Préparés dans un délai record de neuf mois et développés avec des technologies nouvelles, les vaccins contre le nouveau coronavirus font craindre des effets secondaires à court et long terme. Les vaccins peuvent-ils modifier notre génome ? Contiennent-ils des adjuvants dangereux ? Provoquent-ils des maladies graves ? Avons-nous le recul suffisant pour en juger ? Les réponses.
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Les vaccins anti-Covid ont été mis au point en un temps record, du jamais-vu dans l'histoire de la médecine. De quoi alimenter la méfiance des Français, d'autant plus que deux des vaccins sur le point d'être autorisés reposent sur une technologie encore jamais éprouvée (vaccins à ARN). La peur des effets secondaires apparaît comme la deuxième cause de crainte (32 %) derrière les essais cliniques précipités, selon un sondage Ipsos réalisé du 8 au 13 octobre. Si les effets secondaires à la vaccination sont relativement fréquents, ils sont plutôt bon signe car c'est la preuve qu'ils induisent une réponse immunitaireréponse immunitaire. Certaines assertions relèvent toutefois du fantasme.
Les vaccins à ARN induisent une modification du génome
Faux. De nombreux internautes sur les réseaux sociauxréseaux sociaux s'interrogent sur le fonctionnement des vaccins à ARN, se demandant si la séquence d'ARN ne peut pas s'introduire dans la cellule et entraîner une modification génétique. Ce phénomène est pourtant rigoureusement impossible. « On n'est pas dans la thérapie géniquethérapie génique. L'ARN messagerARN messager ne rentre pas dans l'ADNADN humain », insiste le Ministre de la santé OlivierOlivier Véran.
« La technologie ARN messager ne permet pas la transcriptiontranscription d'un message génétique, confirme dans La Montagne l'immunologiste Cecil Czerkinsky. Il ne peut donc pas s'intégrer au génomegénome de l'hôte. C'est un des avantages de cette technologie par rapport aux vaccins ADN [développés par ailleurs par l’Institut Pasteur] qui, bien que beaucoup plus stables et ne nécessitant pas d'être conservés à basse voire très basse température, sont moins efficacement traduits en ARN puis en protéinesprotéines et présentent le risque potentiel théorique d'intégration dans l'ADN de l'hôte. »
Les vaccins contiennent des adjuvants dangereux
Vrai et faux. Les vaccins à ARN (PfizerPfizer, Moderna) ou adénovirusadénovirus (AstraZenecaAstraZeneca et Johnson & Johnson), qui seront les premiers disponibles, n'ont pas besoin d'adjuvantsadjuvants. Ceux-ci sont en revanche nécessaires pour améliorer l'efficacité des vaccins classiques (vaccins inactivés ou vaccins à protéine recombinante), en stimulant la réponse immunitaire innée. « Les morceaux de l'agent pathogènepathogène ne contiennent souvent pas les signaux de danger nécessaires pour stimuler une forte réponse de la mémoire immunitaire. Par conséquent, ils doivent être complétés par des "signaux de danger synthétiques" qui sont les adjuvants », explique Matthew Woodruff, immunologiste l'université Emory (États-Unis).
Parmi les 13 vaccins en cours de phase III, environ la moitié recourt à un adjuvant tel que les sels d'aluminiumaluminium, l'inulineinuline ou le squalène. Ces adjuvants peuvent induire des effets secondaires temporaires, comme une rougeur et un gonflement au point d'injection, une raideur ou une douleurdouleur du muscle ou même de la fièvrefièvre.
Les effets secondaires des vaccins sont fréquents
Vrai, mais ça dépend lesquels. D'après les données publiées par les laboratoires, la majorité des effets secondaires sont principalement d'intensité légère ou modérée et comprennent le plus souvent de la fatigue, des frissons, une douleur ou rougeur au point d'injection, des myalgies, des maux de tête ou même de la fièvre, avec des fréquences variables.
Pour celui de Pfizer/BioNTech, une réaction locale est par exemple constatée chez 58,3 % des patients après la première dose (contre 22,2 % du groupe placéboplacébo). La fièvre concerne 8,3 % des patients après la deuxième dose. Ces effets secondaires sont d'autant plus forts que la dose reçue est élevée. Ils sont généralement passagers et disparaissent au bout de quelques jours.
Seul un cas d'effet indésirable grave (sur 20.000 personnes vaccinées) a été enregistré chez AstraZeneca, en l'occurrence une paralysie transitoire des membres inférieurs. « Ça fait partie des accidentsaccidents qu'on voit après vaccination, mais ils sont très rares, en général autour de 1 pour 50.000 ou 1 pour 100.000 », atteste sur Europe 1 Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique.
Les vaccins ont des effets long terme que l’on ne connaît pas
Vrai, mais ils sont très rares. De nombreuses personnes craignent de se faire vacciner par manque de recul sur de possibles effets du vaccin à long terme. Les essais de phase II et III n'ayant débuté que fin juillet 2020 pour les plus avancés, il est vrai que par définition on ne dispose que de quelques mois de suivi. « On s'accorde à penser que des événements graves peuvent survenir jusqu'à six mois après une vaccination, et il peut exister des effets secondaires très rares que l'on ne verra pas tant qu'on n'aura pas vacciné un très grand nombre de personnes », estime Marie-Paule Kienny, la présidente du comité vaccin Covid-19Covid-19 dans un entretien au Figaro.
Lors de l'épidémieépidémie de grippegrippe H1N1 en 2010, on avait par exemple observé 61 cas de narcolepsie chez des personnes ayant été vaccinées en France quatre mois après la vaccination. D'autres vaccins ont été accusés d'induire une sclérose en plaquessclérose en plaques ou un syndrome de Guillain-Barrésyndrome de Guillain-Barré, mais on n'a jamais réussi à prouver que ces maladies étaient imputables au vaccin compte tenu de leur rareté. Tout cela reste exceptionnel : selon la plupart des spécialistes, la grande majorité des effets secondaires, graves ou pas, se manifestent dans les jours ou les semaines suivant l'injection, ce qui veut dire qu'on les aurait déjà constatés.
Comme tout médicament, les vaccins présentent des effets indésirables. Le tout est de peser l'analyse risque-bénéfice. « Au cours des prochains mois, vous aurez le choix simple entre vous protéger, protéger vos proches et la communauté d'une maladie hautement transmissible et mortelle, et quelques jours de désagrément », résume Matthew Woodruff.