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Dans le cadre d'un projet de promotion de l'huile de palme rouge non-raffinée au Burkina Faso, une équipe de chercheurs de l'IRDIRD, de l'Université de Montréal et de l'IRSS de Ouagadougou a étudié l'impact de l'introduction de cette huile produite dans le sud-ouest du pays dans l'alimentation de femmes et d'enfants d'une autre région, où elle n'est habituellement pas consommée. Ainsi, pour la première fois, l'efficacité de la consommation libre et volontaire de cette huile, très riche en précurseur de la vitamine A, sur la réduction des déficits en cette vitamine chez les femmes et les enfants a été mise en évidence. Cette stratégie sur le long terme, efficace en matièrematière de santé publique, pourrait également contribuer au développement économique local par son influence sur la production et la création d'emplois, féminins notamment.
Récolte de régimes fructifères du palmier à huile (Eleais guinensis). Djiguinoum, Basse-Casamance. (crédit : ©IRD/Montoroi, Jean-Pierre)
Plus de 250 millions d'enfants de moins de cinq ans sont exposés au risque de carence en vitamine A dans le monde. Le déficit en cette vitamine, qui constitue aujourd'hui la première cause de cécité dite évitable, favorise également l'apparition de maladies, entraînant de fait une mortalité accrue chez ces jeunes enfants. Pour lutter contre ces déficiences, plusieurs stratégies peuvent être adoptées : la supplémentation médicamenteuse, l'enrichissement d'aliments en vitamine A à l'échelle industrielle ou communautaire, ou encore la diversification de l'alimentation reposant sur l'utilisation des ressources disponibles localement. C'est dans cette dernière voie qu'a été engagé un projet pilote de promotion de l'huile de palme rouge non raffinée au Burkina Faso. En collaboration avec des chercheurs canadiens et burkinabés les chercheurs de l'unité "nutrition, alimentation, sociétés" de l'IRD ont testé de 1999 à 2001 l'efficacité de l'huile de palme rouge sur le statut en vitamine A de mères et d'enfants de moins de cinq ans dans le Centre - Est du pays, région où elle n'est pas consommée habituellement. Cette huile, connue par ailleurs pour sa grande richesse en précurseur de la vitamine A, le BêtaBêta carotène, et l'importante efficacité biologique de celui-ci, est en revanche produite et utilisée couramment dans une autre région du Burkina Faso, située au sud-ouest du pays. Elle a été transportée puis vendue comme complément alimentaire sur les sites d'étude retenus pour le projet, afin d'évaluer son impact contre les carences en conditions réelles d'utilisation, c'est-à-dire dans les conditions d'une acquisition libre et volontaire par les femmes. Celles-ci ont été préalablement informées des enjeux et des bénéfices de l'huile de palme rouge par le biais de méthodes de mobilisation sociale (allocutions, débats, pièces de théâtre, etc.).
L'impact de cette consommation sur le statut en vitamine A des femmes et des enfants a été évalué au début et en fin d'étude par la mesure des teneurs en rétinol du sérum sanguin.
Au bout de deux ans, les résultats montrent une nette augmentation de la quantité de vitamine A ingérée par les mères et les enfants ayant consommé de l'huile de palme rouge de manière directe ou indirecte (allaitementallaitement). On enregistre en effet un accroissement de 41 à 120 % des apports de sécurité chez les mères et de 36 à 97 % chez les enfants. Parallèlement, la proportion de mères et d'enfants présentant au début de l'étude un taux de rétinol sérique inférieur au seuil recommandé (0,70 µmol/l), donc fortement carencés, a décru, passant ainsi de 62 à 30 % pour les femmes, de 84,5 à 67 % pour les enfants. L'huile n'ayant été mise à disposition que dans le cadre du projet pilote, ces résultats peuvent être par conséquent attribués à ce projet. Ils montrent que l'huile de palme rouge constitue un complément alimentaire efficace en conditions commerciales réelles pour lutter contre les carences en vitamine A.