1 : Une stratégie reposant notamment sur un « gène-suicide »

Le Pr. David Klatzmann (UMR 7087 CNRS/UPMC « Biologie et Thérapeutique des Pathologies Immunitaires » et Service de Biothérapies, AP-HP) travaille au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les maladies auto-immunes ainsi que pour la maladie du greffon contre l'hôte, complication fréquente des greffes allogéniques de moelle osseuse (le donneur de moelle n'est pas le malade).

Objectif commun de ces travaux : maîtriser la réaction immunitaire. Trois essais thérapeutiques sont ainsi prévus dont le premier vient de démarrer.

a - Prévention de la maladie du greffon contre l'hôte (GVH) dans le traitement des leucémies : les malades atteints de leucémie reçoivent une greffe de moelle osseuse, comprenant notamment des cellules souches hématopoïétiques et des lymphocytes T, qui vise à éliminer les cellules leucémiques.

Ces greffes indispensables à leur guérison peuvent néanmoins conduire au déclenchement de la GVH dont la mortalité est extrêmement élevée : 15 % dans les cas les plus favorables (donneur génoidentique) jusqu'à plus de 30 % s'il s'agit d'un donneur non apparenté.

L'équipe du Pr. Klatzmann a mis au point une technique permettant de réduire ces risques. Celle-ci consiste à introduire dans les lymphocytes T greffés un gène-suicide. En cas de GVH, le gène-suicide est activé par un médicament (Ganciclovir) qui se transforme en une substance toxique détruisant les lymphocytes responsables de la GVH sans endommager les autres cellules. Un essai clinique qui concerne 12 patients vient de débuter. Il est destiné à prouver la sécurité et l'efficacité de cette approche thérapeutique.

b - Prévention de la GVH dans le traitement les maladies auto-immunes avec myélodysplasie : ce projet vise à permettre de pratiquer des greffes de moelle osseuse allogénique pour le traitement des maladies auto-immunes les plus sévères. Ces greffes sont potentiellement curatives pour ces pathologies très invalidantes, voire mortelles. Cependant elles ne peuvent être envisagées que si le taux de mortalité lié à la GVH descend à moins de 5%, ce qui devrait être établi dans l'essai précèdent.

L'objectif du traitement est ici de remplacer le système immunitaire autoréactif des malades par un système immunitaire normal. Il faut noter que la situation pourrait être plus favorable que dans l'essai précèdent dans la mesure où le patient n'a pas de maladie maligne. Les maladies auto-immunes concernées sont les formes sévères de la polyarthrite rhumatoïde, la sclérodermie et les polymyosites. Dans un premier temps, seuls les malades justifiant d'une greffe pour des complications de leur traitement seront inclus. Pour ces deux essais utilisant la même technologie, l'AFM et l'AP-HP financent l'achat des lots de vecteurs.

Le premier a déjà été produit  ; le deuxième est actuellement produit en collaboration avec Généthon. L'AP-HP finance l'essai « leucémie » et l'AFM l'essai « maladies auto-immunes ».

c - Administration de lymphocytes T régulateurs dans les maladies auto-immunes : les lymphocytes T régulateurs (Treg) jouent un rôle majeur dans la prévention des maladies auto-immunes. Leurs potentialités thérapeutiques ont été largement démontrées chez la souris par de nombreuses équipes, et notamment pour les polymyosites par l'équipe du Pr. Klatzmann. Parallèlement, cette équipe a mis au point les conditions nécessaires à la purification et à l'expansion des Tregs humaines pour une utilisation clinique. Les données pré-cliniques et la méthodologie développées devaient permettre la mise en route en 2006 d'un protocole clinique dans les polymyosites. Par ailleurs, les cellules Treg pourraient potentiellement être utilisées dans des pathologies telles que le diabète, le lupus, la sclérose en plaques ainsi que pour le traitement des rejets de greffes.