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La réponse à la question « mais à quoi servent donc l'éducation et l'instruction ? » pourrait se trouver tout simplement dans cette réponse laconique : à amener progressivement l'enfant vers l'autonomieautonomie. C'est-à-dire le pousser à pouvoir subvenir à ses besoins sur tous les points de vue économique, relationnel et affectif sans tomber dans les pièges de la dépendance ou de l'indépendance. Et la réponse à la question « à quoi sert l'interdit ? » pourrait s'expliciter de la manière suivante : l'interdit est le rempart obligé, face à l'expression des passions et des pulsions non sublimées.
Par les limites désignées à ne pas dépasser, l'interdit permet aux enfants, aux hommes et aux femmes à l'éducation imparfaite ou non terminée de pouvoir continuer à vivre ensemble en relative bonne intelligenceintelligence tout en goûtant d'un certain sentiment de liberté personnelle qu'il se doit de respecter en même temps que la liberté des autres.
Contraintes et sanctions
C'est ce que l'on appelle faire des compromis. Ce qui n'est jamais facile pour un enfant et l'est encore moins pour un enfant intellectuellement précoce (EIP) qui aura toujours tendance à vouloir argumenter, faire ce qu'il entend ou prendre le pouvoir d'une manière ou d'une autre. À vrai dire, un homme « parfait » totalement libre et raisonnable ne peut vraiment exister, hormis quelques rares exceptions ayant naturellement acquis la valeur de soi, des autres et de l'environnement.
C'est pourquoi la société, par les lois, les codes et les règles à respecter, se voit obligée sans cesse de rappeler les fondamentaux de la morale et de sanctionner au besoin les individus contrevenants de manière éclairée et pondérée selon le contexte afin de préserver chez tout individu, sanctionné ou non, le sentiment d'une nécessaire sécurité intérieure et d'une justice égale et mesurée pour tous.
Ces contraintes réglementaires sont absolument obligatoires si l'on ne veut pas voir naître ici ou là trop de réactions d'autodéfense ou d'autopunition disproportionnées faisant le plus souvent le lit de la tyrannie, des règlements de compte barbares, de la ségrégation, de l’esclavagisme, de la soumission exagérée ou de la culpabilité morbide. Plutôt que de percevoir règles, codes et interdits comme des moyens ou des systèmes répressifs à l'encontre des libertés individuelles, il serait plus judicieux de les considérer comme des garde-fousgarde-fous, des guides de bonne conduite et de savoir-vivre qui auraient pour seuls torts d'être légiférés mais aussi et surtout d'être trop souvent bien mal interprétés.
Des interdits à poser très tôt
Et c'est en cela que l'acceptation des règles de bonnes conduites doit impérativement commencer dès le biberon. En cela, nous laissons le lecteur, surtout s'il est jeune maman, s'imprégner des recommandations du pédiatrepédiatre Brazelton et du psychologue Dumesnil car, contrairement à ce que la majorité des femmes notamment occidentales pensent, ce n'est pas au père que revient le devoir de mettre des limites ou de réprimander. Rien n'est en effet plus nocif pour le devenir d'un enfant que d'avoir une mère hyperprotectrice et permissive qui délègue l'accès à l'autorité et des limites à ne pas dépasser en faisant agir un père instrumentalisé beaucoup trop tard quand les travers éducatifs sont déjà fixés de longue date.
Une position inverse autoritariste est tout aussi nuisible, comme l'a mis si bien en scène Hervé Bazin dans son roman autobiographique Vipère au poing.