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Le gène responsable d'une myopathie congénitale a été identifié
Pour les malades, cette découverte permettra de poser un diagnostic précis et d'envisager, pour les couples à risque, un diagnostic prénatal dans le cas d'un projet d'enfant. L'identification du gène responsable d'une maladie est la première étape, indispensable, à la compréhension des dysfonctionnements liés à la maladie et donc à la mise en place d'éventuelles stratégies thérapeutiques.
Ces travaux, publiés dans la revue Nature Genetics de novembre, ont été réalisés au sein de l'Institut de Myologie, créé et financé par l'AFMAFM grâce aux dons du Téléthon et situé à Paris au sein du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière.
Les myopathies centronucléaires font partie de la famille des myopathies congénitales, au même titre que la myopathie myotubulaire, les myopathies à bâtonnets et les myopathies à cores. Les personnes atteintes de cette maladie neuromusculaire présentent une faiblesse musculaire des membres et du visage, ainsi qu'une atteinte de la musculature oculaireoculaire. Aujourd'hui, cette maladie touche moins d'une personne sur 10 000 en France.
Les myopathies centronucléaires sont caractérisées par le fait qu'un grand nombre des fibres musculairesfibres musculaires des malades ont leur noyau au centre, alors qu'il devrait se trouver en périphérie. Elles se transmettent sur le mode autosomiqueautosomique récessifrécessif ou dominant.
Alors que l'on connaît depuis quelques années plusieurs gènes dont les mutations sont responsables des autres formes de myopathie congénitale, on ne connaissait pas encore la cause génétique de la forme autosomique dominante des myopathies centronucléaires. Les chercheurs ont identifié, sur le chromosome 19, 4 mutations dans la séquence du gène de la dynamine 2 (DNM2) chez des malades de 11 familles atteints de la forme autosomique dominante de myopathie centronucléaire. La mutation de ce gène provoque un changement dans la séquence protéique (changement d'un acide aminéacide aminé par autre). Les chercheurs ont démontré que, quand les protéinesprotéines mutantes sont exprimées in vitroin vitro, la dynamine 2 ne se retrouvait pas à un des sites habituels de la cellule (le centrosomecentrosome) ou bien elle se retrouvait en quantité moindre à cet endroit. Une des hypothèses actuelles est donc que les mutations du gène provoqueraient la maladie en interférant avec une ou plusieurs fonctions du centrosome.
Ce résultat porteporte à 165 le nombre de gènes identifiés responsables de maladies neuromusculaires, alors qu'on n'en avait identifié qu'un seul en 1987 au moment du premier Téléthon (celui de la myopathie de Duchennemyopathie de Duchenne, identifié en 1986). Ces progrès rapides de la génétique bénéficient directement aux malades, qui peuvent enfin mettre un nom sur leur maladie raremaladie rare et bénéficier d'un diagnostic génétique précis. Les couples à risque, dont l'un des conjoints est porteur de la mutation, pourront éventuellement poursuivre un désir d'enfant sans craindre de transmettre la maladie, grâce à un diagnostic prénatal.
Enfin, et surtout, l'identification du gène est fondamentale pour mieux comprendre la maladie et les dysfonctionnements physiologiques que la mutation génétique provoque, afin de mettre en place les stratégies qui permettront de la guérir.