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Concernant la dentisteriedentisterie d'aujourd'hui, les maladies parodontales et d'autres questions touchant la santé des dents, le docteur Francis Mora répond aux questions de Futura-Sciences. Il est maître de conférencesmaître de conférences des Universités (Paris Diderot, Paris 7), praticien hospitalier, hôpital Rothschild-Paris, exercice privé en parodontie à Bordeaux.
Quelle est l’incidence majeure des maladies gingivales ?
Les maladies gingivales sont des maladies chroniques inflammatoires d'origine infectieuse atteignant les tissus qui entourent et soutiennent les dents. Les bactériesbactéries qui sont à l'origine des gingivitesgingivites et parodontitesparodontites sont présentes dans la cavité buccale, dans la salivesalive. Dès qu'elles ont la possibilité de coloniser et de se développer dans le sillon gingivodentaire, une inflammationinflammation va se propager dans les tissus (gingivite) et éventuellement détruire progressivement le tissu osseux et toutes les structures qui maintiennent les dents au niveau des maxillairesmaxillaires (parodontite). Il est nécessaire de rester vigilant car ces maladies se manifestent rarement par des symptômessymptômes douloureux et représentent un facteur de risquefacteur de risque important pour la santé générale. Le taux d'apparition de ces maladies est élevé (40 à 50 %) quels que soient les types de population dans le monde.
D’où viennent les problèmes d’haleine ?
Dans sa terminologie médicale, l'halitose (ou mauvaise haleine) entraîne des problèmes sur le plan social et personnel. Il s'agit du résultat de la dégradation des tissus mous et durs provenant directement du catabolismecatabolisme bactérien (destruction des tissus parodontaux par les bactéries) et qui se traduit par l'émission de gaz sulfurés. Comme pour toute maladie, le traitement consiste à intercepter puis stopper l'action de ces bactéries par le biais de traitements, essentiellement mécaniques dont le bon brossage des dents est un élément essentiel du succès thérapeutique. En effet, nous ne disposons pas encore de médicaments pour venir à bout de ce problème.
Le travail du parodontiste consiste à désinfecter les tissus pénétrés en éliminant les bactéries pathogènespathogènes, prévenir une nouvelle colonisation en enseignant un brossage de dents efficace au patient selon les critères de qualité des praticiens. Le traitement est une désinfection non chirurgicale des tissus. Tel un gros détartragedétartrage, le dentiste passe entre trois et quatre minutes autour des dents et sur la surface des racines des dents : il s'agit d'un traitement non invasifinvasif et non douloureux. D'autre part, les traitements chirurgicaux ont deux objectifs. Le premier est de supprimer la poche parodontale, le second est de reconstituer les tissus détruits partiellement par la maladie. Des pistes de reconstruction des tissus ont vu le jour grâce à des facteurs de croissancefacteurs de croissance d'origine animale (amélogénines), impliqués dans le développement de la racine de la dent, disponibles sous forme de gelgel ; mais aussi grâce à des dérivés synthétiques (comme la silicesilice), des substituts devenus plus performants grâce aux nanotechnologies.
Pourquoi certaines personnes sont-elles plus sensibles à la sensation de chaud-froid que d’autres ?
Il existe plusieurs origines à ce trouble dentaire. La sensation de chaud-froid peut être générée par un problème carieux ou être liée à un déchaussement (dont l'inflammation des gencives amplifie une rétractation des tissus exposés à l'air). Par conséquent, la racine devient plus sensible aux changements thermiques. De plus, cette sensation est éventuellement favorisée par un brossage traumatogène. Sous l'effet d'un brossage excessif combiné à l'utilisation d'une brosse à poils durs, la gencive se détériore davantage.
Où en est la recherche médicale concernant le traitement des maladies parodontales de « déchaussement des dents » ?
La parodontite, communément nommée « déchaussement des dents » est une maladie chronique inflammatoire et infectieuse. Certaines bactéries attaquent nos tissus quand elles trouvent des conditions écologiques telles l'anaérobiose (c'est-à-dire à l'abri de l'oxygène de l'air) favorables à leur multiplication dans le sillon gingivodentaire qui se transforme peu à peu en une sorte de cul-de-sac ou poche parodontale.
Les parodontites sont des maladies qui se développent à cause d'un mauvais brossage, mais pas seulement puisqu'elles trouvent aussi leur origine dans les méfaits du tabac, du diabète, de l'hérédité ou à cause d'un système immunitairesystème immunitaire déficient. Il faut savoir que chaque être humain contient à peu près 400 bactéries dans la bouche et que certaines d'entre elles peuvent favoriser des maladies parodontales. Pendant longtemps, on a cru que le déchaussement accompagnait le vieillissement. Il est acquis aujourd'hui que ces maladies apparaissent tôt dans les âges de la vie. L'hérédité joue un rôle prépondérant. De plus, certaines populations seraient davantage touchées par ces pathologiespathologies pour des raisons de niveau d'éducation et socio-économiques. En Afrique du Nord, on a identifié une bactérie spécifique des problèmes gingivaux dont les dégâts se manifestent par des lésions très caractéristiques au niveau osseux notamment. De plus, « le déchaussement » est lié à une mauvaise défense locale, à l'alimentation et les personnes atteintes de diabètediabète y sont plus sensibles. Il faut comprendre qu'à un stade avancé de la maladie certaines molécules impliquées dans l'inflammation se retournent contre les défenses dont dispose l'individu. Enfin, il n'existe pas encore de traitement idoine contre « le déchaussement » contrairement aux problèmes de cariescaries où le vaccinvaccin est quasiment au point.
Quelles sont les dernières avancées scientifiques concernant les maladies parodontales ?
Concernant le domaine de recherche des maladies parodontales, nous ne disposons pas de médicaments appropriés et il reste encore à trouver un vaccin. Nous sommes également en train de réfléchir à la piste de la nutrition. La littérature scientifique fait état de plus en plus d'articles parus à ce sujet. Par exemple, en ce moment, la grande mode concerne les probiotiques, c'est-à-dire des micro-organismesmicro-organismes (lactobacilles) qui pourraient limiter l'action parodontopathogène des bactéries, mais également des petites molécules (peptidespeptides) présentes dans la salive qui possèdent des activités antibactériennes et servent à stimuler l'immunitéimmunité. Cependant, malgré ces quelques pistes, nous n'avons pas encore trouvé de médicaments qui atteignent et pénètrent véritablement les biofilms de bactéries qui s'agglutinent autour de la dent et des gencives et qui sont imperméables notamment aux antibiotiquesantibiotiques ou aux antiseptiquesantiseptiques.
Enfin, à propos des maladies gingivales, l'on doit noter que la communauté médicale regroupant les spécialistes de la sphère cardiovasculaire et de médecine interne est de plus en plus ouverte à la progression des connaissances sur les problèmes des dents et des gencives qui peuvent avoir certaines incidencesincidences imprévues, notamment en matièrematière d'hygiène de vie.
Existe-t-il des maladies parodontales qui pourraient faire l’objet d’une éradication totale ?
Oui, et plus précisément concernant les maladies gingivales telles que les gingivites et celles ulcéronécrotiques (dont la nature est liée au stressstress). Prises à temps, ces deux gingivites se soignent très bien et sans souci majeur contrairement à celles présentant des signes révélant une primo-infection du HIV.
Comment bien prendre soin de ses dents ?
Il est nécessaire de pratiquer un brossage des dents régulier avec une technique et des instruments adaptés, c'est-à-dire une brosse à dents à poils souples, celles à poils durs étant proscrites. Concernant les brosses électriques, il faut bien faire attention qu'elles n'éliminent pas la gestuelle du patient. De plus, ces brosses sont peu recommandées aux personnes avec une gencive fine dont les résultats escomptés s'avéreraient contraires à ceux souhaités. Il n'y a pas de normes pour le brossage mais il est conseillé de se laver les dents après chaque repas. De plus, ne pas hésiter à utiliser du fil dentaire (très en vogue dans les pays anglo-saxons) voire des petites brosses interdentaires si les espaces entre les dents sont ouverts.
Le dentifrice est une affaire personnelle qu'il faut choisir selon ses besoins. Enfin, au sujet des bains de bouche, ces antiseptiques sont excellents mais à ne jamais utiliser en dose continue. L'important est le brossage régulier et efficace des dents, même celles qui ne sont pas bien alignées. Il doit toujours rester simple, c'est le meilleur moyen de prévenir les pathologies carieuses et parodontales. La dentisterie d'aujourd'hui est moderne et vise à mieux protéger et à prévenir. Il n'y a plus de raison d'avoir peur de son dentiste car les techniques usitées de nos jours sont moins agressives et moins invasives. Beaucoup de choses ont énormément progressé. Les spécialistes savent comment agir face aux situations qui se présentent à eux et ces pratiques médicales ont été scientifiquement prouvées.
Pour en savoir plus
Manuel d'implantologie clinique : concepts, protocolesprotocoles et innovations récentes, de M. Davarpanah, éditions CdP, 2008
Urgences dentaires et médicales, de Yves Boucher, Édition CdP, 2007
Pratikadent, dictionnaire pratique et holistique des atteintes dentaires et de la biocompatibilité des soins, d'Estelle Vereek, éditions Luigi Castelli, 2007
Conseil en cosmétologie, de Marie-Noëlle Estrade, éditions Wolters Kluwer, 2006
Petites histoires de l'art dentaire d'hier et d'aujourd'hui : anecdodontes, de Henri Lamendin, éditions de L'HarmattanHarmattan, 2006
Biologie appliquée à la chirurgiechirurgie buccodentaire, sous la dir. de Jean-Claude Nicolas, Elsevier, 2005
La Dent normale et pathologiquepathologique, d'Étienne Piette et Michel Goldberg, éditions De Boeck, 2001
ProthèseProthèse dentaire : principes et stratégies thérapeutiques, de Bengt Öwall, Éditions Masson, 1998
AnatomieAnatomie dentaire, d'Alain Lautrou, éditions Masson, 1997
- Association dentaire française