La vie ou la mort. Il n’y a pas d’autre état possible pour un organisme. Vraiment ? Des chercheurs ont aujourd’hui un sérieux doute…
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La science définit traditionnellement la mort comme l'arrêt irréversible du fonctionnement d'un organisme dans son ensemble. Et vous êtes de ceux qui pensent donc que la frontière entre la vie et la mort est clairement définie ? Rien d'anormal à cela. Nous sommes tous dans ce cas. Un organisme, évidemment, ne peut être que vivant ou mort. N'est-ce pas ?
Eh bien, il semblerait que certains scientifiques commencent à en douter. Depuis qu'ils ont tenté d'utiliser des cellules cutanées d'embryons de grenouilles morts pour concevoir des xénobots capables d'effectuer des tâches simples. Et même, de se répliquer. Les chercheurs savaient déjà que des cellules peuvent continuer à « fonctionner » après la mort de leur organisme. Sans ça, pas de transplantation possible. Mais cette fois, il est question de cellules qui se réinventent littéralement. Pour créer quelque chose de nouveau.
Un « troisième état » qui renouvelle la vie après la mort
Dans le journal Physiology, des microbiologistes de l'université de Washington (États-Unis) expliquent ainsi que « l'émergenceémergence de nouvelles formes de vie multicellulaires à partir des cellules d'un organisme mort introduit un "troisième état" qui se situe au-delà des frontières conventionnelles de la vie et de la mort ». Un « troisième état » dans lequel le nouvel organisme est doté de nouvelles fonctions. Comment c'est possible ? Les scientifiques ne sont pas tout à fait certains de la réponse.
Le saviez-vous ?
Les cellules pulmonaires humaines solitaires peuvent également s’autoassembler en organismes multicellulaires miniatures capables de se déplacer dans leur environnement. Des anthropobots qui se comportent et sont structurés de manière nouvelle. Et qui peuvent se réparer eux-mêmes ou réparer les neurones placés à proximité.
Un impératif, toutefois : fournir à ces cellules des nutriments, de l'oxygène et de la bioélectricité ou des signaux biochimiques. Ne pas s'attendre non plus à ce que leur fonctionnement soit possible indéfiniment après la mort de l'organisme. Nos globules blancs, par exemple, meurent quelques dizaines d'heures après nous. Mais des cellules musculairescellules musculaires de souris peuvent repousser jusqu'à 14 jours post-mortem. Une question notamment d'âge et de sexe du « donneur », d'environnement, de type de cellules et de leur activité métabolique et de techniques de conservation.
Des cellules dans un troisième état pour mieux nous soigner
Pour expliquer comment toutes ces conditions peuvent s'aligner et permettre à des cellules d'entrer dans le fameux « troisième état », les chercheurs avancent une hypothèse. L'existence de canaux et de pompes spécialisés cachés dans les membranes externes des cellules. L'ensemble servirait de circuits électriques complexes. Ces canaux et ces pompes génèreraient des signaux électriques permettant aux cellules de communiquer entre elles et d'exécuter des fonctions spécifiques telles que la croissance et le mouvementmouvement, façonnant ainsi la structure de l'organisme nouveau.
Au-delà des interrogations un peu philosophiques que cela soulève, la découverte de ce troisième état ouvre la voie à de nouveaux traitements médicaux. L'administration de médicaments grâce à des anthropobots formés à partir de tissus humains pour éviter les réponses immunitairesréponses immunitaires indésirables, par exemple. Ou encore la création par génie génétique d'anthopobots destinés à dissoudre la plaque artérielle chez les patients atteints d'athérosclérose ou à éliminer l'excès de mucusmucus chez ceux souffrant de mucoviscidose. Et rassurez-vous, ces organismes multicellulaires dans leur troisième état finissent par mourir. Au bout de quelques semaines. De quoi éviter les risques d'une croissance de cellules potentiellement invasives.