A l'occasion de conférences organisées du 6 au 9 juillet dernier par l'Association de Science Marine Australienne à Hobart, en Tasmanie, un scientifique accuse une fois de plus le réchauffement de la planète. Prochaine victime ? La forêt de kelp ...

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© Steve FisherForêt de kelp

© Steve FisherForêt de kelp

Dans une eau froide et obscure, des algues brunes gigantesques s'élèvent fièrement vers la surface. Venant du haut, on devine la lumière qui pénètre à peine parmi ces colonnes végétales dansant côte à côte ... Les bancs de poissons qui traversent nonchalamment ne semblent pas effrayés le moins du monde par cette atmosphère si particulière.

Au royaume du requin Port Jackson, chacun vit à son aise : l'oursin et l'étoile scrutent le fond, le homard donne quelques coups de pinces, l'ormeau et le triton s'y plaisent, mais sans doute pas autant que l'hippocampe et le dragon de mer ; les labres vagabondent, les éponges passent leur temps à filtrer l'eau, et le calamar et le poulpe à jouer à cache-cache. Bienvenue dans la chatoyante forêt de kelp de l'île de Tasmanie au sud de l'Australie !

A visiter d'urgence, pendant qu'il en est encore temps ... D'après Craig Johnson, professeur de zoologie à l'Université de Tasmanie, tout ce petit monde est en sursis : merci au changement climatique ! Grâce à une étude de photos aériennes, le scientifique a constaté que la surface des algues géantes Macrocystis pyrifera et Macrocystis angustifolia qui bordent la côte Est de l'île avait chuté de 20 à 80% par endroit en 50 ans.

En effet, le courant qui arrive sur l'Est de l'Australie a progressivement changé de comportement, véhiculant une eau plus chaude et moins chargée en substances nutritives, explique le scientifique. Or, pour que les Macrocystis - qui atteignent plus de 30 mètres de haut et peuvent pousser de 50 à 60 cm quotidiennement - nagent dans le bonheur, il leur faut une eau à 20°C, grand maximum. Un réchauffement pourrait être fatal. Et si la forêt de kelp venait à disparaître, que se passerait-il pour toutes ces espèces qui s'y réfugient encore aujourd'hui ?

Enfin, profitant du meeting de l'Association de Science Marine Australienne, le biologiste pointe du doigt la mauvaise volonté de certains pays, dont l'Australie elle-même et les Etats-Unis (sur la décision de Georges Bush) qui refusent toujours de signer le protocole de Kyoto concernant la réduction d'émissions de gaz à effet de serre ...