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Si l'audiométrie permet d'évaluer la sévérité des pertes auditives, il est plus difficile de mesurer les risques d'exposition aux bruits, qui varient fortement d'un endroit à un autre. C'est donc à chacun de se prémunir des troubles auditifs !
Principe de l'audiométrie : mesurer la perte d'audition
L'étude métrologique de l'audition (ou audiométrie) permet de tracer l'audiogramme (voir image ci-dessous), graphique en coordonnées rectangulaires sur lequel sont portées en abscisse les fréquences (suivant une échelle logarithmique) et, en ordonnée, les niveaux sonores.
Le sujet expérimenté écoute au casque un son sinusoïdal de fréquence donnée dont on fait varier le niveau : à chaque fois qu'il perçoit un son, il appuie sur un bouton, ce qui permet, en changeant les fréquences, de déterminer oreille par oreille le seuil d'audibilité pour chaque fréquence. La perte d'audition se détermine en comparant cette valeur au seuil d'audibilité normalisé.
La technique audiométrique permet de déterminer avec une précision assez bonne les éventuelles pertes auditives chez tous les types de sujets, bien que les expérimentations ne soient réalisées qu'avec des sons purs.
Parmi les appareils développés au cours de l'histoire de l'évolution des audiogrammes, l'équipement de mesure appelé Audioscan possède la particularité de pouvoir fournir des résultats très précis permettant de déterminer très tôt certaines atteintes de la fonction auditive, discrètes mais bien présentes. Ce nouvel outil avait été utilisé avec succès dans le cadre de l'opération Oreilles en scène, campagne de sensibilisation sur les risques auditifs liés à l'exposition à de la musique trop fortement amplifiée, menée à Nancy durant l'automneautomne 1994 par C. Meyer-Bisch.
Évaluation des risques liés aux loisirs musicaux
La détérioration précoce des performances auditives chez les personnes fréquentant les lieux de loisirs musicaux (généralement des jeunes adultes) est due à plusieurs facteurs :
- tout d'abord, des facteurs intrinsèques (les antécédents génétiques en particulier) ;
- les facteurs extrinsèques ensuite, liés à l'environnement (exposition professionnelle, pratique du tir, loisirs musicaux...)
Le danger représenté par une exposition au bruit dépend de deux facteurs :
- le niveau sonore ;
- la durée d'exposition.
Cependant, les couples « niveau sonore, durée d'exposition à risques » sont mal connus aujourd'hui. De plus, alors qu'une ambiance sonore de 85 dB(A) est dangereuse pour le système auditif, la sensation de douleurdouleur n'apparaît qu'à partir de 120 dB(A), ce qui laisse une vaste zone d'exposition à risque sans que l'organisme n'en soit alerté...
Enfin, il est souvent difficile d'établir le lien de causalité entre les niveaux sonores musicaux et les déficiences auditives. En effet, contrairement aux conditions de travail pour lesquelles les niveaux sont constants, dans le cas de la musique, un grand nombre de paramètres varie : il est difficile de mesurer les durées d'exposition par exemple. De même, les niveaux atteints ne sont pas les mêmes d'un concert à l'autre, d'une discothèque à une autre. Enfin, chaque type de musique engendre des spectres sonores propres (par exemple, une musique plutôt aiguë est plus dangereuse qu'une musique dont les fréquences dominantes seraient plus basses).
Conséquences sur l'audition
Les risques encourus lors de l'écoute de musique trop fortement amplifiée concernent des pertes d'audition neurosensorielles (liées aux mécanismes sensoriels de l'oreille et au nerfnerf auditif). Les conséquences peuvent être de deux ordres :
- des élévations temporaires du seuil d'audition (TTS : Temporary Threshold Shift) : celles-ci se produisent suite à une exposition plus ou moins prolongée à des niveaux sonores élevés, et disparaissent en général après quelques heures, voire quelques jours de repos (sifflements, impression d'oreilles bouchées). Cependant, ce genre d'affection est rarement bénin. En effet, les cellules ciliéescellules ciliées externes sont des filaments musculaires susceptibles de se fatiguer. Elles perdent de leur élasticité et, à terme, risquent de perdre leurs facultés à traduire les vibrations reçues de l'extérieur ;
- des élévations permanentes du seuil d'audition (PTS : Permanent Threshold Shift). La détérioration de ces cilscils engendre des sifflements autour de certaines fréquences caractéristiques, comme 4 et 6 kHz (aigus). Cette détérioration n'est pas réparable et a, de plus, tendance à s'amplifier avec le temps. De plus en plus de cellules sont ainsi atteintes, ce qui a pour effet de provoquer un vieillissement accéléré de l'oreille, et des surdités précoces (30-40 ans).