Des protéines de Tyrannosaurus rex, en l'occurrence du collagène, ont pu être entièrement analysées. Une grande première depuis l'analyse de restes de mammouths. Résultat surprise : on dirait du poulet !

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Velociraptor, un cousin du tyrannosaure, théropode comme lui et qui a comme lui hanté les chaudes contrées de la fin du Crétacé.©   : Christopher Srnka/Jeff Poling

Velociraptor, un cousin du tyrannosaure, théropode comme lui et qui a comme lui hanté les chaudes contrées de la fin du Crétacé.© : Christopher Srnka/Jeff Poling

Dans l'épaisseur d'un os de tyrannosaure, vieux 68 millions d'années, une équipe de paléontologues américains a pu extraire une infime fraction protéique. C'est un record. Le plus vieux reste de chair qui avait jusque-là pu être analysé provenait d'un fossile de mammouth datant de 100 000 à 300 000 ans. Le travail n'a pas été facile car les traces de tissus avaient été décelées dans ces os en mars 2005. Mais après deux ans d'efforts, l'équipe est arrivé au bout de ses peines, sans toutefois trouver les morceaux d'ADN que beaucoup espéraient.

Comme pour les restes du mammouth, les sept fragments de protéines récupérés se sont avérés être du collagène. Cette protéine fibreuse très abondante dans l'organisme des animaux est produite dans les tissus conjonctifs. La petite quantité retrouvée a pu être analysée jusqu'au séquençage des acides aminés (éléments de base de toutes les protéines). En comparant avec les structures de collagène connues chez les animaux actuels, les chercheurs ont trouvé comme forme la plus proche celle du collagène de poulet. De plus, des anticorps dirigés contre ce dernier ont réagi sur la protéine de tyrannosaure.

Drôle d'oiseau

Voilà donc de quoi conforter la thèse, déjà bien étayée, selon laquelle les oiseaux sont proches d'une des lignées de dinosaures, les théropodes, dont fait aussi partie le tyrannosaure. Mais les auteurs de l'étude tempèrent la rigueur de cette conclusion, en expliquant qu'ils n'ont pas pu pour l'instant comparer le collagène du fossile avec celui des crocodiliens, proches des oiseaux. Des cousinages plus subtils pourraient donc peut-être apparaître en élargissant les comparaisons.

Mais cette découverte porte aussi l'espoir de dénicher des fragments protéiques dans d'autres fossiles. « Beaucoup de paléontologistes ne pensent pas à chercher des protéines dans leurs fossiles, déplore Mary Higby Schweitzer, de l'université de Caroline du Nord et co-auteur de l'étude. On sait pourtant depuis longtemps que les dinosaures montrent une merveilleuse préservation de microstructures. »