Femmes enceintes, patients atteints d'une hépatite virale ou personnes génétiquement "intolérantes" à l'alcool : autant de situations particulières dont doivent tenir compte les campagnes d'information et de prévention sur les méfaits sanitaires provoqués par la consommation excessive de boissons alcoolisées.

Les femmes enceintes qui consomment régulièrement de l'alcool prennent le risque de perturber le développement psychomoteur de leur enfant.

Femme enceinte. © Cédric Le Camus - CC BY-SA 2.0

Femme enceinte. © Cédric Le Camus - CC BY-SA 2.0

L'alcool traverse aisément la barrière placentaire, passant ainsi de la mère à l'enfant. Les concentrations d'éthanol dans le liquide amniotique et chez le fœtus atteignent alors des valeurs comparables à celles mesurées dans le sang maternel. De plus, le taux en éthanol dans le lait maternel est de 10% plus élevé que dans le sang. Divers troubles peuvent se manifester chez l'enfant selon l'ampleur de l'intoxication : baisse du poids du bébé à la naissance, accouchement prématuré, troubles du comportement et même sévères anomalies du développement physique et psychologique. Les manifestations les plus graves de l'exposition prénatale à l'alcool portent le nom de syndrome d'alcoolisation fœtale. Ce syndrome apparaît pour des consommations d'alcool très élevées. Son incidence est estimée entre 0,5 et 3 pour 1000 naissances. Il se caractérise chez l'enfant par des malformations cranio-faciales, un retard de croissance et des handicaps comportementaux et cognitifs.

Le risque d'accoucher d'un enfant de faible poids ou d'un enfant présentant des troubles cognitifs apparaît généralement pour des consommations supérieures ou égales à 20g par jour. Néanmoins, d'après les études expérimentales, il n'a jamais été mis en évidence de dose seuil en deçà de laquelle la consommation d'alcool serait sans danger pour le fœtus, durant toute la période qui va de la conception à la naissance.

Le développement de tous les organes peut être contrarié par une exposition prénatale à l'alcool mais c'est sur le système nerveux central que l'éthanol exerce ses principaux effets. Avec parfois de lourdes conséquences sur le développement psychomoteur de l'enfant. Dans un groupe de femmes ayant consommé au moins 2 à 3 verres d'alcool par jour pendant leur grossesse, une diminution du quotient intellectuel (QI) de 5 à 7 points a été mise en évidence chez leurs jeunes enfants d'âge préscolaire ou scolaire. Une étude a permis de suivre jusqu'à l'âge de 14 ans des enfants dont les mères avaient consommé de telles quantités d'alcool pendant leur grossesse. Ces jeunes rencontrent, pour la plupart, des problèmes de mémorisation et d'apprentissage.
On peut également considérer qu'une femme enceinte qui consomme de l'alcool occasionnellement mais de façon excessive (par exemple 5 verres à une occasion) fait courir des risques à l'enfant qu'elle porte.

Patients atteints d'une hépatite virale : gare à la consommation d'alcool !

L'alcool est toxique pour le foie. Ceux qui souffrent déjà de troubles hépatiques sont particulièrement vulnérables aux effets de l'éthanol. L'alcool aggrave l'état des malades atteints d'hépatite virale, qui vont plus rapidement développer une cirrhose ou un cancer du foie. Pour cette raison, il doit être recommandé aux patients infectés par le virus de l'hépatite B ou par le virus de l'hépatite C de ne boire de l'alcool qu'occasionnellement et sans excès.

Alcool et médicaments : attention aux interactions !

L'alcool et les médicaments ! © Frolicsomepl - Domaine public

L'alcool et les médicaments ! © Frolicsomepl - Domaine public

D'un côté, certains médicaments amplifient les effets de l'alcool. De l'autre, l'éthanol peut modifier les propriétés d'un médicament, soit en accentuant ses effets, soit en les inhibant. Par exemple, le cytochrome CYP2E1 induit par l'alcool intervient dans le métabolisme de certains médicaments comme le paracétamol, un produit doté de propriétés antalgiques et antipyrétiques. Métabolisé par le cytochrome CYP2E1, le paracétamol donne naissance à un produit particulièrement toxique pour le foie. Dans la situation normale, le produit toxique est immédiatement neutralisé par l'organisme. Ce n'est plus le cas au cours d 'une alcoolisation chronique. Et des hépatites graves peuvent alors se déclarer pour des doses de paracétamol équivalentes à la dose maximale recommandée.