au sommaire


    Et si on expliquait les limites de la vaccinationvaccination par une métaphore d'une rivière envahie de poissonspoissons ? Les problèmes liés à ces telles pratiques deviennent alors plus évidents...

    Le virus du Sida est en fait une sphère constituée d’une membrane lipidique, comme les membranes qui entourentles cellules.© Visualscience,CC BY-SA 3.0

    Le virus du Sida est en fait une sphère constituée d’une membrane lipidique, comme les membranes qui entourent les cellules. © Visualscience, CC BY-SA 3.0

    Extrait de Ni Dieu ni gènegène par J.-J. Kupiec et P. Sonigo (Seuil, 2000) :

    Un phénomène tel que la vaccination peut-il émerger d'interactions entre des éléments ne cherchant qu'à se nourrir, sans aucune coordination programmée, ni reconnaissance préalable du soi et du non-soi ? Dans ces conditions, comment expliquer l'apprentissage immunologique ? Comment expliquer que des rappels sont nécessaires pour maintenir l'efficacité du vaccinvaccin à long terme ?

    Pour répondre à ces questions, nous allons aborder la dynamique des relations proie-prédateur et montrer dans un exemple imaginaire que les techniques usuelles de vaccination (c'est-à-dire l'injection de l'agent infectieux sous une forme inoffensive) pourraient être utilisées pour vacciner une rivière contre les poissons rouges.

    Dr Clairefontaine (directeur de l'Institut de santé des Rivières) : Certaines de nos rivières sont menacées par une étrange rougeolerougeole. Ces troubles résultent d'une prolifération de poissons rouges qui entraînent des conséquences pathogènespathogènes multiples. À la suite de fortes pluies, les poissons peuvent venir d'un réservoir dans lequel leur présence ne pose curieusement aucun problème. Par contre, lorsque ces poissons infestent nos rivières, ils mangent les alguesalgues et les insectesinsectes qui purifient l'eau. En conséquence, la composition de l'eau change et tous les animaux et les plantes de la rivière en souffrent. Tous les organes de l'écosystèmeécosystème de la rivière tombent malades. Il faut absolument éradiquer ces poissons.

    Dr Drugdesign : Il suffit de concevoir un « antipoissotique ». Afin d'éviter la toxicitétoxicité pour les poissons inoffensifs qui habitent naturellement la rivière, il suffit de connaître la forme moléculaire exacte de la bouche du poisson rouge, afin de pouvoir dessiner un insecte empoisonné qui s'adaptera spécifiquement à la bouche de ce poisson toxique. De cette façon, les gentils poissons ne l'avaleront pas.

    Dr Ecolovaccin : Vous allez empoisonner toutes nos rivières ! Les gros poissons pourront aussi manger les insectes empoisonnés, quelle que soit leur forme, surtout si leur nourriture habituelle se raréfie ! J'ai une meilleure idée. Élevons une quantité considérable de poissons rouges dans notre aquarium expérimental. Puis nous les anesthésierons pour qu'ils ne causent aucun dégât, avant de les injecter massivement dans nos rivières.

    Dr Drugdesign : Qu'est-ce que c'est cette histoire ? Injecter des poissons endormis dans une rivière ! Comment voulez-vous que cela ait un effet quelconque ?

    Dr Ecolovaccin : C'est simple. Les martins-pêcheurs vont venir s'installer au bord des rivières ainsi inoculées pour manger les poissons endormis. Ces oiseaux vont se multiplier au delà de leur nombre habituel, étant donné l'abondance et la facilité de capture de leur nourriture favorite. L'année prochaine, les oiseaux seront tellement nombreux qu'ils contrôleront facilement la prolifération des poissons rouges.

    Dr Drugdesign : Mais vous devrez injecter des poissons régulièrement pour maintenir une population suffisante de martins-pêcheurs. Nous n'allons pas gaspiller notre temps et notre argent à élever des poissons rouges pour nourrir ces oiseaux !

    Dr Ecolovaccin : Il est certain que lorsque les poissons seront consommés, la population de martins-pêcheurs va diminuer. Mais, elle ne diminuera pas en deçà de ses niveaux antérieurs. Il restera certainement quelques oiseaux de trop, comme mémoire de la période d'abondance. Étant donné la longue durée de vie de ces animaux, je pense qu'un rappel de poissons anesthésiés tous les dix ans suffira largement.

    Dans cette fable, il suffit de considérer les poissons comme un agent infectieux et les martins-pêcheurs comme des globules blancsglobules blancs capables de les avaler pour obtenir l'équivalent troublant d'une expérience de vaccination. La vaccination résulterait dans ce cas des variations du nombre de proies (les poissons rouges) et de leurs prédateurs (les martins-pêcheurs)...