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Sergueï Fetissov est chercheur à l'unité Inserm 1073 « Nutrition, inflammationinflammation et dysfonction de l'axe intestin-cerveaucerveau » (Inserm, université de Rouen). En 2014, son équipe a publié des travaux montrant qu'une protéineprotéine produite par des bactériesbactéries de l'intestin joue un rôle dans le développement des troubles du comportement alimentairetroubles du comportement alimentaire comme l'anorexieanorexie.
Comment avez-vous montré que des troubles alimentaires comme l’anorexie pouvaient être liés à des bactéries intestinales ?
C'est le résultat d'un projet de recherche visant à trouver l'origine d'anticorpsanticorps présents chez des patients anorexiques. Le taux sérique de ces anticorps était en corrélation avec les traits psychologiques des patients. Ces anticorps étaient réactifs contre l'αMSH, un peptide impliqué dans le contrôle de la prise alimentaire.
Par la protéomique, nous avons identifié une protéine d'Escherichia coliEscherichia coli : ClpB. Chez les animaux, nous avons montré que cette protéine est responsable de la production d'anticorps anti-αMSH. C'est une grosse protéine, une heat shock proteinheat shock protein, activée par le stressstress. Nous avons confirmé que les anticorps des patients étaient dirigés contre cette protéine.
Les bactéries qui produisent cette protéine seraient à l'origine de troubles du comportement alimentaire : ClpB conduit à une réponse immunitaireréponse immunitaire qui dérègle l'hormone de la satiété, ce qui peut donner des symptômessymptômes anorexiques ou boulimiques. Il y a bien sûr d'autres problèmes psychologiques dans l'anorexie, mais cela peut contribuer à ces problèmes.
Ces travaux permettent-ils d’envisager des traitements ?
Les bactéries Escherichia coli sont présentes chez tout le monde, mais il faudrait comprendre pourquoi certaines personnes sont malades et trouver quelles bactéries sont responsables. Certaines bactéries sont plus immunogènes que d'autres. Par exemple, des cas d'anorexie peuvent se développer après une infection à la salmonellesalmonelle. Si on comprend quelles bactéries sont responsables, on pourrait les cibler spécifiquement et éliminer ces espècesespèces bactériennes. C'est ce sur quoi nous travaillons actuellement.
Des probiotiques pourraient-ils aider, vu qu’il s’agit de problèmes liés à des bactéries intestinales ?
C'est ce que nous suggérons mais dans une autre étude parue en novembre 2015 dans Cell Metabolism. Quand nous mangeons, nous nourrissons nos bactéries qui se divisent et produisent des molécules qui informent sur la satiété. Quand les nutrimentsnutriments sont libérés dans l'intestin et absorbés, ils stimulent des cellules endocrinesendocrines qui sécrètent des hormones de la satiétéhormones de la satiété. Les protéines libérées par les bactéries stimulent aussi les cellules endocrines de l'intestin.
Dans ces travaux, nous expliquons pourquoi nous sommes rassasiés en 20 minutes : c'est le temps nécessaire aux bactéries pour se reproduire. Donc s'il n'y a pas assez de bactéries pour stimuler la satiété chez une personne en surpoidssurpoids ou obèse et si nous trouvons des probiotiquesprobiotiques avec des bactéries qui stimulent la satiété, on pourrait en donner à ces personnes pour corriger leur surpoids. Nous avons déposé un brevet pour cette recherche et une start-upstart-up, TargEDys, a levé des fonds sur ce projet.
Avez-vous d’autres projets de recherche en cours ?
Oui, nous avons d'autres projets pour le traitement de l'anorexie. En 2013, nous avons publié un article dans Nature Communications où nous avons montré que la ghréline, l'hormone de la faim fabriquée dans l'estomacestomac, est protégée par un anticorps circulant.
Chez les personnes obèses, l'affinité entre cet anticorps et la ghréline est trois fois supérieure, donc l'anticorps protège mieux la ghréline, ce qui stimule l'appétit par préservation de la ghréline. Nous pourrions donc utiliser cette découverte pour aider les anorexiques à manger et stimuler leur appétit.