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Alors que les ornithologuesornithologues savent que les populations les plus orientales de faucons crécerellettesfaucons crécerellettes (Europe orientale, Moyen-Orient, Asie centrale et orientale) hivernent en Afrique australe, l'hivernage de la population d'Europe de l'ouest demeurait jusqu'à présent très peu documenté. Des missions effectuées depuis l'année 2000 au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, avaient permis de localiser quelques groupes rassemblant au mieux quelques centaines d'individus. La Fondation Nature et Découvertes avait notamment encouragé cette recherche il y a deux ans, en permettant à Philippe Pilard, le responsable français du programme Faucon crécerellette de la LPOLPO, de se rendre au Niger en janvier 2005.
Mais, en janvier 2007, ce sont 28 600 faucons crécerellettes, rassemblés en dortoirdortoir, qu'a découvert au Sénégal* Philippe Pilard, après une longue enquête et des heures d'observation sur le terrain. De retour en France, ce dernier raconte : « j'avais d'abord observé le passage, un soir, de 300 oiseaux. Le lendemain, ce sont 1 300 faucons qui passaient. J'ai donc décidé de les suivre, ce qui n'était possible qu'à pied. Après avoir d'abord marché pendant dix kilomètres, j'ai traversé une rivière en pirogue. Comme une partie de mes déplacements s'effectuaient de nuit, les habitants locaux m'avaient même conseillé de m'armer d'un coupe-coupe ! Et j'ai enfin découvert ce dortoir, où se trouvaient également 16 000 élanion naucler (Chelictinia riocourii) ».
© Philippe Pilard
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Ces 28 600 faucons crécerellettes représentent plus de la moitié des effectifs des populations d'Europe de l'ouest et d'Afrique du Nord réunies. Au vu de sa localisation, il est probable qu'il regroupe des individus originaires du Maroc, d'Espagne, du Portugal et de France. La protection de ce site est donc un enjeu majeur pour la conservation de cette espèceespèce menacée. En effet, d'importants programmes de protection du faucon crécerellette sont mis en place en France et en Europe depuis des années. Mais rien ne sert de protéger ce migrateurmigrateur si on ne met pas aussi en place sa protection sur ses zones d'hivernage africaines. Au cours des prochaines années, un suivi plus exhaustif devra être mis en place.
L'élanion naucler est d'une taille à peu près similaire à celle du Faucon crécerellette. Il s'agit également d'une espèce coloniale et insectivoreinsectivore dont l'aire de nidification s'étend à travers la zone sahélienne. Sa reproduction s'effectue durant la saisonsaison des pluies (juillet-septembre). La formation de dortoirs en période internuptialeinternuptiale, rassemblant parfois plusieurs milliers d'individus, a été observée dans différents pays d'Afrique sahélienne. L'effectif de 16 000 est également exceptionnel.
Allain Bougrain DubourgAllain Bougrain Dubourg - Président de la LPO
*Le lieu précis du dortoir sénégalais n'est pas indiqué pour éviter les dérangements touristiques, les oiseaux y étant très sensibles.
Qui est le faucon crécerellette ?
On pourrait confondre, ne serait-ce qu'à cause de leurs noms, le faucon crécerellette avec le faucon crécerellefaucon crécerelle, rapacerapace beaucoup plus commun. Mais le crécerellette, très rare, est plus svelte, pousse des « tchii tchii tchii » bien particuliers, possède une bande bleutée sur l'aile et n'a pas de tâches noires sur le dosdos. Deux populations sont installées dans le sud de la France (136 couples dans les Bouches-du-Rhône, 35 dans l'Hérault). Ce petit rapace, qui se nourrit principalement d'insectesinsectes, ne dépasse pas 58 à 72 cm d'envergure, pour une longueur de 29 à 32 cm. Colonial et migrateur, il est présent chez nous du mois de mars jusqu'au début du mois d'octobre. Il passe le reste de l'année en Afrique de l'ouest. En plaine de Crau, les colonies sont établies dans des tas de pierres et rassemblent d'1 à 32 couples. Pour en savoir plus :
Protection du faucon crécerellette : ce qui est fait en France
Le faucon crécerellette est une espèce menacée. Dans les années 1970, sa population européenne a diminué de 90 %, du fait de la dégradation de ses habitats (pesticidespesticides, intensification des pratiques agricoles...). Ce rapace bénéficie en France d'un plan national de restauration. Les actions de conservation visent à étendre l'aire de répartitionaire de répartition de l'espèce dans notre pays grâce, d'une part, à la mise en œuvre d'une opération de réintroduction dans le département de l'Aude où l'espèce avait disparue depuis les années 1960 et, d'autre part, en protégeant les deux populations existantes de l'Hérault et des Bouches-du-Rhône.