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Quand il est attaqué par un prédateur, le plus souvent un faucon, Rhabdophis tigrinus, un serpent d'Asie, se fige dans une étrange posture : arc-bouté, le haut de son dosdos comme pointé vers l'attaquant. Que l'oiseauoiseau vienne, de son bec, égratigner la peau à l'endroit ainsi exposé et il meurt dans les minutes qui suivent. Sous la peau du reptilereptile, deux glandes, dites nucales (car situées dans le cou), contiennent un poison violent.
Ce joli petit serpent asiatique, Rhabdophis tigrinus, est venimeux et voleur... Crédit : Alan H. Savitzky
Deborah Hutchinson, de la Old Dominion University (Norfold, Virginie), s'est demandé pourquoi il s'agissait de bufadiénolide, un produit toxique servant de venin à des crapauds. Or, justement, parmi les proies qu'affectionne R. tigrinus figurent des crapauds synthétisant ce venin. En cherchant des serpents dans des îles où ne vivent pas ou très peu de crapauds venimeuxvenimeux, Deborah Hutchinson a constaté que les glandes nucales de R. tigrinus ne contenaient aucun poison. Mieux, ces animaux non toxiques semblent connaître leur absence de défense. Devant un prédateur, ils ne font pas le dos rond mais fuient immédiatement.
Extraction mystérieuse
Dans un article publié dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, la scientifique et ses collègues affirment que c'est bien le venin des crapauds mangés par le serpent qui se retrouve emmagasiné dans ses glandes nucales. Comment cette extraction se déroule-t-elle ? La question reste en suspens... L'équipe a constaté que les femelles, si elles disposaient de suffisamment de venin, en glissaient un peu dans leurs œufs, de sorte que leur progéniture se trouve dotée de cette arme défensive dès la naissance.
Rhabdophis tigrinus vient de repérer un prédateur. Au lieu de fuir, il fait le gros dos, exposant son cou. Attention, danger : sous la peau, à cet endroit, deux glandes nucales sont emplies d'un poison violent, la bufadiénolide. On peut en conclure que ce serpent-là a mangé des crapauds. Sinon, se sachant dépourvu de venin, il aurait simplement déguerpi face à l'attaquant. Crédit : Alan H. Savitzky
Dans la nature, on connaît de nombreux cas d'animaux récupérant ainsi le venin de leurs proies. Les aplysies (des gastéropodesgastéropodes encore appelés lièvres de merlièvres de mer) stockent du poison extrait des végétaux dont ils se nourrissent. Les cténophorescténophores (ou cténaires), étranges animaux marins transparentstransparents (comme la Ceinture de VénusVénus), récupèrent les cellules urticantes des médusesméduses. Sur terre, des grenouilles se servent du venin d'insectesinsectes. Mais, de vertébrévertébré à vertébré, les cas sont extrêmement rares.