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Des dizaines de milliers de chefs religieux et traditionnels, des enseignants, des parents et des membres du Rotary International se joindront aux infirmiersinfirmiers et à un grand nombre de bénévoles et d'agents de santé pour aller systématiquement de porteporte à porte et de village en village et vacciner chaque enfant de moins de cinq ans. Pour réussir, ces personnes, parmi lesquelles de nombreux bénévoles, doivent couvrir la moitié du continent africain, soit une région plus vaste que l'Europe occidentale, à pied, à cheval, en vélo, en bateau, en voiturevoiture ou par tout moyen de transport à leur disposition.
Pour vacciner chacun des 80 millions d'enfants, les agents de vaccination devront surmonter des difficultés considérables. Nombre d'entre eux devront affronter 12 heures par jour une humidité suffocante, la poussière, des températures pouvant dépasser les 40 °C et, dans certains endroits, les averses torrentielles qui vont de pair avec la fin de la saisonsaison des pluies. Chaque équipe transportera des récipients réfrigérés pour garder le vaccin jusqu'à l'administration aux enfants. Au total, plus de 100 millions de doses seront transportés dans ces conteneurs réfrigérés par plus de 3 millions de packspacks de glace.
Les troubles civils dans un certain nombre des pays participants rendent l'accès aux enfants plus difficile, notamment dans certaines régions de la Côte d'Ivoire, du Libéria et du Soudan. La propagation récente de la poliomyélite dans le Darfour et son extension à Khartoum souligne la vitessevitesse à laquelle le virus peut se réimplanter dans les communautés, notamment lorsqu'elles sont déplacées ou isolées par les conflits. Dans certaines régions, comme au Libéria, le vaccin antipoliomyélitique doit être transporté par voie aérienne dans des zones où l'on ne peut accéder que par ce moyen, ce qui grève encore davantage des ressources financières, humaines et techniques déjà à peine suffisantes.
Dans toute l'Afrique, les difficultés de communication le disputent aux problèmes de logistique. Une fois les ménages atteints, de nombreux agents de vaccination doivent encore dissiper les inquiétudes des parents quant à l'innocuité du vaccin. Depuis le deuxième semestre de 2003, des rumeurs infondées sur la sécurité du vaccin se sont largement répandues à partir du nord du Nigéria et ont entraîné une grande confusion dans toute la région, notamment dans les communautés les plus démunies ayant un accès limité aux soins de santé. Pour les aider à rassurer les populations, les agents de vaccination ont reçu une formation insistant sur l'importance de garantir aux familles l'innocuité du vaccin et de leur rappeler que c'est le seul moyen de protéger les enfants contre les incapacités définitives provoquées par le poliovirus.
Cet effort d'éradication a rassemblé tous les segments de la société civile africaine pour agir collectivement. Les chefs traditionnels ou religieux, ainsi que les dirigeants des communautés dans toute la région ont promis leur appui. De l'Emir de Kano au Sultan de Sokoto au Nigéria, en passant par les chefs traditionnels du Burkina Faso et des pays voisins, tous ont exprimés leur intention d'engager toutes les populations qu'ils encadrent à se mobiliser pour débarrasser l'Afrique de la poliomyélite.
Des actions à moins grande échelle, organisées en 2000 et 2001, étaient parvenues à faire disparaître la poliomyélite dans tous les pays de la région, à l'exception du Nigéria et du Niger. Dans ces deux pays, il faudra améliorer la vaccination si l'on veut pouvoir arrêter cette maladie d'ici à la fin de 2005.
Si, dans le cadre de ces campagnes, on arrive à vacciner suffisamment d'enfants dans les points chaudspoints chauds de la région, la transmission de la poliomyélite devrait significativement ralentir d'ici à la fin de l'année. Dans certains des pays où le virus ne s'est pas solidement implanté, la transmission pourrait être interrompue complètement au début de 2005 selon les prévisions des épidémiologistes. Les partenaires à la tête de l'initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite, l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé (OMS), le Rotary International, les Centers for Disease ControlCenters for Disease Control and Prevention (CDC) aux Etats-Unis et l'UNICEF, insistent sur le fait que les avancées permises par ces campagnes doivent s'appuyer sur de forts services de vaccination systématique et sur la priorité donnée aux soins de santé dans les communautés les plus démunies, afin d'instaurer la défense la plus efficace possible contre la poliomyélite.