Entre le coronavirus qui n’en finit pas de se propager dans le monde et le virus de l’hépatite C remis sur le devant de la scène par le comité Nobel, les virus font la Une. Et aujourd’hui, c’est le virus de la rubéole qui est mis à l’honneur par des chercheurs qui viennent de lui trouver de proches parents.

En pleine pandémie de Covid-19 et alors que les découvreurs du virus de l'hépatite C viennent tout juste d'être récompensés par le prix Nobel de physiologie et de médecine, des chercheurs annoncent avoir mis la main sur deux parents inconnus d'un autre virus, celui de la rubéole. Depuis son identification en 1962, il était resté le seul représentant de la famille des Matonaviridea.

Rappelons que le virus de la rubéole est un virus aéroporté quasiment éradiqué grâce à un vaccin efficace. Dans les quelques endroits où il subsiste, il peut provoquer des éruptions cutanées et des symptômes pseudo-grippaux. Il est le plus dangereux pendant la grossesse car il peut provoquer une fausse couche, une mortinaissance ou des anomalies de développement du fœtus. Jusqu'à 100.000 enfants naissent ainsi chaque année sourds, aveugles ou avec des problèmes cardiaques.

Cette fois, c'est chez des mammifères, et en deux endroits très différents du globe, que deux des parents du virus de la rubéole ont cette fois été isolés. Chez des chauves-souris en Ouganda, et chez des animaux de zoo en Allemagne. Et jusqu'à la moitié des animaux testés étaient porteurs. Laissant penser que les deux espèces peuvent agir comme des réservoirs viraux, transportant et transmettant des agents pathogènes sans tomber malades.

C’est en cherchant des coronavirus sur des chauves-souris à nez de feuilles que des chercheurs ont découvert un parent du virus de la rubéole, l’un des deux premiers jamais observés. © Emily Julka, UW-Madison
C’est en cherchant des coronavirus sur des chauves-souris à nez de feuilles que des chercheurs ont découvert un parent du virus de la rubéole, l’un des deux premiers jamais observés. © Emily Julka, UW-Madison

Pas de transmission aux Hommes… pour l’instant

L'équipe qui étudiait les chauves-souris en Ouganda cherchait en réalité des coronavirus. C'est donc un peu par hasard que le virus -- que les chercheurs ont baptisé ruhugu, du nom de l'endroit où il a été trouvé -- leur est apparu dans des analyses génétiques. Un virus très semblable à celui de la rubéole, sauf pour une région clé de son génome. Une région qui lui permet de se lier aux cellules d'hôtes.

L'autre équipe cherchait à identifier la cause de la mort d'un âne, d'un kangourou arboricole de Bennett et d'un capybara dans un zoo allemand. C'est ainsi que les chercheurs ont découvert rustrela -- du nom du détroit de Strela, situé à proximité --, une variante du virus de la rubéole qui semble un peu plus éloignée que ruhugu.

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Pour en apprendre plus sur ces deux virus -- notamment s'ils peuvent être contenus par le même vaccin que celui de la rubéole --, les chercheurs vont devoir mener une étude plus approfondie en laboratoire. Ce qu'ils savent, c'est que pour l'heure, ces nouveaux virus ne semblent pas en mesure d'infecter des humains. Mais le doute existe, notamment parce que rustrela a été retrouvé dans plusieurs espèces très différentes. Et s'il était capable de se propager aux Hommes, cela pourrait remettre en question l'éradication de la rubéole.

Selon les statistiques, trois nouvelles maladies infectieuses sur quatre nous viennent du monde animal. Parmi elles, le Covid-19. © merklicht.de, Adobe Stock
Selon les statistiques, trois nouvelles maladies infectieuses sur quatre nous viennent du monde animal. Parmi elles, le Covid-19. © merklicht.de, Adobe Stock

De l’importance de préserver les écosystèmes

La découverte devrait aider à mieux connaître le virus de la rubéole également. Car s'il n'existe pas de bons modèles animaux pour le sonder, rustrela offre une nouvelle opportunité de se pencher sur la famille des Matonaviridae par le biais de souris de laboratoire.

Ces travaux montrent par ailleurs une fois de plus l'importance des efforts de conservation des forêts pour contrer l'empiètement des activités humaines. Car protéger les habitats naturels des animaux sauvages est aussi crucial pour eux que pour les Hommes. « Lorsque les écosystèmes restent intacts, les virus restent à leur place », concluent les chercheurs.