. Après 120 minutes, la moitié d'entre elles avaient encore un taux élevé, alors que les autres avaient un résultat à peu près similaire à la consommation normale avec un verre.
En conclusion, les personnes qui ont bu une boisson à pourcentage d'alcool élevé ont eu une alcoolémie plus importante en buvant avec une paille qu'avec un verre. Alors que, pour ceux qui ont bu de la bière ou du vin, le taux d’alcool était le même, peu importe le mode de consommation. Toute cette expérience laisse penser que lorsque l'on boit un alcool fort avec une paille, la vitessevitesse de passage de l'alcool dans la circulation sanguine serait plus rapide. Alors, c'est réglé ! Voilà, boire à la paille rend ivre plus rapidement. Oui, mais ! Il y a quand même un « mais ».
“Lorsque l’on boit un alcool fort avec une paille, la vitesse de passage de l’alcool dans la circulation sanguine serait plus rapide”
Certes, cette étude est intéressante parce que l'on voit que les effets varient en fonction de la concentration en alcool dans une boisson. Mais il faut quand même la prendre avec des pincettes, parce qu'il n'y a que onze participants seulement, ce qui constitue un tout petit échantillon, et c'est donc difficile de tirer des conclusions qui s'appliquent à tout le monde. C'est une démonstration intéressante, mais il faudra plus d'études pour bien confirmer ces résultats.
Ce qu'en disent les scientifiques
La réalité, c'est qu'en fin de compte, dans l'ensemble, les scientifiques s'accordent à dire que plusieurs facteurs déterminent la vitesse à laquelle une personne va s'enivrer. Premièrement, et c'est assez logique : le pourcentage d'alcool que l'on trouve dans ladite boisson. Plus il va être élevé, et plus la sensation d'ivresse arrivera vite. Il en est de même pour la quantité d'alcool que vous ingurgitez, ainsi que votre vitesse de consommation. Cela dit, il faut aussi savoir que le fait d'être à jeun ou pas joue un rôle. Lorsque l'on n'a pas mangé, boire de l'alcool est assez déconseillé car la sensation d'ivresse est décuplée. Donc mieux vaut avoir l'estomac bien rempli et de préférence avec des aliments gras qui ralentissent l'absorption de l'alcool comme de l'avocatavocat ou un bon gros kebab.
Quoi qu'il en soit, il est important de connaître ses propres limites et de savoir s'écouter, parce que l'on ne gère pas tous l'alcool de la même manière. Les chercheurs ont notamment découvert qu'une personne sur trois d'origine chinoise, japonaise ou coréenne présente une particularité génétique qui fait qu'elle a du mal à tolérer l'alcool. Ces personnes ont généralement tendance à rougir et à connaître les symptômessymptômes d'une gueule de bois quasi instantanée dès qu'ils boivent de la bière, du vin ou des spiritueux.