au sommaire
Du côté des laboratoires
Aujourd'hui, les biologistes qui travaillent dans les domaines de la zoologie, de l'embryologie, de l'écologieécologie, du comportement animal ou de la génétiquegénétique le font dans un cadre évolutionniste. Pour eux, il ne fait aucun doute que les espècesespèces se sont transformées au cours du temps et qu'à partir des êtres unicellulaires qui peuplaient les océans il y a environ un milliard d'années sont apparues des alguesalgues et des petits animaux qui ont peu à peu donné naissance à des espèces de plus en plus diverses. Bien entendu, s'ils n'étudient pas directement l'évolution, cette histoire du vivant n'est pas au centre de leurs préoccupations, mais elle constitue un arrière-fond pour leurs travaux. C'est aussi le cas en médecine, lorsque l'on étudie les maladies génétiquesmaladies génétiques héréditaires ou la résistancerésistance des bactériesbactéries pathogènespathogènes. Cette résistance est d'ailleurs un exemple frappant de sélection naturellesélection naturelle : des souches par hasard résistantes à un antibiotiqueantibiotique prennent la place des souches sensibles à ce médicament.
Laboratoire : recherche sur les mutations qui rendent les moustiques résistants aux insecticides
Les mécanismes de l'évolution sont l'objet de recherches de nombreuses équipes de chercheurs, dans le monde entier. Comme pour toute théorie scientifique, ils ne sont pas nécessairement d'accord entre eux : ils émettent des hypothèses, tentent de les vérifier et en réfutent d'autres. De nombreux points restent à éclaircir : s'il est certain que les espèces se transforment et donnent naissance à plusieurs espèces différentes, les mécanismes de cette spéciationspéciation semblent divers et ne sont pas tous bien élucidés. Par exemple, les souris domestiques semblent se séparer en plusieurs espèces alors qu'elles vivent au même endroit, par des mécanismes mettant en jeu les chromosomeschromosomes.
La question des rythmes de l'évolution soulève aussi de nombreuses questions : à quelle vitesse les espèces évoluent-elles ? Cette vitesse est-elle constante ? Certaines espèces fossilesfossiles semblent ne pas évoluer pendant de longues périodes, puis donner brusquement naissance à une nouvelle espèce, différente, alors que d'autres se modifient graduellement, sans ruptures nettes. Quelle est l'importance relative de chacune de ces modalités d'évolution ?
L'adaptation des espèces à leur milieu est aussi une question toujours vivante : quels sont les poids respectifs de l'adaptation et de l'héritage génétique de l'espèce dans l'adaptation d'un organe. Par exemple, le fait que certaines espèces de rhinocérosrhinocéros aient une corne ou deux est-il le fruit d'une adaptation spécifique à leurs milieux ou un hasard lié aux modalités de leur développement, mais sans signification adaptative ?
Modèle ancien de l'évolution de l'homme, aujourd'hui abandonné.
Tous ces travaux aboutissent parfois à remettre en cause des idées anciennes, ce qui est tout-à-fait normal dans le domaine de la recherche scientifique. C'est ainsi que les nombreux fossiles d'hominidéshominidés trouvés ces dernières années ont rendu obsolète le modèle traditionnel de transformation d'un singe de type australopithèqueaustralopithèque en Homo sapiensHomo sapiens par une évolution simple, en ligne droite. Ce modèle est remplacé par un autre, un « buisson » complexe comprenant de nombreuses espèces d'hommes archaïques, dont on ne sait pas pourquoi une seule a survécu. De même, l'homme de NéandertalNéandertal est actuellement considéré comme une espèce distincte de la nôtre, les analyses de son ADNADN semblant montrer qu'il n'y a pas eu d'hybridationshybridations entre les néandertaliens et les hommes modernes parvenus par la suite en Europe. Mais ces modèles pourraient dans le futur être réfutés, que ce soit par la découverte de nouveaux fossiles ou par de nouvelles analyses génétiques. Cependant, cela ne remettra pas en cause l'idée de base que certains de ces humains archaïques sont nos ancêtres !