Les vecteurs

Les vecteurs

Le nom tsé-tsé donné aux glossines provient de leur dénomination par les Africains de l'ethnie Matabélé en référence au bruit accompagnant son vol. Ce nom a été popularisé par les écrits de Gordon Cumming (« Five years of a hunter's life in the far interior of Africa », 1850). Ce nom désigne aujourd'hui l'ensemble des 31 espèces ou sous-espèces rattachées au genre Glossina.

La glossine ou mouche tsé-tsé est un diptère, insecte avec une seule paire d'ailes, repliées en ciseaux sur le dos au repos, dont les deux sexes sont hématophages (se nourrissent de sang)

<br />Schéma du cycle de reproduction d'une glossine : accouplement, développement de l'œuf et de la larve dans l'utérus de la femelle, ponte d'une larve au stade 3, transformation en pupe et émergence d'un nouvel adulte. <br />&copy; D. Cuisance, Cirad-emvt

Schéma du cycle de reproduction d'une glossine : accouplement, développement de l'œuf et de la larve dans l'utérus de la femelle, ponte d'une larve au stade 3, transformation en pupe et émergence d'un nouvel adulte.
© D. Cuisance, Cirad-emvt

Les pièces buccales sont adaptées à la piqûre et à la succion. Le mode de reproduction est bien particulier, puisque les femelles sont vivipares et donnent naissance à des larves au dernier stade, prêtes à entrer en pupaison. (Voir schéma ci-dessus)

Même si des glossines fossiles ont été observées dans des sédiments de l'ère tertiaire sur le continent nord-américain, actuellement elles ne sont présentes que sur le continent africain. Leur répartition en Afrique suit grossièrement les zones écoclimatiques en bandes parallèles à l'équateur entre le 15ème parallèle nord et le 20ème parallèle sud. Les zones montagneuses d'Afrique de l'Est modifient cette répartition, les mouches devenant très rares au-dessus de 2000 m.

Cette mouche a eu un impact significatif sur l'histoire des hommes en Afrique. Elle a en effet décimé les chevaux et dromadaires des explorateurs et des armées mahométanes, limitant leur pénétration en régions tropicale et équatoriale. Son impact est toujours considérable sur la santé humaine et animale, et sur le développement.

Les 31 espèces ou sous-espèces du Genre Glossina sont divisées en 3 groupes :

<br /><em>Glossina palpalis</em>, mouche tsé-tsé qui transmet la maladie du sommeil. <br />&copy;  Hervy, Jean-Paul - IRD

Glossina palpalis, mouche tsé-tsé qui transmet la maladie du sommeil.
© Hervy, Jean-Paul - IRD

  • Le groupe palpalis (sous genre Nemorhina), qui regroupe 9 espèces de petite taille ; ces espèces se rencontrent dans les zones humides, dans les galeries forestières, mais aussi dans les plantations de café, cacao, manguiers ou bananiers. Ce sont des vecteurs des trypanosomes pathogènes pour l'homme et pour l'animal.
  • Le groupe morsitans (sous genre Glossina), qui comprend 7 espèces de taille moyenne ; on les rencontre plutôt en zones savanicoles et dans les forêts claires. Ce sont aussi des vecteurs pour l'homme et l'animal.
  • Le groupe fusca (sous genre Austenina), qui regroupe 15 espèces de grande taille des régions forestières ou des mosaïques forêt-savane. Leur rôle vecteur est important essentiellement pour la faune sauvage.

Au niveau de l'anatomie des glossines, il faut retenir deux points importants :

- L'appareil piqueur, ou proboscis, situé sous la tête. Il comprend une lèvre inférieure ou labium, un hypopharynx et une lèvre supérieure ou labre. L'ensemble est protégé par deux palpes maxillaires et forme une trompe, longue et fine, dirigée vers l'avant comme une baïonnette.

<br />Accouplement de <em>Glossina fuscipes fuscipes</em> (Centrafrique). <br />&copy; Meunier, Jean-Yves - IRD<br />

Accouplement de Glossina fuscipes fuscipes (Centrafrique).
© Meunier, Jean-Yves - IRD

- L'appareil reproducteur femelle, composée de deux ovaires contenant chacun deux ovarioles, et dont les oviductes débouchent dans un utérus. Il s'agit d'une poche extensible dans laquelle l'œuf fécondé va poursuivre ses 3 stades larvaires. La larve se développe ainsi entièrement dans l'abdomen de la glossine femelle ; elle est nourrie par les sécrétions d'une glande utérine. La glossine est donc vivipare, car elle donne naissance (véritable accouchement) à une larve de 3ème stade prête à se transformer en pupe).

La durée du cycle biologique fait qu'une femelle ne donnera naissance qu'à 6 à 8 larves au cours de toute sa vie, qui durera 3,5 mois en moyenne. Cette fécondité est très faible, en comparaison à d'autres insectes comme les moustiques ; mais la mortalité des larves est limitée du fait qu'elles s'enfouissent dans le sol aussitôt nées. Dans le sol la larve se transforme en pupe d'où un nouvel adulte émergera 20 à 80 jours plus tard en fonction des conditions de température et d'humidité.

Chez les glossines, mâles et femelles sont hématophages. Ces mouches prennent un repas tous les 3 à 5 jours en moyenne, et ce repas est indispensable aux femelles pour le développement des œufs et des larves. Les glossines sont en général très opportunistes pour le choix de l'hôte et elles peuvent se nourrir aussi bien sur des mammifères que sur des reptiles (crocodiles, varans), c'est le cas en particulier des espèces du groupe palpalis dans les galeries forestières.