Les sachets de nicotine très prisés des jeunes sont-ils le prochain scandale sanitaire ? Derrière des stratégies marketing agressives et controversées, l’industrie du tabac promeut ces « pouches », véritables concentrés addictifs aux effets délétères. Un rapport accablant dévoile des taux illégaux et l’ahurissante présence de substances toxiques. Ses auteurs demandent leur interdiction immédiate.
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Selon des analyses menées par l'INC/60 Millions de consommateurs en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT), les pouches contiennent jusqu'à 5 métauxmétaux lourds différents dont des fortes doses d'arsenicarsenic, cancérogène avéré. Les teneurs en nicotine, très élevées, peuvent aussi induire une dépendance, surtout chez les jeunes.
Les pouches sont des sachets de nicotine perméable, sans tabac, mais contenant des fibres de polymèrespolymères imprégnées de nicotine. Il faut les placer entre la lèvre et la gencive pour une diffusiondiffusion de la substance à travers la muqueuse buccogingivale. Déjà dans le viseur du gouvernement qui souhaitait les interdire - décision qui devrait être retardée après la censure du gouvernement Barnier -, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) et l'Institut national de la consommation (INC)/60 Millions de consommateurs, se sont penchés sur le contenu de différents sachets, tous vendus en France actuellement.
Résultats : de l'arsenic a été retrouvé dans l'ensemble des références testées, entre 0,04 μg et 0,59 μg, soit jusqu'à 6,5 fois les quantités d'arsenic présentes dans une cigarette. Cancérogène avéré, l'arsenic accroit le risque de cancer du foie, des reins, de la peau et des poumonspoumons principalement. Il est aussi fortement irritant pour les voies respiratoires, et toxique en cas d'ingestioningestion.
Une volonté de cibler les jeunes
Les analyses ont également révélé la présence d'autres métaux lourds : du plombplomb qui présente des effets délétères à long terme chez l'adulte (risque d'hypertensionhypertension, de troubles cardiovasculaires et de lésions rénales), de l'antimoineantimoine (classé comme probablement cancérogène) et du formaldéhyde, une substance toxique et corrosive.
L'étiquetage n'est pas fiable, avec des teneurs en nicotine systématiquement mensongères par rapport aux teneurs réelles dans le produit. En outre, « les teneurs réelles des sachets de nicotine analysés peuvent aller jusqu'à 38,9 mg/g, soit près de dix fois plus que les substituts nicotiniques (gommes) vendus en pharmacie, limités à 4mg/ ». Ce qui fait de ces produits « des vecteurs de dépendance à la nicotine, notamment auprès des jeunes ».
“Preuve supplémentaire de cette volonté de cibler les plus jeunes, la présence de sucre en très grande quantité, notamment de sucralose et de xylitol”
Preuve supplémentaire de cette volonté de cibler les plus jeunes, la présence de sucresucre en très grande quantité, notamment de sucralose et de xylitolxylitol. « Le pouvoir sucrant du sucralose est plus de 600 fois supérieur à celui du saccharosesaccharose, signifiant que ces références ont un goût aussi sucré que s'ils contenaient 78 % et 137 % de sucre de table ».
Vers une interdiction immédiate ?
Ces résultats s'ajoutent à liste de griefs déjà longue :
- des informations en langue étrangère et un autocollant en français apposé sur le sachet ; une pratique interdite ;
- une publicité illégale sur les réseaux sociauxréseaux sociaux et chez les buralistes ;
- l'âge des acheteurs n'est pas systématiquement vérifié lors de l'achat ;
- les sachets sont vendus en France sans déclaration préalable alors que les sachets de nicotine ne disposent pas d'autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché et n'appartiennent pas à la catégorie des exceptions concernant les produits à la nicotine autorisés.
Dans une lettre commune au Premier ministre et au ministre de la Santé, l'INC/60 Millions de consommateurs se joint au CNTC pour demander l'interdiction explicite et immédiate des sachets de nicotine.
Les 12-17 ans sont les principales victimes
En 2023, l'Agence nationale de Sécurité sanitaire alertait sur une augmentation des appels vers les centres antipoison pour intoxication, dont les 12-17 ans étaient les principales victimes. « Ces adolescents ont présenté des syndromessyndromes nicotiniques aigus parfois sévères : vomissements prolongés avec risque de déshydratationdéshydratation, convulsionsconvulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire », relayait l'AnsesAnses.
Elle pointait également le risque d'une dépendance à moyen et long terme. « L'émergenceémergence rapide des sachets de nicotine sur le marché, rendus très attrayants pour les jeunes, appelle à la vigilance. Il est indispensable de mettre en place un cadre réglementaire pour ces produits qui n'ont pour le moment aucun statut clair et qui ne bénéficient d'aucun contrôle », recommandait alors Cécila Solal, coordinatrice du bilan mené auprès des centres antipoison.