Certains effets secondaires des vaccins anti-Covid-19 sont bien réels, d'autres peuvent être dus à l'effet nocebo, le pendant négatif de l'effet placebo.


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    Avant même qu'ils ne soient disponibles sur le marché, les vaccins anti-Covid-19 inspiraient de la crainte à de nombreuses personnes, notamment à cause des effets indésirables qu'ils pourraient provoquer. Familles, amis et collègues ont tous discuté de leur état dans les jours qui ont suivi la première injection, puis la deuxième. Certains n'ont presque rien senti, juste une douleur au bras, alors que d'autres ont passé trois jours au lit, fatigués et courbaturés, voire fiévreux. La peur de faire une mauvaise réaction au vaccin est l'une des principales causes du refus de la vaccination chez une minorité de la population. 

    Pourtant, si les expériences de chacun sont réelles, leur lien avec les vaccins anti-Covid-19 n'est peut-être pas si évident. Dans les essais cliniques, le groupe ayant reçu un placeboplacebo inerte, une solution saline par exemple, a aussi expérimenté des effets indésirables. C'est ce que l'on appelle l'effet noceboeffet nocebo, le pendant obscur de l'effet placebo.

    Placebo et nocebo

    L'effet placebo est assez connu du grand public et largement étudié par les scientifiques. C'est quand une intervention neutre provoque chez le patient des effets positifs sur sa santé. Une meilleure humeur, plus d'énergieénergie, un bien-être amélioré. Les paroles rassurantes d'un médecin peuvent aussi avoir un effet placebo. Sans rien soigner, l'effet placebo peut tout de même améliorer l'état général du patient.

    L'effet nocebo est défini comme suit : un traitement inoffensif, qui lorsqu'il est administré, est associé à des effets négatifs ou une aggravation de certains symptômessymptômes en raison des attentes négatives du patient ou son état psychologique. Les deux phénomènes sont en grande partie psychologiques, mais induisent des symptômes réels : positifs pour l'effet placebo, négatifs pour le nocebo.

    La peur des vaccins pourrait-elle produire un effet nocebo ? © New Africa, Adobe Stock
    La peur des vaccins pourrait-elle produire un effet nocebo ? © New Africa, Adobe Stock

    76 % des effets secondaires post-vaccin d'origine psychosomatique

    Une méta-analyseméta-analyse parue dans Jama Network Open le 18 janvier 2022, a analysé la proportion d'effets secondaires attribuables à l'effet nocebo après l'injection des vaccins anti-Covid-19. Les scientifiques de l'école de médecine d'Harvard ont inclus 12 essais cliniques randomisés, menés sur des volontaires de plus de 16 ans, qui comprenaient un groupe « vacciné » et un groupe « placebo inerte » pour lesquels le suivi des effets secondaires était disponible dans les sept jours après l'injection.

    La proportion d'effets secondaires locaux et systémiques a été calculée pour le groupe vacciné et placebo pour cet ensemble de publication. Selon leur résultat, 35,2 % des personnes ayant reçu une primo-injection de placebo ont rapporté un effet secondaire systémique, le plus souvent fatigue et maux de tête ; 31,8 % après la seconde injection. 

    En comparaison, 46,3 % des personnes ayant reçu leur première dose de vaccin anti-Covid-19 ont rapporté le même type de symptômes ; et 61,4 % après la seconde dose.

    Les scientifiques ont ainsi déterminé que 76 % des effets secondaires systémiques qui apparaissent après la primo-injection d'un vaccin anti-Covid-19 sont attribuables à l'effet nocebo, et 51,8 % après la seconde dose.

    Des effets secondaires locaux bien réels

    L'effet nocebo rend la vaccination plus désagréable qu'elle ne l'est réellement. Tous les effets secondaires post-vaccinaux ne sont pas dus à notre appréhension ou angoisse face aux vaccins. Les réactions locales, elles, sont bien le résultat du vaccin et de sa formule qui active le système immunitairesystème immunitaire.

    Seuls 16,2 % des volontaires du groupe placebo ont rapporté un effet secondaire indésirable local après la première injection ; 11,8 % après la deuxième injection. Alors que 66,7 % des volontaires du groupe vacciné ont expérimenté une réaction locale après la première dose et 72,8 % après la deuxième. Ainsi, 24 % des effets secondaires locaux sont attribuables à l'effet nocebo après la primo-injection, 16,2 % après la deuxième.

    Tout n'est donc pas qu'une question de psychologie. Néanmoins, discuter avec le public de l'effet nocebo ou de la possibilité qu'aucun effet secondaire désagréable n'apparaisse pourrait avoir un effet bénéfique et limiter la survenue de symptômes non spécifiques, comme la fatigue et le mal de tête. « De plus, informer le public sur un potentiel effet nocebo pourrait aider à réduire les inquiétudes à propos des vaccins anti-Covid, ce qui pourrait réduire aussi l'hésitation vaccinale », concluent les auteurs de l'étude.