Depuis 2016, l’opération Mois sans tabac incite les fumeurs à écraser définitivement leur cigarette. Mais quel est l’impact économique et sanitaire de ces campagnes ? En maintenant cette stratégie jusqu’en 2050, l’étude de Santé publique France a évalué le nombre d'infections pulmonaires et de cancers qui pourraient être évités ainsi que les économies réalisées en dépenses de santé.
 


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    Depuis 2016, Mois sans tabac, piloté par Santé publique France, incite les fumeurs à arrêter, au moins les 30 jours de novembre. L'agence de santé a évalué ses impacts sanitaires et économiques potentiels si le dispositif était maintenu jusqu'à 2050. Résultats.

    Mois sans tabac est organisé chaque année depuis 2016, au mois de novembre. Vaste opération de santé publique, le dispositif incite les fumeurs à arrêter le tabac et les accompagne pendant les trente jours du mois de novembre. Trente jours ? Ce seuil correspond à une duréedurée après laquelle les symptômes de sevrage tabagique sont considérablement réduits, ce qui multiplie par cinq les chances d'arrêt définitif.

    Toutefois, l'opération est-elle réellement rentable, du point de vue sanitaire comme du point de vue économique ? Santé publique France, qui chapeaute chaque année l'événement, a estimé l'impact sanitaire et économique de cette campagne. Les résultats sont publiés ce mardi 12 novembre dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'agence de santé.

      Chaque euro investi fait économiser 7 euros de dépenses, confirmant la rentabilité et l’impact sanitaire positif de l'initiative Mois sans tabac. © sylv1rob1, Shutterstock.com
      Chaque euro investi fait économiser 7 euros de dépenses, confirmant la rentabilité et l’impact sanitaire positif de l'initiative Mois sans tabac. © sylv1rob1, Shutterstock.com

    Combien de cancers et d'infections respiratoires évités ?

    L'impact de Mois sans tabac a été calculé selon un modèle de microsimulation développé par l'OCDEOCDE. L'estimation a été obtenue en comparant les résultats d'un scénario statu quo - sans l'organisation de la campagne - et les résultats d'un scénario avec l'organisation du dispositif. Ainsi, si Mois sans tabac était maintenu tous les ans jusqu'en 2050, il permettrait d'éviter :

    • 241 000 cas d'infections respiratoires basses ;
    • 210 000 cas de troubles musculosquelettiques ;
    • 44 000 cas de bronchopneumopathies chroniques ;
    • 28 000 cas de cancers imputables au tabac ;
    • 18 000 cas de maladies cardiovasculaires ;
    • 8 000 cas de démencesdémences ;
    • 4 000 cas de diabètediabète.

    Combien d'années de vie récupérées ?

    « En outre, cette opération permettrait de gagner 12 années de vie et 17 années de vie corrigées de l'incapacité pour 100 000 habitants chaque année », note Santé publique France. Soit, au total, « 107 000 années de vie et 149 000 années de vie corrigées de l'incapacité ». 

    Côté finances, alors que l'opération a coûté 12,5 millions d'euros annuels en moyenne sur la période 2016-2021, elle permettrait d'économiser 94 millions d'euros par an en dépenses de santé. Ainsi, pour 1 euro investi, ce sont 7 euros économisés.

    Le tabac reste la première cause de mortalité évitable avec 75 000 décès attribuables en 2015 en France, soit 13 % de l'ensemble des décès. En 2022, la consommation de tabac restait élevée en France avec 24,5 % de fumeurs chez les 18-75 ans. Sur la période 2016-2020, on estime que plus de 2 millions de tentatives d'arrêt du tabac peuvent être directement attribuable à l'opération Mois sans tabac.