La Haute Autorité de santé recommande l'injection de vaccin à ARNm aux personnes de moins de 55 ans ayant reçu une première dose d'AstraZeneca. Que sait-on des protocoles qui mélangent plusieurs vaccins ?

Le vaccin Vaxzevria d'AstraZeneca est uniquement administré aux plus de 55 ans depuis le 19 mars, suite à l'apparition de problèmes thromboemboliques qui concernent majoritairement la population jeune. Ces évènements indésirables sont aujourd'hui considérés comme un effet secondaire rare de ce vaccin. Mais avant que cette décision ne soit prise, 500.000 personnes de moins de 55 ans ont reçu une première dose de Vaxzevria. Elles ne sont pas suffisamment protégées contre la Covid-19, mais ne peuvent pas recevoir une seconde dose de Vaxzevria. 

Voir aussi

SANTÉ Vaccin anti-Covid : à quoi sert la deuxième injection ?

Pour résoudre ce problème, la Haute Autorité de santé recommande l'injection d'un « boost », ou seconde dose, d'un vaccin anti-Covid à ARNm, celui de Pfizer ou Moderna dans les 12 semaines suivant la première injection.

Le  « <em>prime-boost hétérologue</em> » consiste à injecter une formule vaccinale différente de celle de la primo-injection lors du rappel. © Kostiantyn, Adobe Stock
Le  « prime-boost hétérologue » consiste à injecter une formule vaccinale différente de celle de la primo-injection lors du rappel. © Kostiantyn, Adobe Stock

Le « prime-boost hétérologue », une méthode qui a fait ses preuves ?

La protection à l'issue de ce protocole, appelé « prime-boost hétérologue », et les réactions de l'immunité face à ce dernier ne sont pas connues dans le cas de la Covid-19, mais il a déjà fait ses preuves pour des vaccins en développement, notamment contre le VIH. En 2009, des scientifiques ont testé un protocole « prime-boost hétérologue » en Thaïlande. Selon leurs résultats, la vaccination est efficace à 26,4 % contre l'infection par le VIH chez des sujets sains, par apport au placebo

Plus récemment, la méthode a été testée par des scientifiques anglais pour élaborer un vaccin contre Ebola. Selon les résultats, la primo-injection d'un adénovirus de chimpanzé exprimant la glycoprotéine de la souche Zaïre du virus Ebola, suivie de l'injection d'un Poxviridae atténué qui exprime la même protéine. Les résultats indiquent que les injections sont bien tolérées et stimulent la réponse immunitaire cellulaire et humorale.

Dans le cas de la Covid-19, les Anglais ont déjà envisagé de mélanger les vaccins au mois de janvier dernier. Les autorités de santé publique du pays avaient déjà déclaré que les patients pouvaient recevoir une dose d'un autre vaccin, si celui injecté en premier n'était pas disponible. Que ce soit les vaccins Pfizer, Moderna ou AstraZeneca, ils ciblent tous le même antigène, la protéine S du virus, donc la seconde dose, même d'une marque différente, devrait renforcer la réponse immunitaire initiée par la première dose. Un essai clinique est d'ailleurs en cours en Angleterre pour tester plusieurs combinaisons de vaccins.

La Haute Autorité de santé recommande également de mettre en place des études de suivi de la réponse immunitaire des personnes ayant reçu deux vaccins différents, ainsi que l'apparition d'effets secondaires.