Malgré son succès confirmé au Royaume-Uni, la politique d'augmentation régulière des prix du tabac décourage-t-elle vraiment les fumeurs en France ?  Les Français sont sceptiques quant à son efficacité et à l'objectif de voir naître une « première génération sans tabac ». Cependant, les chiffres officiels montrent une baisse du tabagisme, en particulier chez les jeunes. L'OMS rappelle que des millions d'adolescents dans le monde consomment encore du tabac.


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    Augmenter régulièrement le prix du tabac pour dissuader les fumeurs, mais aussi les plus jeunes générations. C'est l'une des politiques mises en place par de nombreux pays pour faire baisser le tabagisme. Mais cela fonctionne-t-il vraiment ? Si une étude britannique a récemment confirmé le succès d'une telle mesure, les Français se disent, eux, peu convaincus par son bien-fondé et son impact sur la consommation. Et ils ne se montrent pas plus optimistes quant à la création de la « première génération sans tabac », un objectif qu'ils jugent irréalisable.

    Axée cette année sur les jeunes, la Journée mondiale sans tabac vise à les « protéger de l'ingérence de l'industrie du tabac », comme l'a fait savoir l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) : une action qui passe par une sensibilisation aux méfaits de cette addiction et qui vise également à tout entreprendre pour que les enfants et adolescents ne s'initient pas à la cigarette.

    Dans de nombreux pays à travers le monde, dont le Royaume-Uni, l'Australie et la France, cela passe par une politique d'augmentation continue des prix du tabac. Une mesure à laquelle ne croit pas la population tricolore, au regard d'un sondage* réalisé par la solution d'épargne Yomoni dans le cadre de cette Journée internationale.

     Les trois quarts des Français pensent que la hausse du prix des paquets de cigarettes ne décourage pas les fumeurs et les jeunes générations, d'après un sondage. © Stephan Böhm, Adobe Stock
     Les trois quarts des Français pensent que la hausse du prix des paquets de cigarettes ne décourage pas les fumeurs et les jeunes générations, d'après un sondage. © Stephan Böhm, Adobe Stock

    L'augmentation des prix du tabac n'a aucune influence

    Près des trois quarts des sondés (72 %) -- des Français âgés de 18 ans et plus, fumeurs et non-fumeurs -- estiment que la hausse des prix des produits du tabac n'aura aucune influence sur la baisse du tabagisme dans le pays. Un chiffre qui grimpe à 76 % pour les fumeurs et qui baisse à 68 % pour les non-fumeurs. Seulement 11 % de l'ensemble du panel considèrent que cette mesure peut « totalement » freiner la consommation de tabac, et 17 % pensent qu'elle peut se révéler efficace « mais seulement en partie ».

    Notons toutefois qu'une récente étude menée auprès d'un échantillon d'environ 1 700 adultes en Angleterre, fumeurs ou anciens fumeurs, a montré que la proportion de tentatives d'arrêt du tabac motivées par le coût de ce dernier avait significativement augmenté depuis la crise sanitairecrise sanitaire. « Depuis 2020, l'Angleterre a connu une période d'instabilité sociétale importante, provoquée principalement par la pandémie de Covid-19, qui pourrait avoir déclenché des changements dans les raisons invoquées par les fumeurs pour arrêter le tabac », expliquaient alors les chercheurs.

    À quand cette « première génération sans tabac » ?

    En France, le Programme national de lutte contre le tabagisme (PNLT) 2023-2027 vise notamment à protéger les générations les plus jeunes des méfaits du tabac avec des mesures fortes. L'objectif : rendre les produits du tabac moins accessibles et moins attrayants pour l'ensemble de la population, et notamment les adolescents et jeunes adultes. Mais plus largement, le gouvernement entend « bâtir la première génération sans tabac à l'horizon 2032 ». Là encore, les Français se montrent sceptiques. Au regard du sondage, plus de neuf répondants sur dix (94 %) estiment que c'est irréalisable, dont 96 % des fumeurs et 91 % des non-fumeurs.

    Les Français, et notamment les jeunes, fument de moins en moins

    Le pessimisme de la population doit toutefois être mis en parallèle avec les chiffres officiels. Et ces derniers sont formels : les Français, et notamment les jeunes, fument de moins en moins. D'après les dernières données du Baromètre de Santé publique France, publiées en mai 2023, le tabagisme quotidien est passé de 28,6 à 24,5 % entre 2014 et 2022 chez les 18-75 ans, tandis que la consommation des fumeurs quotidiens a été réduite de 13,5 à 12,6 cigarettes par jour en moyenne. Le constat est encore plus parlant chez les jeunes : le tabagisme quotidien est passé de 32,4 % en 2014 à 15,6 % en 2022 chez les Français âgés de 17 ans. Et cette tendance baissière est également significative en matièrematière d'expérimentation, passant de 68,4 % en 2014 à 46,5 % en 2022.

    Une tendance baissière mais encore 37 millions d'enfants accros au tabac

    Si nombre d'associations réclament aujourd'hui davantage d'efforts, dont des hausses de prix encore plus dissuasives, ces chiffres témoignent, au moins partiellement, des effets engendrés par les mesures prises au cours de ces dernières années. À l'occasion de l'édition 2024 de la Journée mondiale sans tabac, l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé (OMS) rappelle toutefois que 37 millions d'adolescents âgés de 13 à 15 ans consomment encore du tabac dans le monde, dont 4 millions dans la région européenne de l'autorité sanitaire.

    *Enquête réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1 002 personnes résidant en France, âgées de 18 ans et plus. Sondage effectué en ligne en mai 2024 à partir du panel de répondants BuzzPress (27 200 personnes en France sondées électroniquement par email et sur les réseaux sociauxréseaux sociaux FacebookFacebook et LinkedIn).