au sommaire
Pour définir le poison, Paracelse, médecin du XVIe siècle, affirmait : « Tout est poison, rien n'est poison. C'est la dose qui fait le poison ». Petit tour d'horizon des modes d'action et des moyens de lutter contre les poisons.
Qu'est-ce qu'un poison ? Les toxines présentes dans le poison peuvent avoir différents effets sur l'organisme et les cellules, comme, par exemple, le blocage de l'ADN. Ici, un brin d'ADN. © Sergey Niven, Shutterstock
Les mots du poison
Un poison est un produit formé de toxinestoxines, des molécules toxiques pour l'organisme, mais ayant parfois des effets bénéfiques à faibles doses. Le mot « toxine » provient du grec toxicon, qui signifie « poison pour pointe de flèche ». En effet, ce terme existait déjà dans la Grèce antique : dans L'Odyssée, Homère explique qu'Ulysse recherche un poison pour ses pointes de flèche. En médecine, la toxicologietoxicologie se définit comme la science qui étudie les toxines.
Pièce à l'effigie de Mithridate VI. Selon la légende, ce roi antique absorbait de petites doses de poisons afin de s’immuniser. © Wikimedia Commons, DP
Le poison dans l'organisme
Le poison peut entrer dans l'organisme par différentes voies :
- par ingestioningestion : les toxines passent dans le système digestif, rejoignent le système sanguin au niveau de l'intestin, puis le foiefoie, qui joue un rôle de détoxification de l'organisme ;
- par voie respiratoire : au niveau des poumonspoumons, le poison passe dans le sang qui est pompé par le cœur et renvoyé dans les organes, dont le cerveaucerveau ;
- par la peau, lors d'un contact ;
- par injection directe dans le système sanguin.
Les toxines présentes dans le poison peuvent avoir différents effets sur l'organisme et les cellules, comme le blocage de l'ADNADN, celui de certaines enzymes ou de canaux membranaires présents sur les cellules.
La question de la dose
La dose définit la réaction de l'organisme au poison : il faut une dose minimale pour qu'un effet soit observé sur l'organisme et, passée une certaine dose de poison, le produit devient toxique. Cependant, de petites doses du même produit peuvent avoir des effets positifs : ainsi, l'exposition à des doses minimes d'arsenic aurait un effet favorable sur la santé, d'où son utilisation dans l'alimentation du bétail.
Antidotes : mithridatisation, pierres antipoison et anavenin
Dès l'Antiquité, des antidotesantidotes aux poisons ont été recherchés. Le roi Mithridate VI, pour se protéger d'un empoisonnement, absorbait des poisons pour s'immuniser. Lorsque son royaume fut renversé par Pompée et que le roi voulut se suicider en avalant du poison, celui-ci s'avéra inefficace. Le terme « mithridatisation » est utilisé pour décrire le processus qui consiste à s'immuniser contre du poison.
Au cours de l'histoire, on a attribué des propriétés antipoison à certaines pierres, comme l'aigue-marine ou le diamant. Les bézoards, concrétionsconcrétions trouvées dans l'estomacestomac de certains animaux, étaient supposés avoir des propriétés antipoison, d'où leur nom provenant du persan pādzahr, « chasse-poison ». De même, les fossilesfossiles, les « pierres de crapaud » et les « pierres de langue » étaient réputés lutter contre le poison.
Dioscoride, médecin à la cour de Néron, administrait des substances vomitives pour guérir ses patients d'un empoisonnement. Aujourd'hui, il existe des traitements pour certains empoisonnements, comme les agents de chélation qui se fixent sur le mercuremercure et l'arsenic pour les rendre solubles, ou l'anavenin contre les morsures de serpent. Les sérumssérums antiveninsantivenins sont souvent produits à partir du cheval.