La thérapie génique a pour but de remplacer un gène défectueux par une copie fonctionnelle dans le chromosome des patients. Les méthodes d'insertions actuelles utilisent des systèmes viraux pour transférer le gène d'intérêt dans le chromosome. Mais l'insertion du gène par le virus s'effectue de manière aléatoire dans le génome, ce qui représente un risque important de complications secondaires.

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Le risque entraîné par ces insertions aléatoires à été récemment mis en évidence à l'hôpital Necker (Paris), où un protocole de thérapie génique pour traiter des enfants atteints d'une maladie génétique incurable (X-SCID, aussi appelée "les enfants bulles") a été interrompue suite au développement d'une leucémie par un des enfants. Cette leucémie étant la conséquence directe de l'insertion du gène "thérapeutique" dans un gène suppresseur de tumeur.

La nouvelle méthode développée par Michele Calos et ses collaborateurs, à l'Université de Stanford (Californie), permet l'insertion ciblée du gène à un locus précis du chromosome.

La méthode est basée sur un mécanisme communément utilisé par les bactériophages (virus infectant des bactéries). Une enzyme, "l'intégrase" permet de couper et d'insérer l'ADN phagique en un point spécifique à l'intérieur de l'ADN bactérien. Pour ce faire l'enzyme reconnaît une séquence sur l'ADN phagique appelée le site donneur attB et le lie à un site spécifique sur l'ADN bactérien le site receveur attB. Il existe aussi des sites attB chez les mammifères, suggérant qu'ils puissent être utilisé comme point d'insertion pour des gènes thérapeutiques.

L'équipe a injecté dans des souris modèles de l'hémophilie le gène codant pour le facteur de coagulation IX lié a une site attB. Au même moment certaines souris ont aussi reçu une injection de l'enzyme "intégrase". Après une semaine les souris ayant reçu le traitement à l'intégrase ont montré une expression 12 fois plus importante du facteur IX, que les souris non traitées. Démontrant ainsi que l'intégrase avait bien permis l'intégration et l'expression du transgène dans les chromosomes de la souris.

De plus parmi les 53 sites d'intégration possibles dans le génome de la souris, le gène codant le facteur IX n'a été retrouvé qu'à deux positions, dont une largement majoritaire. Ceci démontre bien la spécificité d'intégration de cette nouvelle technique.

L'équipe du Pr Calos espère maintenant pouvoir rapidement entreprendre des essais cliniques chez l'homme, afin de soigner une maladie génétique mortelle de la peau chez l'enfant.

Par Olivier Namy - Futura-Sciences UK