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© Caroline LepageRascasse volante
L'idée est à la mode depuis quelques temps. « Des individus relâchent leurs poissonspoissons avec les meilleurs intentions... mais dans le mauvais océan. C'est une idée saugrenue ! » s'exclame Brice Semmens, biologiste marin à l'Université de Washington.
On retrouve donc de plus en plus d'animaux dans des zones où ils n'ont pas leur place. Cette année, en effet, une enquête a révélé la présence de 16 espèces invasivesespèces invasives sur 32 sites différents le long de la côte sud-est de la Floride : nasiquenasique à éperons orange (Naso lituratus), platax (Platax orbicularis), poisson-angeange empereur (Pomacanthus imperator), poisson-clown du Pacifique (Amphiprion percula), poisson-lionlion ou rascasse volanterascasse volante (Pterois volitans), etc. presque toutes introduites par des amateurs inconscients !
Longtemps, l'industrie de l'aquariophilie a été suspectée sans qu'aucun lien n'ait jamais pu être établi réellement. Ensuite, ce fut le tour des eaux de ballast des gros cargos, mais « les habitats de ces poissons exotiquesexotiques n'empiètent pas sur les voies de navigation » assure le scientifique. Il ne restait plus que les simples passionnés... Cette arrivée d'espèces étrangères n'est pas sans conséquence pour l'écosystèmeécosystème ainsi envahi : les poissons du Pacifique peuvent transporter avec eux des parasitesparasites ou des pathologies risquant d'être fatales pour les poissons endémiquesendémiques aux Caraïbes, et plus généralement à l'Atlantique.
Aujourd'hui, les biologistes sont d'autant plus soucieux que la plupart des espèces ainsi introduites semblent avoir déjà établi une population viable dans certaines régions chaudes de l'Atlantique. Exemple particulièrement vrai avec le majestueux et venimeuxvenimeux Pterois : « l'introduction de la rascasse volante est un bouleversement écologique pour les poissons locaux qui n'ont pas l'habitude de cohabiter avec ce prédateur vorace ! » s'inquiète Semmens.
Dans les mois qui viennent, aux Etats-Unis, le NOAANOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration) et les représentants de l'industrie de l'aquariophilie mèneront une campagne visant à sensibiliser le grand public sur le problème des espèces invasives. En France, nous sommes également concernés : ne serait-ce qu'avec l'omniprésence de l'alguealgue Caulerpa taxifolia, qui, si elle a disparu des médias, n'a pas disparu des eaux de Méditerranée !