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La forêt amazonienne et la biodiversité en danger
La 8ième Conférence des parties à la convention sur la biodiversité s'est achevée le 31 mars
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La biopiraterie, ou l'appropriation du vivant
Qu'est-ce que la biopiraterie ? Pour bien comprendre ce concept, un cas d'école peut s'avérer utile. En août 2000, la compagnie DuPont se voyait délivrer un brevet relatif à un procédé lui permettant d'obtenir des variétés de maïs à la teneur élevée en acidesacides oléiques. Il était alors apparu que ce brevet couvrait non seulement le processus en question, mais, plus généralement, tous les maïs contenant cette quantité d'acides oléiques. L'affaire en serait restée là, si de tels maïs n'avaient pas existé à l'état naturel, ou n'avaient pas déjà été obtenus depuis fort longtemps par sélection. Pourtant, d'après le Centre de recherche mexicain sur le maïs (CIMMYT), c'était effectivement le cas. Aussi, en théorie, ce brevet faisait bien plus que protéger le procédé de la firme DuPont : il pouvait - en théorie - empêcher toute commercialisation de maïs dont la teneur en acides oléiques correspondait à celle protégée par l'entreprise, y compris sa mise en vente par des petits producteurs.
Le passé a montré que cet exemple se généralise aux plantes, aux animaux et à l'Homme. Greenpeace explique que, si une firme se rend dans un pays en développement, y trouve une variété intéressante, puis la traite génétiquement - même de manière infime - pour obtenir une variété plus résistante, rien ne l'empêche de déposer un brevet la protégeant, et ainsi de mettre en péril le travail des exploitants locaux.
En résumé, le biopiratage, ou la biopiraterie, peut être défini par l'appropriation du vivant et la limitation de son exploitation par le dépôt de brevets. Dans cette course au brevet, la bataille des pays en voie de développement contre les pays riches s'apparente à une lutte entre David et Goliath. C'est pourquoi, de l'avis de tous, il est nécessaire de réglementer cette pratique, et de répartir équitablement les bénéfices tirés de l'utilisation du vivant.
Le brevet de DuPont sur le maïs : un exemple de biopiraterie potentielle
Une Conférence à Curitiba allant dans ce sens
Les participants à la 8ième Conférence des parties à la convention sur la biodiversitébiodiversité se sont séparés le 31 mars, au terme de deux semaines de débat sur la biodiversité et la lutte contre la biopiraterie. Ils se sont mis d'accord sur l'élaboration d'un document de référence visant à établir, d'ici 2010, un règlement définissant les conditions d'accès aux ressources génétiques naturelles de la faunefaune et de la flore, et fixant la juste répartition des bénéfices liés à leur exploitation commerciale.
Certains voient dans cette Conférence des avancées significatives, et surtout l'acceptation par les pays riches d'un code international réglementant l'accès aux ressources génétiques.
Cependant, les ONG comme Greenpeace et son représentant Martin Kaiser n'aboutissent pas à la même conclusion. Elles dénoncent le manque d'effort des 188 participants dans la lutte contre la disparition des espècesespèces animales et végétales, et pensent que repousser l'élaboration du règlement international à 2010 « donnera tout simplement plus de temps aux industries pharmaceutiques et de biotechnologiebiotechnologie pour obtenir des brevets au sein de l'OMC
». Les écologistes ont tout de même salué le maintien du moratoiremoratoire sur les expérimentations et la commercialisation des semences transgéniquestransgéniques « Terminator », qui sont génétiquement stérilisées pour empêcher les agriculteurs de les replanter.
Autre point noir : les Etats-Unis ont annoncé qu'ils réduiraient de moitié leur contribution aux Fonds pour l'environnement de la Banque mondialeBanque mondiale. Les participants à la 8ième Conférence des parties à la convention sur la biodiversité se sont donné rendez-vous en 2008, en Allemagne, pour faire le point.