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Un système artificiel qui aura l'aptitude à générer des représentations multiples, dans tous les domaines, qui génèrera donc des pensées, qui pourra rêver, méditer, planifier, ne sera pas très long à construire et ne nécessitera pas énormément de moyens : quelques années de travail de conception de son appareil psychique par une équipe d'informaticiens, de cogniticiens et de psychiatres très compétents de quelques dizaines de personnes. Le matériel nécessaire est celui que l'on trouve dans toutes les entreprises d'informatique et de robotiquerobotique du monde et son coût est plus que raisonnable.
Le problème, puisque le modèle est trouvé, reste à découvrir et générer les éléments formant le vécu artificiel, ce qui fait la richesse et la profondeur ou le caractère sommaire du système. On peut évidemment formater le système : on peut lui donner seulement certaines connaissances, et limiter la production de ses émergencesémergences. On peut même tenter d'inhiber certaines émergences jugées incompatibles avec l'usage social du système.
Lorsque le système sera mis en activité, il aura une mémoire de très nombreux événements, de très nombreuses histoires, de très nombreuses connaissances, qui seront artificiels : il ne les aura pas vraiment vécus. Contrairement à nous qui naissons d'une cellule vide de mémoire événementielle et qui accumulons les événements mémorisés par notre développement et par le fait de vivre notre vie en relation avec l'environnement et nous-mêmes, le système artificiel naîtra opérationnel, non achevé mais opérationnel, avec une mémoire artificielle disponible suffisante. Cette mémoire pourra évidemment être augmentée et modifiée par la suite, par le fonctionnement du système ou par ancrage logiciellogiciel on-line, mais le fait d'en disposer est indispensable pour qu'il puisse générer immédiatement des scènes et les vivre.
La formation de cette mémoire événementielle artificielle, de ce faux vécu si l'on peut dire, est un problème très délicat, car selon ce que l'on met dans ce vécu, le système aura un comportement très satisfaisant ou plutôt désagréable pour la société. Nous savons bien que l'enfance et l'adolescenceadolescence déterminent les qualités psychologiques ou les pathologiespathologies des humains, et que sans culture, sans savoir ni lire ni écrire, l'être humain n'est qu'un animal systématiquement prédateur. Pour constituer ce vécu artificiel, il faudra définir et simuler les événements d'une petite vie artificielle, liantliant des faits, des choses, des savoirs, des appréciations, des jugements et des règles de conduite.
On peut tout entrer dans un tel système, comme des événements jugés merveilleux, mais aussi des événements très funestes, créant des désagréments importants. On peut aussi entrer des doctrines d'usage d'appareils et de systèmes très coercitifs et en faire un formidable système de surveillance multi-échelles, autonome et auto-adaptatif. Mais le modèle existe, et si nous l'avons trouvé, d'autres chercheurs l'ont aussi trouvé ou bien le trouveront très rapidement, et ils le mettront en application. Telle est toujours
l'évolution des technologies, utilisant au plus près les découvertes scientifiques...