Jusqu'à présent, il existe sept cas de rémission durable chez les porteurs du VIH, et ce, grâce à une greffe de moelle osseuse pour traiter une leucémie. Cependant, parmi ces patients « guéris », un seul a reçu une greffe d'un donneur ne portant pas la mutation génétique CCR5-delta32 qui confère une résistance contre le VIH. Les chercheurs avancent quelques hypothèses pour expliquer cette « guérison ».


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    En 2023, une étude mettait en lumièrelumière un cas de rémission du VIH chez un patient suivi aux Hôpitaux universitaires de Genève. Il était alors le sixième au monde (un septième est venu s'ajouter depuis) à connaître une rémission durable de l'infection après une greffe de moelle osseuse, mais le premier à y parvenir sans la présence d'une mutation génétique particulière. Aujourd'hui, les mêmes chercheurs avancent les hypothèses pouvant expliquer cette découverte publiée dans Nature medecine le 2 septembre.

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    Jusqu'au cas du patient de Genève, les chercheurs pensaient que la mutation CCR5 deltadelta 32 -- connue pour rendre les cellules naturellement résistantes au VIH -- était cruciale pour obtenir une rémission durable. Mais ce cas suisse remet en question les théories précédentes sur la rémission du VIH. En effet, ce patient est le premier en rémission à avoir reçu une greffe issue d'un donneur non porteur de la fameuse mutation. Les cinq autres connus pour être en rémission du VIH ont tous reçu une greffe de moelle osseuse porteuse de la mutation protectrice.

    Les chercheurs avancent quelques hypothèses pour expliquer ce cas unique de rémission durable obtenue après une greffe de moelle osseuse d'un donneur non porteur de la mutation protectrice. © Jarun Ontakrai, Shutterstock.com
    Les chercheurs avancent quelques hypothèses pour expliquer ce cas unique de rémission durable obtenue après une greffe de moelle osseuse d'un donneur non porteur de la mutation protectrice. © Jarun Ontakrai, Shutterstock.com

    Ce cas unique d'une rémission durable sans la mutation protectrice

    La Pr Alexandra Calmy des Hôpitaux universitaires de Genève et le Pr Asier Sáez-Cirión de l'Institut Pasteur, coordinateurs de l'étude, soulignent l'importance de ce cas unique. Malgré l'absence de la mutation protectrice, le virusvirus reste indétectable chez ce patient, prénommé Romuald, près de trois ans après l'arrêt du traitement antirétroviral.

    Les chercheurs ont observé une diminution progressive du réservoir viral à la suite de la greffe, avec une disparition des cellules porteuses de virus capables de se multiplier.

    Quelle serait l'explication ?

    Si ce cas avait déjà été rapporté en juillet 2023, les scientifiques peinaient à expliquer cette rémission exceptionnelle. Aujourd'hui, plusieurs hypothèses sont avancées. « La présence de cellules de l'immunité innéeimmunité innée à fort potentiel anti VIH pourrait contrer l'éventuel rebond du virus à partir des quelques cellules infectées qui pourraient rester dans l'organisme, expliquent les auteurs. Par ailleurs, le traitement immunomodulateurimmunomodulateur que reçoit ce patient pour contrôler les réactions greffongreffon contre hôte, expérimentées à répétition depuis la greffe, pourrait contribuer à éviter la réactivationréactivation virale. Finalement, ces réactions greffon contre hôte pourraient avoir mené à une élimination tellement efficace du réservoir viral que la mutation CCR5 delta 32 n'est plus nécessaire, car plus aucun virus capable de se multiplier ne resterait dans l'organisme ».

    Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans la recherche sur la rémission du VIH. Elle suggère que d'autres mécanismes, au-delà de la mutation CCR5 delta 32, peuvent conduire à une rémission durable.