Un vaccin contre le coronavirus va-t-il nous sauver de l’épidémie de Covid-19 ? Peut-il réellement éradiquer la maladie et à quelles conditions ? Les vaccins en cours de développement sont-ils suffisamment efficaces ? Va-t-on pouvoir mettre fin aux gestes barrières ?
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Plus de 150 vaccins sont actuellement en développement à travers le monde, dont cinq ont franchi le stade de phase 3, la dernière étape qui vise à vérifier l'efficacité du vaccin à grande échelle (essais sur 30.000 à 40.000 personnes), soit la dernière étape avant la demande d'autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché. La Russie a par ailleurs annoncé le 12 août dernier le « premier » vaccin contre le coronavirus baptisé Spoutnik V, sans que l'on ait la moindre idée de son efficacité réelle.
Vaccins : des taux d’efficacité très variables
Car c'est bien tout le problème : il ne suffit pas de développer un vaccin qui marche sur le papier, encore faut-il qu'il induise une réponse immunitaireréponse immunitaire suffisante et chez un grand nombre de patients. Et c'est loin d'être évident. Le vaccin contre la grippe, par exemple, a une efficacité très variable selon les années. En 2016, son taux d'efficacité n’a pas dépassé 20 % à 30 %, en raison d'une mutation inattendue de la souche dominante. Mais même en l'absence de mutation, il n'existe pas de vaccin protégeant à 100 % (le meilleur vaccin actuel étant celui contre la rougeole, qui offre une protection de 93 % à 98 %). Dans ce contexte, quelle devrait être l'efficacité d'un vaccin contre la Covid-19 pour enrayer l'épidémie ?
Le saviez-vous ?
Comment détermine-t-on l’efficacité d’un vaccin ? L'efficacité vaccinale est le pourcentage de réduction de la maladie attribuable à la vaccination. Il existe deux types de mesure : l’efficacité mesurée dans le cadre des essais cliniques randomisés (efficacy, en anglais) et celle prenant en compte les conditions réelles d’utilisation (effectiveness, en anglais). Cette dernière prend par exemple en compte la diminution de la protection avec le temps et l’éventualité d’une moindre protection chez certains sujets du fait de leur âge, de l’existence de comorbidités, de facteurs génétiques ou environnementaux. À l’inverse, l’efficacy sous-estime l’immunité collective conférée par le vaccin, qui entraîne une baisse de la circulation du virus dans la population et protège donc les personnes même quand elles ne sont pas vaccinées.
Un vaccin seul ne permettra pas un retour à la normale
Des chercheurs de la CUNY Graduate School of Public Health and Health Policy de New York ont effectué des simulations pour établir à partir de quelle efficacité le vaccin stopperait la propagation de la maladie. Selon leurs calculs, publiés dans l'American Journal of Preventive Medicine, l'efficacité du vaccin devra être d'au moins 60 % pour éteindre l'épidémie en cours dans le cas où 100 % de la population est vaccinée. Si la couverture vaccinale descend à 75 % (ce qui est plus probable), l'efficacité du vaccin devra alors atteindre 80 %.
On aboutit alors à une réduction du pic de 85 % si 5 % de la population est déjà immunisée, ou de 62 % si 15 % la population a déjà été exposée au virusvirus (le pic correspondant au nombre maximum de personnes qui auraient été infectées en l'absence de vaccin). « Tout cela suggère qu'un vaccin seul ne permettra pas un retour à la normale (affranchissement des gestes barrières et de la distanciation sociale), à moins d'un taux d'efficacité très élevé et d'une couverture vaccinale qui semble irréaliste », concluent les auteurs.
Vaccin contre le coronavirus : quelle efficacité sera jugée acceptable ?
« Cela ne veut pas dire pour autant qu'un vaccin avec une efficacité moindre (au-dessous de 80 %) ne serait pas utile, insistent cependant Bruce Y. Lee et ses collègues. L'objectif d'un vaccin est aussi de réduire l'engorgement du système de santé ». Les chercheurs ont ainsi calculé qu'un vaccin efficace à 40 % permettrait d'éviter 89,5 milliers de jours d'hospitalisation et 2,8 millions de personnes mises sous ventilationventilation artificielle. D'autre part, même s'il ne supprime pas entièrement l'épidémie, le vaccin peut être administré en priorité aux publics fragiles et ainsi éviter la plupart des cas graves et des coûts d'hospitalisation. Reste à savoir quel sera le seuil jugé « acceptable » par les autorités de santé pour délivrer une autorisation de mise sur le marché. La Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration américaine a prévenu qu'elle autoriserait un vaccin seulement si ce dernier montre une efficacité supérieure à 50 %.