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Pourquoi ne parvient-on pas à développer un vaccinvaccin efficace contre le SidaSida ? Est-ce parce que le VIHVIH est vraiment un virus particulier ou parce qu'il faut revoir notre façon d'aborder l'immunitéimmunité ?
Techniques de fabrication de vaccins. © Skeeze CC0, Domaine public
Les succès de la vaccinationvaccination, associés aux développements de la virologie et de l'immunologie modernes, nous ont incités à croire que les principes de l'immunisation étaient totalement élucidés et facilement applicables à l'ensemble des germesgermes. En fait, si les techniques de fabrication des vaccins ont énormément progressé, les concepts de la vaccination, bâtis sur les observations de pionniers comme Louis Pasteur ou Edward Jenner n'ont pas changé. Les idées sous-jacentes à la science vaccinale du XXIe siècle sont celles du XIXe siècle : il existerait en nous un système capable d'apprendre, de reconnaître et de combattre nos ennemis microscopiques. Mais cette théorie classique montre que son champ d'application n'est pas infini.
Face aux principes solidement établis de l'immunisation, pourquoi les vaccins préventifs qui depuis plus d'un siècle nous ont délivré de nombreuses maladies infectieuses et ont même éradiqué la variolevariole, ne sont-ils pas capables de nous débarrasser du VIH ? Même si certaines réponses ont été avancées il faut bien reconnaître qu'aujourd'hui personne ne peut répondre clairement à cette question. Les virus contre lesquels existent des vaccins efficaces sont ceux-là même dont il est possible de guérir spontanément. Dans le cas du VIH, l'infection persiste, et on ne connaît pas de cas de guérisonguérison [depuis la rédaction de ce dossier, on considère que le Britannique Timothy Brown est la seule personne à avoir guéri du Sida, NDLRNDLR]. Il s'agit donc de faire mieux que la nature, ce qu'aucun des vaccins connus n'est capable de faire. Malheureusement, l'échec de la vaccination est général pour les micro-organismesmicro-organismes qui provoquent des infections dont on ne guérit pas spontanément. C'est le cas de l'herpèsherpès, de l'hépatite Chépatite C... Le problème est-il purement technique ou théorique ?
Le VIH, ici à l'image, existe sous deux formes : le VIH-1 et le VIH-2. Ce premier type est majoritaire et plus contagieux que ce second. © DR
Dans le passé, les vaccins étaient conçus comme un processus d'apprentissage nécessaire à la mise en route d'une armée de lutte contre les infections. La métaphore guerrière a longtemps dominé l'immunologie. L'armée de nos globules blancs devait apprendre à reconnaître l'uniforme de l'ennemi pour mieux le combattre. Mais que l'uniforme soit reconnu ou non, cela ne permet pas d'éliminer certains micro-organismes comme le virus du sida. Est-ce l'armée qui n'est pas assez puissante ou notre vision du système immunitairesystème immunitaire qui est périmée ? De plus en plus, les relations entre le virus et l'organisme sont interprétées non comme une guerre mais comme le résultat d'équilibres plus ou moins stables (voir page suivante). Quand l'équilibre entre le virus et l'organisme est stable, l'infection s'installe à long terme. Au contraire, un équilibre instable peut être préférable, s'il signifie la guérison. Avec le Sida, le défi est donc de réussir à faire basculer, dans le sens de la guérison évidemment, un équilibre trop stable. L'écologieécologie nous a appris que les équilibres naturels étaient difficiles à modifier de manière contrôlée et prévisible. Ils sont souvent complexes et leurs fluctuations suivent les lois que les mathématiciensmathématiciens ont baptisées chaos. Ces concepts permettront d'approcher différemment l'immunité. De passer d'une conception militaire à une vision écologique de la vaccination, avec à la clé, peut-être, les solutions tant attendues.