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Ce processus complexe est de mieux en mieux connu, notamment grâce aux travaux réalisés par l'équipe de Franco Lepore, directeur du Centre de recherche en neuropsychologie et cognition du Département de psychologie de l'Université de Montréal, composée de Maryse Lassonde et des doctorants Frédéric Gougoux et Patrice Vosse de l'Université McGill dirigés par Robert Zatorre.
Leurs recherches ont démontré que si les gens aveugles depuis leur jeune âge reconnaissent plus finement la fréquence d'une note que les aveugles tardifs, les deux catégories d'aveugles décèlent aussi bien l'une que l'autre, la provenance d'un son. Selon Franco Lepore, cela signifie que le cerveau réutilise le cortex visuel pour des tâches particulières, sélectionnées en fonction de leur importance et non pour des usages généraux : "Savoir reconnaitre la fréquence d'une note n'est pas essentiel à la survie tandis que savoir d'où provient le son est indispensable dans un environnement comme la rue".
Ces travaux mettent par ailleurs en évidence que plusieurs processus sont à l'oeuvre dans la récupération du cortex visuel. Franco Lepore y voit trois hypothèses.
- le recâblage des relais primitifs - comme celui du thalamusthalamus qui projette des circuits au cortex visuel primaire - n'est possible que chez les jeunes enfants, dont la plasticitéplasticité du cerveau est grande car tous les neuronesneurones ne sont pas encore attribués à des fonctions spécifiques ;
- des circuits neuronaux unissant les cortex visuel et auditif peuvent être réactivés au profit de l'audition quand il n'y a plus d'informations visuelles reçues par le cerveau, ce qui pourrait s'accomplir même à l'âge adulte ;
- des réseaux d'échanges à double voie -utilisant les circuits allant des centres multimodaux des lobes frontaux et pariétaux aux zones primaires- permettraient au cerveau de récupérer ce qui est laissé inutilisé après la cécité.