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Georges Chapouthier

Georges Chapouthier

Biologiste Philosophe

Langage

Neurobiologie

De formation à la fois biologiste et philosophe, je veux affirmer ici, haut et fort, cette vérité : science et philosophie entretiennent des rapports étroits et nécessaires.

C’était déjà vrai du temps d’Aristote, père à la fois de la science et de la philosophie occidentale. Ca l’est encore bien davantage de nos jours. Les découvertes de la science ne prennent vraiment tout leur sens que dans de grandes synthèses, aux racines philosophiques importantes, comme la théorie du Big Bang, celles des univers-bulles, des particules élémentaires, les hypothèses de la complexité, de l’énergie, de la chimie, la théorie de l’évolution des espèces… A l’inverse, la réflexion philosophique doit, de nos jours, s’appuyer sur les données des sciences, si elle ne veut pas formuler des propositions erronées, voire dangereuses. Et ce, même dans des domaines qui ne relèvent pas de la science, comme la morale ou la métaphysique. Donner, par exemple, de limites morales à l’euthanasie ou aux droits de l’animal, essayer de cerner la place de l’homme dans le cosmos, supposent un minimum de connaissances de biologie ou de physique, pour bien savoir ce dont on parle.

Un effort de présentation claire et de discussion raisonnée des résultats scientifiques modernes, tel qu’il est proposé par Futura-Sciences, me semble donc à la racine même de l’information et de la réflexion d’un être humain d’aujourd’hui et digne de ce nom.

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Biographie

. Baccalauréat A Prime (1961, Paris), Math. élem., 1962, Paris
. Elève de l'Ecole Normale Supérieure (Ulm, Sciences) 1964, Paris
. Doctorat de 3ème cycle en Sciences biologiques, 1967, Strasbourg
. Nommé au Centre National de la Recherche  Scientifique, 1968
. Nommé Research Associate au Baylor College of Medicine (Houston) et détaché par le CNRS, 1969-1971, Houston
. Service Militaire effectué en tant que Scientifique du Contingent (Laboratoire de Biologie aéronautique, Service de Santé des Armées, Paris), 1972-1973
. Doctorat ès-Sciences Naturelles, 1973, Strasbourg
. Doctorat de 3e Cycle en Philosophie, 1977, Strasbourg
. Fondateur de la "Fondation Equipe Chapouthier" auprès de la Fondation de France, destinée à aider financièrement de jeunes chercheurs sans revenu régulier et travaillant au laboratoire (1985-2000)
. Doctorat ès-Lettres et Sciences Humaines (Philosophie), 1986, Lyon
. Directeur de Recherche (DR1) au C.N.R.S, depuis 1992
. Auteur de nombreux article scientifiques et philosophiques.
. Spécialiste, en neurobiologie, de l'anxiété et de la mémoire chez les souris
. Spécialiste, en philosophie, des rapports entre humanité et animalité et de la complexité du vivant
. A effectué de nombreux cours et prononcé de nombreuses conférences dans les universités françaises et étrangères
. Auteur nombreux livres parmi lesquels : Au bon vouloir de l'homme, l'animal, Editions Denoël, Paris,1990 ; L'homme, ce singe en mosaïque, Editions Odile Jacob, Paris, 2001 ; Qu'est-ce que l'animal ?, Editions le Pommier, Paris, 2004 (traduit en espagnol et en coréen) ; L'animal humain - Traits et spécificités, livre collectif, Editions L'HarmattanHarmattan, Paris, 2004 ; Biologie de la mémoire, Editions Odile Jacob, Paris, 2006 ; L'être humain, l'animal et la technique, avec M-H Parizeau, livre collectif, Les Presses de l'Université Laval, Québec, Canada, 2007 ; Kant et le chimpanzéchimpanzé - Essai sur l'être humain, la morale et l'art, Editions Belin, Paris, 2009

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métier

La vie d’un biologiste-philosophe

Il n’y a  guère de « journée-type ». En recherche scientifique, la norme c’est, au contraire, le changement permanent. Même si la présence au laboratoire occupe l’essentiel du temps, il est des matinées qui se passent à enseigner, il est des journées qui se passent en province pour des jurys de thèse, des journées qui se passent à l’étranger pour des colloques. Il arrive même quelques passages occasionnels à la radio ou à la télévision, plus rares, il est vrai, pour des chercheurs que pour d’autres professions, plus médiatiques. Et la vie de laboratoire elle-même est une succession de projets expérimentaux tous nouveaux, tous différents.

Le matin, mon activité de chercheur au CNRS en neurobiologie me mène, en général, à mon laboratoire, situé à La Pitié-Salpêtrière, qui dépend de l’université Pierre et Marie Curie. Là je rejoins mes collègues chercheurs et mes étudiants en thèse. Comme j’ai atteint un certain âge, ma fonction consiste plutôt à animer, à impulser des idées, à donner des conseils. Une activité, très centrée sur la réflexion, et tout à fait compatible (heureusement) avec la réflexion plus théorique, plus abstraite, qui est la mienne en tant que philosophe.

Mon thème de recherche en neurobiologie, depuis près de quarante ans, c’est l’étude de l’anxiété et de la mémoire chez les souris. Cela m’a mené, avec mes collègues, à mettre en évidence le lien très fort qui existe, justement, entre anxiété et mémoire : pour apprendre bien, il faut une anxiété légère. J’ai dit : « légère » ! Et puis, notre groupe a mis en évidence des rapports entre anxiété et perte de l’équilibre, l’existence de gènes facilitant l’anxiété chez les souris, l’action « anxiogène » (c'est-à-dire produisant de l’anxiété, au contraire de celle des « anxiolytiques ») de certaines molécules… Maintenant j’aide des plus jeunes que moi à entamer leurs recherches, à planifier leurs expériences, à préparer leurs exposés dans les colloques, à écrire leurs articles, leurs thèses…

Je dois aussi veiller à ce qu’ils traitent avec respect et éthique leurs animaux d’expérience. Tiens, il me vient, tout d’un coup, une idée intéressante pour mon prochain livre de philosophie sur les rapports de l’être humain et de l’animal. Je m’apprête à la noter quand…

-- M’sieur, m’sieur, j’ai cassé mon chronomètre ! Que dois-je faire ?, me confie un étudiant affolé.

Oui, dans le domaine de la philosophie, mes rapports avec les animaux, au laboratoire mais aussi dans la vie courante (car, depuis toujours, j’ai été attiré par les animaux), m’ont amené à réfléchir, plus précisément, sur l’éthique de l’homme à l’égard des bêtes, sur les droits de l’animal, sur les différences entre l’animalité et l’humanité, puis, plus généralement, sur la manière dont est constituée la complexité des organismes vivants. Tiens, il faut que je n’oublie pas de téléphoner à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques (IHPST), rue du Four, que je fréquente beaucoup en tant que philosophe, pour dire que je ne pourrai assister, ce soir, à une importante conférence, car j’ai promis de recevoir à dîner un collègue biologiste de passage à Paris et…

-- M’sieur, m’sieur, j’ai laissé échapper mes souris ! Que dois-je faire ?, me confie un étudiant affolé.

On l’aura compris : être biologiste et philosophe offre une vie animée et pleine de surprises !